Lors d’une réunion tenue le 13 décembre 2021, la direction de Renault aurait annoncé son intention d’implanter des bureaux d’études en Roumanie et en Espagne, spécialisés dans les moteurs thermiques et hybrides rechargeables. Cette délocalisation, prévue pour 2025, menacerait directement le site de Lardy, dans l’Essonne.
Mises en garde de l’exécutif
En octobre dernier déjà, le président de la République reprochait déjà aux constructeurs français la désastreuse situation du secteur automobile tricolore. « Les trente dernières années ont été cruelles pour l’industrie automobile française. C’est le fruit de stratégies non coopératives entre les acteurs de l’industrie eux-mêmes. Ils ont une énorme responsabilité dans cette situation. Quand les acteurs décident de ne pas coopérer, eux-mêmes délocalisent ; et vous avez à peu près le résultat de l’industrie automobile française, qui a détruit beaucoup d’emplois », dénonçait Emmanuel Macron.
Plus récemment, le 7 janvier dernier, Bruno Le Maire dénonçait le manque de solidarité des industriels français. « C’est de la désertion industrielle ! Produire à l’étranger pour gagner un centime par pièce, c’est un modèle indéfendable. Les capitaines d’industrie ont préféré naviguer en dehors de nos eaux territoriales », tonnait le ministre de l’Economie.
Inquiétude des salariés
La nouvelle de cette délocalisation, prévue pour 2025, suscite des questions quant à l’avenir du site de Lardy. « La direction s’est engagée à ne pas fermer d’usines en France jusqu’à fin 2024, mais après ? Selon nos estimations, les deux tiers des salariés du site seraient menacés par leurs projets de délocalisation. Ils veulent réduire les budgets développement et implanter les emplois dans des pays à bas salaires, mais cela va avoir des conséquences sociales et environnementales », alerte Florent Grimaldi, de la CGT.
« Nous sommes intervenus auprès de la direction pour dire que c’est inacceptable ! ajoute Jean-François Nanda, de la CFDT. Nous venons de subir deux RCC (ruptures conventionnelles collectives) coup sur coup. On ne peut pas continuer comme ça. Nous sommes d’accord évidemment pour que se fasse la transition écologique, mais ça ne doit pas se faire au détriment de l’emploi. »