La presse iranienne proche du pouvoir a manifesté son soutien à celui qui a tenté d’assassiner Salman Rushdie vendredi 12 août, dans l’Etat de New York. L’écrivain britannique d’origine indienne, touché au ventre et au cou, est dans un état grave. Il pourrait perdre un œil.
« Bravo à cet homme courageux »
La presse iranienne a tenu à féliciter l’homme ayant répondu à la fatwa prononcée par l’ayatollah Khomeini le 14 février 1989. Celle-ci appelait « tous les musulmans zélés du monde à exécuter rapidement, où qu’ils se trouvent, » Salman Rushdie et ses éditeurs.
« Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie », a par exemple écrit le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan. « Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l’ennemi de Dieu avec un couteau », ajoute le journal. L’« homme courageux » en question, Hadi Matar, est un chiite d’origine libanaise de 24 ans, admirateur de l’ancien chef suprême de la Révolution, l’Ayatollah Khomeyni.
Le quotidien Iran, journal officiel du régime de Téhéran, a de son côté clamé que « le cou du diable » avait été « frappé par un rasoir ».
Lien avec le JCPoA ?
Pour certains, l’attentat pourrait avoir un lien avec l’accord sur le nucléaire iranien (JCOoA, pour Joint Comprehensive Plan of Action). « Je ne verserai pas de larmes pour un écrivain qui dénonce avec une haine et un mépris infinis les musulmans et l’islam », prévient Mohammad Marandi, conseiller au sein de l’équipe iranienne de négociateurs pour l’accord. « Rushdie est un pion d’empire qui se pose en romancier postcolonial ».
« N’est-il pas étrange que, alors que nous approchons d’un potentiel accord sur le nucléaire, les États-Unis prétendent qu’une attaque sur Bolton (ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche) était prévue… et que cela se produise ensuite ? », interroge le diplomate.