Alors que tout est mis en œuvre pour accueillir les étudiants ukrainiens, les étudiants d’origine africaine fuyant eux aussi la guerre en Ukraine ne reçoivent pas le même traitement de faveur.
Violences durant le voyage
« Les bombes ont commencé à tomber. Par instinct de survie, j’ai quitté le pays à pied et marché des kilomètres. Arrivé à la frontière, on m’a demandé de faire demi-tour au motif que j’avais perdu mon passeport durant le périple. Mais j’ai réussi à franchir la frontière en déposant mes empreintes », témoigne Deyve, congolais de 31 ans étudiant en médecine.
Ensuite « nous avons été plusieurs à pouvoir attraper un train, mais à la vue du nombre d’Africains présents à bord, les autorités lui ont fait faire machine arrière. Un autre train rempli de militaires a alors accepté de nous transporter, mais nous avons dû rester debout douze heures durant, pratiquement sans nourriture », abonde Michel, étudiant en pétrochimie.
« À la gare, ils nous ont parqués dans les wagons à bagages, sans chauffage, alors que les Ukrainiens occupaient des voitures classiques. Arrivée à la frontière polonaise, on m’a frappée pour m’empêcher de passer. Je n’ai jamais vécu une telle violence raciste », déplore Nana, étudiante en médecine de 26 ans.
Injustice en France
Mais une fois l’enfer du voyage terminé, le calvaire des étudiants africains n’est pas terminé. Ils ont beau être logés et nourris, la différence de traitement avec les étudiants ukrainiens reste flagrante, et révoltante.
« Je laisse mon numéro partout pour demander de l’aide ou une inscription dans une autre université, mais on ne me rappelle jamais, se lamente Kimi, 27 ans, étudiante en pharmacie. Les Ukrainiens, on s’occupe bien d’eux pourtant. Moi, je vis dans le stress tous les jours. Qu’aurait-il fallu faire ? Me marier avec un Ukrainien pour obtenir des papiers ? C’est hors de question. »
« J’ai l’impression que la France ne veut pas de nous. À la préfecture, on nous laisse entendre que nous serions ici pour profiter de la situation, c’est traumatisant », abonde Nana.