Le 21 juillet dernier, La Poste a annoncé la suppression du timbre rouge pour les courriers prioritaires. Il sera remplacé à partir du 1er janvier 2023 par une e-lettre envoyée depuis laposte.fr, qui sera imprimée le lendemain dans une plateforme de tri avant d’être distribuée dans une enveloppe estampillée rouge.
Usage réduit
Ce changement permettra à La Poste de « mieux répondre aux nouveaux usages des clients », le nombre de lettres prioritaires envoyées ayant drastiquement diminué en vingt ans. « Les ménages envoyaient 45 lettres prioritaires par an en 2010 », contre « seulement cinq en 2021 », assure La Poste.
Toutefois, selon le syndicaliste Eddy Talbot (SUD PTT), la réduction des ventes de timbres rouges ne vient pas d’un désintéressement des usagers, mais plutôt de la difficulté de s’en procurer dans les lieux de vente habituels (bureaux de poste, de tabac, …). « On l’a supprimé de manière drastique, explique le syndicaliste. C’est pour cela qu’il y a une baisse globale du trafic urgent : il s’est reporté vers le timbre vert. C’est une politique volontariste et concertée. Les buralistes avaient un pourcentage supplémentaire s’ils privilégiaient la vente du timbre vert. Sans compter que les tarifs du timbre rouge n’ont cessé d’augmenter ».
Fausse bonne idée
« La société va de plus en plus vite, mais on ralentit volontairement le courrier. Plus l’acheminement va être long, plus les gens vont s’en détourner ! », s’inquiète Romain Boillon, de la FAPT CGT.
Or, le tout-numérique prôné par La Poste a de quoi préoccuper. « En cas de difficulté, on ne propose pas de venir au bureau de poste. Ce tout-numérique est inacceptable, il n’y a pas de plan B. Cette e-lettre dénote un aveuglement sur la fracture numérique en France, qui concerne 14 millions de personnes. Ils vont devenir des sous-citoyens, coupés d’un service de courrier urgent. 12 % des Français n’ont pas d’ordinateur ni de tablette. Ce timbre est un élément constitutif de notre vie citoyenne. Sans une plus grande accessibilité de l’ensemble des services publics, on va droit dans le mur », prévient Romain Boillon.