Probable fermeture du quotidien algérien « Liberté »

Liberté, Algérie

Mercredi 6 avril, le milliardaire algérien Isaad Rebrab a annoncé la liquidation de l’entreprise éditrice du journal Liberté, le premier quotidien algérien francophone. L’homme aurait pu subir des pressions du gouvernement. 

Retraite ou censure ?

La fermeture de Liberté est « motivée par des raisons personnelles », assure un proche du milliardaire. « Issad Rebrab est fatigué. C’est un homme âgé, il a 78 ans. Il veut mettre de l’ordre dans ses entreprises, avant de quitter définitivement de la vie publique et prendre sa retraite  », explique cette même source, assurant que la fermeture du journal était « envisagée de longue date ».

Mais pour le journaliste politique Ali Boukhlef, les raisons de la fermeture ne seraient pas si simples. «  La ligne éditoriale du journal, son ton critique et son indépendance dans le choix du contenu dérangent les autorités. En représailles, celles-ci exerceraient des pressions sur l’homme d’affaires pensant, à tort, qu’il intervient dans les choix éditoriaux du journal, ce qui est totalement faux ! », avance monsieur Boukhlef. « D’autant plus que la situation financière du journal n’est pas du tout menacée. L’entreprise est viable », argumente-t-il.

Liberté menacée 

Un collectif d’écrivains algériens, parmi lesquels Yasmina Khadra, Boualem Sansal et Kamel Daoud, ont fait part de leur inquiétude dans un communiqué commun  : «  La disparition de Liberté serait une immense perte pour le pluralisme médiatique, un coup dur pour les acquis démocratiques arrachés de haute lutte et de sacrifices. Une grande perte pour le pays  ».

Mais au-delà de la liberté d’expression, c’est ici la francophonie qui est directement menacée. « La disparition de Liberté, un journal d’expression française, aura sans doute des conséquences sur le lectorat francophone qui compte des milliers de locuteurs. À travers sa fermeture, c’est la francophonie qui perdrait un espace privilégié d’échange et d’expression de langue française », prévient le sociologue Rabeh Sebaa.