Le traitement curatif de Pfizer ne trouve pas preneur chez les malades, malgré un intérêt thérapeutique certain. Seulement 1% des 500 000 doses commandées par l’État ont été administrées depuis fin décembre.
Vraie solution
Pour Yvanie Caillé, membre du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale et fondatrice de l’association Renaloo (soutien aux personnes atteintes de maladies rénales) la réticence farouche des patients à utiliser le Paxlovid, malgré un fort rebond épidémique, est une vraie « déception ».
« Les derniers patients qui décèdent du Covid ou finissent en réa sont des personnes vulnérables. Le Paxlovid – mais aussi les anticorps monoclonaux – devrait être plus largement utilisé pour les personnes fragiles », déplore madame Caillé.
Méfiance légitime
Mais le Paxlovid a aussi de nombreux détracteurs. Parmi eux, Jacques Battistoni, président de MG France, premier syndicat de médecins généralistes, affirme que les raisons de cette méfiance sont multiples.
« D’abord, ce médicament est arrivé en période de décrue de la cinquième vague. On a eu le sentiment qu’il était arrivé un peu tard, explique le médecin. Les contre-indications liées aux interactions avec d’autres traitements, par exemple pour les personnes dialysées, font que la cible éligible reste relativement étroite ». Sans oublier qu’« on n’a que quelques mois de recul sur ce traitement, ce n’est pas une aspirine ou un Doliprane », pointe-t-il.
Soucis pratiques
Les consignes entourant l’administration du médicament posent également problème. « La lourdeur de la procédure, qui fait que les médecins doivent se connecter sur une plateforme Pfizer et remplir tout un dossier avant de savoir si le patient est éligible ou non, est un peu décourageante », explique Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français.
Et « quand certains médecins omettent de passer par ce canal, on doit leur renvoyer les patients. Or, vu le délai de cinq jours pour administrer le médicament, cela coince parfois », ajoute Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine.