nucléaire, Moscou, Biélorussie
International

Samedi 25 mars, Vladimir Poutine a annoncé que Moscou allait déployer des armes nucléaires « tactiques » sur le territoire de Minsk. Un juste retour des choses, selon le président russe.

Réaction logique

Pour Vladimir Poutine, « il n’y a rien d’inhabituel ici  : les États-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés ». « Nous avons (simplement) convenu de faire de même », explique-t-il.

« Nous avons déjà aidé nos collègues bélarusses et équipé leurs avions sans violer nos engagements internationaux en matière de non-prolifération des armes nucléaires. Dix avions sont prêts à utiliser ce type d’arme », a ajouté Vladimir Poutine. « À partir du 3 avril, nous commençons à former les équipages. Et le 1er juillet, nous terminerons la construction d’un entrepôt spécial pour les armes nucléaires tactiques sur le territoire de la Biélorussie ».

« Otage nucléaire »

Côté ukrainien, cette décision inquiète autant qu’elle surprend. « Le Kremlin a pris la Biélorussie comme otage nucléaire », estime le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Oleksiï Danilov. 

Mais selon le responsable ukrainien, cette décision pourrait surtout desservir la Russie. Ce déploiement « maximise le niveau de perception négative et de rejet public de la Russie et de M. Poutine dans la société bélarusse », assure Oleskïï Danilov, selon qui cette décision est un « pas vers la déstabilisation interne du pays ».

voile, Iran
InternationalSociété

De nombreux hommes iraniens, principalement étudiants et pharmaciens, ont décidé de défier le pouvoir des mollahs et de soutenir les femmes en se prenant en photo avec un foulard sur la tête, et en postant les clichés sur internet.

« Ridiculiser le régime »

Pour dénoncer l’« absurdité » et « l’injustice » de la règle issue de la révolution islamique et obligeant les femmes à porter le voile « depuis plus de quatre décennies », de nombreux hommes « publient des photos d’eux avec un voile », explique sur son compte Twitter Farid Vahid, co-directeur de l’Observatoire du Nord et du Moyen-Orient et de la Fondation Jean Jaurès.

Certains étudiants sont même allés jusqu’à se rendre « à l’université en portant le voile » pour afficher leur « solidarité » à leurs camarades, et protester contre « le code vestimentaire » en vigueur. Ils cherchent à « ridiculiser le régime », se réjouit Farid Vahid.

« Les droits de l’homme sont une question mondiale »

« Les hommes iraniens se moquent de cet ordre et soutiennent leurs collègues féminines en portant le hijab », se félicite sur son compte Twitter la journaliste et activiste Masih Alinejad. Un avis partagé par bon nombre d’internautes. « Fiers de nos hommes qui se sont tenus à nos côtés dans la lutte pour la liberté #MahsaAmini », peut-on lire en commentaire.

J’appelle « les pharmaciens internationaux à soutenir leurs collègues iraniens », poursuit Masih Alinejad, qui rappelle que « de nombreuses femmes ont perdu leur emploi pour le crime d’avoir résisté aux lois sur le port obligatoire du hijab. Les droits de l’homme sont une question mondiale. Montrez votre solidarité ».

Laurent Berger, 49-3
Société

Contrairement à son habitude, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s’est montré plutôt conciliant vis-à-vis des violences commises lors des manifestations contre la réforme des retraites. Le responsable semble plus inquiet par l’emploi par le gouvernement de l’article 49.3 de la constitution. 

« Incroyable et dangereux »

« Je ne cautionne jamais la violence. Après, peut-être que ce sera une conséquence malheureuse face au mépris auquel nous nous heurtons », a tout d’abord déclaré Laurent Berger. En effet, « le débat n’a pas eu lieu à l’Assemblée nationale et il a été accéléré au Sénat, alors que ce dernier a l’habitude d’aller au bout des textes dans une ambiance sereine. Dans ce contexte, adopter cette réforme grâce au 49.3 est impossible », estime le leader syndical.

« Adopter via cette procédure hâtive une réforme à la fois très impactante pour la vie de dizaines de millions de gens, injuste de notre point de vue et mal bricolée, ce serait une forme de vice démocratique, ajoute monsieur Berger. Que la fin de l’histoire soit un 49.3, ça me paraît incroyable et dangereux».

