La grande différence de prix avec les magasins classiques l’a finalement emporté sur la mauvaise réputation qu’avaient les magasins discount, si bien qu’aujourd’hui tout le monde défile dans leurs rayons. Y compris ceux qui se soucient le plus de leur image.
Prix imbattables
A quoi bon s’agripper à une image, si celle-ci va à l’encontre de la logique des prix ? C’est sûrement le constat qu’on fait nombre de clients ayant renoncé à leurs vieilles habitudes (et leurs vieux magasins). « Il y a les mêmes produits ici qu’ailleurs, et pour moins cher », affirme une cliente déambulant dans les rayons de l’Aldi des Ternes, dans le 17ème arrondissement de Paris. « Au moins, tu ne paies pas ton tzatziki quatre balles », abonde un jeune père de famille faisant lui ses courses au Lidl des Épinettes, aussi dans le 17ème.
« Dans le supermarché en bas de chez moi, quand j’achète trois ingrédients pour une salade composée, c’est 12 euros minimum. Chez Lidl, je remplis un gros sac à dos et j’en ai pour 25-30 euros ! », témoigne une jeune étudiante parisienne. « Ça me pousse encore plus à venir. On est pris à la gorge. Avec un seul salaire, une famille de six ne peut pas tout se permettre en ce moment … », approuve Gwenann, mère au foyer de 44 ans originaire de Bretagne.
Tout de même un coût
Même s’ils sont rentables en termes de prix, les magasins discount ont tout de même un coût pour ces clients peu habitués à attendre et se déplacer loin de chez eux. « J’habite dans le même arrondissement, mais le 15e, c’est grand. Donc je marche, puis je prends le bus », explique Gwennan.
« Je ne vais au Lidl de Strasbourg Saint-Denis que lorsque j’ai le temps, car je dois prendre le métro. Je fais cet effort parce qu’il y a une différence flagrante dans le prix que je paie à la caisse », abonde notre étudiante. « Près de chez moi, c’est beaucoup plus cher. Ici, j’ai l’impression de faire des affaires », plaisante une octogénaire vivant près de l’Étoile, qui n’hésite pas à marcher jusqu’à l’Aldi des Ternes.
Et outre la distance à parcourir, il y a aussi la file d’attente en caisse, « bien plus longue qu’ailleurs », assure le même père de famille. « En début de mois, c’est la folie, il y a des queues anarchiques jusqu’au fond du magasin », abonde une autre cliente.
Sans oublier des rayons parfois moins bien garnis. « Je ne trouve pas toujours de beurre salé, c’est dur pour moi qui suis bretonne », plaisante Gwenann.
Craintes liées à l’image
Mais bien que le prix les attire, certains passent quand même la porte à reculons. « Au début, cette réputation me freinait, avoue Gwennan. Mais depuis quelques années, je vois bien que tous les publics fréquentent Lidl ».
« Autour de moi, avant, on me disait : ‘Lidl, c’est pour les pauvres’. Eh bien maintenant, les gens ont changé d’avis ! Moi, je ne suis pas pauvre, et j’y vais », se rassure une cliente, la soixantaine.
« J’ai un peu honte : on est classés comme riches par les impôts, mais on se retrouve quand même à économiser 25 centimes sur un paquet de pâtes… », témoigne une autre cliente. Mais honte de quoi au juste ?