Le Qatar veut montrer patte blanche 

mondial, morts

Les autorités qataries sont récemment revenues sur les polémiques entourant le mondial, admettant certains chiffres, mais refusant d’endosser l’entière responsabilité des faits leur étant reprochés. 

400 à 500 morts

Lundi 28 novembre, lors d’une interview donnée au présentateur britannique Piers Morgan, le directeur de la coupe du monde 2022 au Qatar, Hassan al-Thawadi, a donné une nouvelle estimation officielle du nombre total de migrants morts entre 2010 et 2022 sur les chantiers du mondial, reconnaissant le décès de « 400 à 500 travailleurs migrants ».

Parmi les décès, monsieur al-Thawadi distingue les migrants morts lors de la construction des stades, et ceux décédés lors de la construction d’autres infrastructures. Selon lui, trois migrants sont morts en construisant les stades de football, et trente-sept autres, qui travaillaient aussi sur les stades, sont morts mais en dehors de leurs heures de travail. « Nous avons toujours été transparents là-dessus », assure l’organisateur, ajoutant qu’au total « 400 ou 500 migrants » étaient décédés sur l’ensemble des chantiers. 

Hassan al-Thawadi a d’ailleurs admis que certaines critiques concernant les travaux avaient été « constructives », permettant à son pays « de dialoguer et de s’améliorer en discutant avec des partenaires », mais que la plupart n’avaient été que de la « désinformation ».

Quid des discriminations

Interrogé sur les brassards de soutien aux personnes LGBT que certains joueurs souhaitaient porter, le dirigeant a admis que ce genre de manifestations « le dérangeaient car elles sont dirigées contre le Qatar, même si d’autre part cela ne le dérangeait pas que des Européens fassent ce type d’actions en Europe ». « Tout le monde pouvait venir avec sa culture au Qatar pour échanger avec toutes les cultures pendant le mondial avec un respect mutuel », a-t-il ajouté. 

D’ailleurs, « les homosexuels sont les bienvenus comme tout le monde au Qatar pour visiter le pays comme pour y vivre », mais « l’affichage en public » n’est pas autorisé, rappelle Hassan al-Thawadi. Cette différence avec l’occident tient au fait que vos valeurs sont « focalisées sur les droits individuels » alors que les nôtres sont « focalisées sur les valeurs religieuses ». Mais cette Coupe du monde prouve que « nous pouvons trouver un moyen de coexister », insiste-t-il.

« Première Coupe du monde organisée dans le monde arabe »

Passant vite sur les points négatifs, Hassan al-Thawadi a ensuite insisté sur l’opportunité que représentait ce mondial. Nous sommes « très fiers d’accueillir cette Coupe du monde », s’est-il félicité. « Quand vous regardez les gens dans la rue, venant du monde entier et le spectacle donné sur les terrains de football, c’est phénoménal. Il s’agit de la première Coupe du monde organisée dans le monde arabe, les victoires de l’Arabie saoudite contre l’Argentine et du Maroc contre la Belgique ont été incroyables pour tout le monde ici ».

Selon le directeur, l’événement a d’ailleurs poussé le Qatar a fait évoluer son droit du travail, grâce notamment au soutien d’organisations syndicales allemandes et suisses. « Je pense que le besoin de réformes était nécessaire. Ces réformes n’ont pas été faites uniquement parce que nous devions organiser la Coupe du monde, ce sont des progrès que nous devions réaliser avant même d’avoir obtenu la Coupe du monde en 2010 », affirme monsieur al-Thawadi, reconnaissant tout de même que le mondial était un « catalyseur ayant permis d’accélérer ces réformes ».