« Contestation massive, profonde et durable »

« Si le Parlement vote le texte, mais c’est loin d’être fait, il faudra en prendre acte », admet-il, rappelant tout de même que «  quoi qu’il en soit, le monde du travail en entier rejette cette réforme». « La détermination qui s’exprime dans la rue est en train de se transformer en colère », insiste Laurent Berger, selon qui « la contestation du monde du travail est massive, profonde et durable ».

« Ce n’est pas parce que ce texte serait adopté que les gens vont se dire:  On passe à la séquence suivante. Ça, c’est ce que les technos qui conseillent le gouvernement croient. Et ils se trompent », poursuit le responsable. « Si la loi est adoptée sans tenir compte de l’expression du mouvement social, on ne se retrouvera pas, le lendemain matin, en train de discuter comme si de rien n’était», rappelle-t-il. 

TikTok, USA, UE
EconomieInternationalSociété

Aux Etats-Unis comme en Europe, le réseau social chinois TikTok, accusé de corrompre la jeunesse, est dans le collimateur des autorités. Il pourrait être tout bonnement interdit aux Etats-Unis, et fortement restreint en Europe.

« Les risques évoqués sont réels »

« TikTok est un cheval de Troie moderne du Parti communiste chinois pour surveiller les Américains et exploiter leurs informations personnelles », clamait récemment Michael McCaul, président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants. 

« La Chine répand TikTok chez les jeunes occidentaux, comme l’Occident répandait l’opium chez elle au XIXe  siècle », abonde Arthur Grimonpont, ingénieur, consultant et essayiste.

« La politique américaine se construit contre une puissance ennemie, hier l’Union soviétique, aujourd’hui la Chine. La narration sur le péril chinois monte en puissance. Et les risques évoqués sont réels », confirme, enfin, Asma Mhalla, spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques du numérique.

L’UE plus nuancée

Côté européen, les avis sont moins tranchés. « À ce stade, je n’ai pas d’éléments qui pourraient conduire le gouvernement à prendre des décisions spécifiques à TikTok », estime par exemple le ministre du Numérique, Jean-Noël Barrot.

« Les risques posés sur TikTok sont réels, mais il n’y a pas à ce jour de preuve formelle d’un passage à l’acte de Pékin. Si l’Europe interdit l’application malgré cela, elle est hors cadre. Mais si elle ne fait rien pour préempter le risque, cela lui sera reproché, explique Asma Mhalla.  Les décisions prises prochainement seront donc politiques. L’Europe est-elle soluble dans les États-Unis ? Ou bien va-t-elle apporter une réponse plus fine ? »

médecins, sécurité sociale
Société

Suite à l’échec des négociations entre leurs syndicats et le gouvernement, de nombreux praticiens menacent de couper les ponts avec l’Assurance-maladie.

Médecins excédés

Les médecins sont « méprisés », « excédés d’être traités de nantis », et ulcérés « d’être injustement tenus responsables des déserts médicaux », explique l’Union Française pour une Médecine Libre (UFMLS). « Collectivement nous aurons du poids et l’Assurance-maladie sera bien obligée de nous entendre et de valoriser l’expertise médicale, se félicite son président, le docteur Marty.  Les pouvoirs publics pensent que nous n’oserons jamais sortir de la Sécu. Mais les ostéopathes facturent bien 60 à 70  euros non remboursés, et leur nombre ne cesse d’augmenter ».

« Nous avons demandé à l’Assurance-maladie d’ouvrir le secteur 2 à tous les praticiens, mais cela a été refusé, liste le docteur Marty.  Nous avons demandé qu’un médecin qui passerait une journée à l’hôpital ou dans un territoire en pénurie puisse bénéficier du secteur 2 dans son activité quotidienne. Et qu’au bout de sept ans, il puisse basculer définitivement en secteur 2. Cela a été refusé ».

« Contraire aux fondamentaux de notre système de santé »

De son côté, l’Assurance-maladie ne veut rien entendre, et dénonce le chantage des médecins. « Le déconventionnement est un choix qui restreint l’accès aux soins et qui est contraire aux fondamentaux de notre système de santé », alerte son directeur général, Thomas Fatôme. « Les médecins libéraux ne veulent pas d’un système qui fait reposer l’accès au soin sur les moyens financiers du patient ou sur son contrat de complémentaire santé », insiste ce dernier.

Mais tous les syndicats médicaux ne suivent pas l’UFMLS. « Les professionnels sont tellement en colère que certains veulent prendre des chemins sans peser les conséquences, estime la présidente de MG France, le Dr  Agnès Giannotti.  Mais le déconventionnement revient à ne soigner que ceux qui ont les moyens, ou à se mettre dans les mains des assurances ».

Iran, Suisse
International

Jeudi 23  février, l’ambassadrice de Suisse à Téhéran, Nadine Olivieri Lozano, a été violemment critiquée pour avoir porté un tchador noir lors d’une visite d’un lieu saint en compagnie d’hommes religieux. 

«  Exactement ce qu’il ne faut pas faire  »

« L’ambassadrice suisse porte un tchador et va à la mosquée avec les mollahs », s’est offusquée la députée belge Darya Safai, fervente défenseur des manifestants en Iran. « Alors que des millions d’Iraniennes se battent pour les droits des femmes et sachant que des milliers d’entre elles ont été tuées pour cela, elle porte un hijab et fait de la publicité pour les oppresseurs. Dégoûtant ! », fulmine la députée.

« L’ambassadrice suisse en tenue religieuse conservatrice la couvrant entièrement, alors que de courageuses femmes iraniennes risquent tout pour la liberté, c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire », abonde l’actrice et militante Nazanin Boniadi.

« Honteux »

Le ministère suisse des Affaires étrangères a lui déclaré que la tenue de la ministre n’avait rien de déplacé. « Lors de la visite du site religieux, le protocole vestimentaire en vigueur pour les femmes a été respecté », a estimé le ministère, ajoutant que « le dialogue interreligieux revêt une grande importance dans le contexte actuel ».

« Honteux alors que la petite Sarah Shirazi, a été frappée brutalement pour non port du voile, l’ambassadrice de Suisse en fait la promotion, franchement vous auriez pu éviter cette visite qui est une insulte aux femmes en lutte ou décédées pour s’en affranchir », a rétorqué la sénatrice de Normandie, Nathalie Goulet.

Homosexuels, Corée du Sud
InternationalSociété

Mardi 21 février, la Haute Cour de Séoul a pour la première fois reconnu les droits d’un couple homosexuel qui demandait à bénéficier de la même assurance maladie que les couples hétérosexuels.

Trois ans depuis les faits 

Les faits remontent à février 2020, lorsque M. Kim avait « été en mesure d’inscrire son partenaire (M. So) comme personne à charge dans le système public d’assurance maladie  », avant que le Service national d’assurance maladie, le NHIS, décide de suspendre les prestations en raison d’une «  erreur administrative  ». 

M. So a alors décidé de saisir la Justice, qui s’est prononcée à la fin de l’année 2021 en faveur du service public d’assurance santé, au motif que les partenaires de même sexe « ne sont pas des conjoints de fait », relate le journal sud-coréen Joongang Daily. M. So décide alors d’engager une procédure d’appel début 2022, dont la décision a été rendue aujourd’hui, mardi 21 février.

«  Il reste encore beaucoup à faire  »

La Haute Cour de Séoul a donc invalidé la décision de première instance, estimant qu’elle était « discriminatoire », et rétabli les droits de M. Kim. Ce dernier a pour sa part déclaré à la fin de l’audience qu’il s’agissait d’« une victoire pour tous ceux qui souhaitent une société égalitaire pour les couples de même sexe ».

« Bien que cette décision soit sans aucun doute un moment historique pour la communauté LGBTQ en Corée du Sud, il reste encore beaucoup à faire pour lutter contre la discrimination et assurer l’égalité totale pour tous, nuance le journaliste free-lance Raphael Rashid. C’est loin d’être terminé. Mais les nouvelles d’aujourd’hui offrent de l’espoir dans une société terriblement homophobe ».

San Marina, liquidation judiciaire
Economie

Lundi 20 février, l’enseigne de chaussure San Marina a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille. Celui-ci a prononcé la cessation immédiate des activités du groupe, qui compte 163 magasins et 680 salariés.

Absence de repreneur

« Les magasins San Marina fermeront définitivement lundi soir », affirmait dès la semaine dernière la CGT, l’information ayant fuité lors du dernier Comité social et économique de l’entreprise. 

« Aucun projet de reprise sérieux n’a pu être soutenu et les dirigeants actuels n’ont pu faire aboutir leur projet d’offre de réserve faute d’investisseur », a fait savoir le tribunal de commerce de Marseille pour légitimer sa décision.

Colère des syndicats

En prévision de cette décision, la CGT avait lancé le 14  février une grève pour obtenir une prime de départ.  « La direction nous a proposé un doublement de la prime sur objectif, ce qu’on appelle le variable, qui oscille entre 17 et 40  euros par mois », a fait savoir Helmi Farhat, secrétaire CGT du comité social d’entreprise, expliquant que ce montant avait été vu comme une  « humiliation ».

Suite à notre mouvement, « les administrateurs judiciaires ont été à l’écoute, mais le montant annoncé (une prime de 1 000  euros proposée, contre 400  euros il y a deux jours) n’est toujours pas satisfaisant pour les salariés, nous espérons qu’ils reviennent vers nous : un mois et demi de salaire pour tous, c’est le minimum. En attendant, nous maintenons l’appel à la grève », prévient Helmi Farhat.

Trump, MBS
Politique

Lundi 13 février, le « Washington Post » a révélé que Trump et son gendre Jared Kushner avaient bénéficié de l’aide financière du prince héritier d’Arabie, Mohammed ben Salmane. L’ancien président américain connaissait en effet une mauvaise passe financière, en raison de la pandémie de Covid19 et de son implication dans les événements du capitole. 

Trump dans la panade

Les revenus de l’empire Trump ont commencé à chuter durant la présidence de Donald Trump entre 2016 et 2020, dont l’image n’a cessé de se détériorer au cours du mandat. Les revenus ont encore chuté davantage en raison de la pandémie, puis suite à l’attaque du Capitole. Cet incident « a rendu sa marque encore plus polarisante », observe le Washington Post.

La marque Trump est aujourd’hui considérée comme « toxique » en raison du « racisme et de l’extrémisme » de l’ancien président, résume Tim Calkins, professeur de marketing à la Kellogg School of Management de l’Université Northwestern. 

MBS à la rescousse

Pour surmonter ces difficultés, Donald Trump a donc fait appel au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, avec qui il entretient une « grande amitié ». « La relation n’a probablement jamais été aussi bonne, nous nous comprenons l’un l’autre », assurait l’ancien président en 2018.

Cette amitié s’est d’ailleurs récemment muée en un partenariat financier, Trump Organization ayant conclu en novembre 2022 un accord avec une société immobilière saoudienne pour « construire un hôtel Trump dans le cadre d’un complexe de golf de 4  milliards de dollars à Oman ».

Patrick Pouyanné, Total
Société

Le PDG de TotalEnergies, qui avait fait parler de lui fin 2022 en se disant « fatigué » de la polémique sur son salaire, ne cesse de remettre les pieds dans le plat depuis. Selon lui la plupart des Français auraient tendance à tomber dans l’émotion et manqueraient de bon sens.

« Espace émotionnel et incontrôlé »

Selon Patrick Pouyanné, la mauvaise image dont jouit TotalEnergies serait la conséquence du sentiment anti-business qui domine en France. « Nous sommes un peu vus comme les premiers de la classe. Or la France est un pays où l’on aime couper des têtes, surtout celles qui dépassent, regrette le PDG. Il y a une relation d’amour/haine avec l’entreprise. D’amour quand on fait des rabais, de haine parce qu’on gagne 19,5  milliards. Dans ce pays, les profits, la réussite ont du mal à être acceptés ».

Monsieur Pouyanné a tout de suite senti que Total « allait se retrouver au cœur d’une polémique » s’il ne faisait rien, et c’est pour cette raison que l’entreprise a « rendu 550  millions d’euros aux automobilistes français avec les différents rabais à la pompe pendant plusieurs semaines ». « Je savais que l’on tomberait dans un espace émotionnel et incontrôlé quand les prix des carburants ont commencé à s’approcher des fameux 2 euros le litre », explique-t-il.

« Combat systématique contre nous »

Et à ceux qui accusent TotalEnergies de greenwashing, Patrick Pouyanné rétorque que son groupe va investir massivement ans le bas carbone. « Certaines ONG ont décidé de mener un combat systématique contre nous, pour elles nous sommes l’entreprise à abattre »,  accuse-t-il. « Notre réponse aux critiques, c’est qu’en 2023 nous allons investir 5  milliards d’euros dans des énergies bas carbone ».

« Là où je m’en veux, et c’est probablement arrivé parce que l’électricité est un métier nouveau pour nous, c’est que nous n’avons pas fait le travail de traduire des prix au kilowattheure en factures de boulangers », reconnaît seulement Patrick Pouyanné.