Politique

La France et la Belgique ont annoncé avoir signé une convention fiscale le 9 novembre dernier. Cela ne fera pas revenir les exilés fiscaux français du plat pays, mais cela ramènera quand même un peu de justice fiscale. 

 

Le coût exorbitant de la fraude fiscale

Selon Oxfam France et le syndicat Solidaires-Finances publiques, la fraude fiscale coûterait chaque année entre 80 et 100 milliards d’euros. Autant de devises qui échappent aux recettes de l’État, alors que celui-ci connaît avec le « quoi qu’il en coûte » une inflation de sa dette. Cette dernière a, en deux ans, augmenté comme jamais auparavant, passant de 83 % du PIB à 102 %. Une menace de plus pour le modèle social français. 

Concernant l’évasion fiscale – c’est-à-dire l’évitement de l’impôt par abus de droit fiscal – le montant serait de 25 % des recettes fiscales liés à l’impôt sur les sociétés pour le pays. Cette dernière s’effectue bien entendu grâce aux paradis fiscaux exotiques, mais également à nos voisins, notamment belges.

 

Des « paradis fiscaux » à nos frontières

Qui dit paradis fiscal européen dit bien sûr Luxembourg, mais pas que. Le « filon belge » s’est fait connaître en 2012 du grand public à l’occasion de « l’affaire Depardieu », lorsque ce dernier avait choisi de se domicilier fiscalement en Belgique en y acquérant une propriété afin d’échapper à l’impôt français (c’est à dire devenir résident du plat pays). 

En effet, les pays signent des conventions fiscales afin d’éviter la double imposition pour les résidents étrangers. On s’attendrait donc à trouver des grands groupes français, dont le premier d’entre eux LVMH ou son dirigeant, Bernard Arnault, qui effectuent la majorité de leurs profits à l’étranger. Que nenni, ce dernier n’a d’ailleurs jamais été poursuivi par la justice ou le fisc français pour sa tentative (légale) d’exil fiscal dans le cadre de sa demande de naturalisation. Le cas le plus emblématique reste néanmoins celui de la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan, qui a carrément « colonisé »  une rue de la ville frontalière de Néchin, pour semble-t-il, échapper à l’impôt français. 

 

Une convention fiscale franco-belge pour rattraper les exilés fiscaux ?

Afin de lutter contre les trous dans la raquette du droit fiscal, les autorités françaises et belges ont signé, le 9 novembre 2021, une convention fiscale qui entrera en vigueur en 2023 ou 2024, en fonction du calendrier législatif. 

Selon Denis-Emmanuel Philippe, avocat-associé aux barreaux de Bruxelles et de Luxembourg et maître de conférences à l’Université de Liège, « une restructuration du patrimoine pourrait s’avérer opportune, en vue d’anticiper les conséquences fiscales défavorables de la nouvelle convention » pour les résidents (notamment français) en Belgique.

Selon lui, la nouvelle convention « va faire mal au portefeuille », « elle touchera de nombreux résidents belges, notamment les détenteurs d’actions de sociétés françaises ou les propriétaires d’immeubles en France ». Les possédants croyant que s’exiler serait une bonne affaire ad vitam æternam vont donc (un peu) passer à la caisse.  

 

Une convention pour pas grand chose

Aujourd’hui, les résidents et entreprises belges détiennent encore deux avantages. Le premier, en matière d’immobilier détenu en propre ou en société, permet aux nombreux particuliers et entreprises belges qui détiennent de l’immobilier en France au travers d’une société de ne pas être imposés par la France lors d’une plus-value provenant d’une cession de parts de sociétés immobilières françaises leur appartenant. Dès l’entrée en vigueur de la convention, cet avantage « sautera », ni plus ni moins.

Le deuxième concerne les investisseurs résidant en Belgique qui détiennent des actions de sociétés françaises, donc nos fameux patrons trouvant l’herbe plus verte de l’autre côté de la frontière : la quotité forfaitaire d’impôt étranger (QFIE) ne devrait pas faire long feu. Cette dernière permettait, depuis 2021, de déduire à hauteur de 15 %, le précompte sur le dividende payé en France du précompte mobilier payable en Belgique. Traduction : le dividende français était moins taxé que le dividende belge. Ce sera bientôt de l’histoire ancienne comme l’explique Héloïse Vinale: « Dès l’entrée en vigueur du texte, pour un dividende français de 100 euros, la France prélèvera sa part de 12,8 %. Sur les 87,2 euros qui passent la frontière, la Belgique prélèvera le précompte mobilier de 30%, soit 26,16 euros. Au final, sur un dividende de 100 euros, il restera 61,04 euros à l’investisseur-contribuable (contre 70 euros, s’il s’agit d’un dividende d’action d’une société belge) ». La France retrouve donc son manque à gagner de 12.8 % et les actions belges redeviennent compétitives.

 

On doute que les exilés fiscaux choisissent, sur le seul motif de cette convention, de revenir au pays. On espère cependant que l’élection présidentielle fera revenir le vieux serpent de mer de l’évasion fiscale et du manque de contrôleurs… Pour la dernière fois. On a quand même encore le droit de rêver. 

Hidalgo gare du Nord
Coup de coeurCoup de gueulePolitiqueSociété

Surprise ! Après l’avoir soutenu en se pinçant le nez, la Mairie de Paris retourne sa veste et s’oppose désormais au projet de rénovation de la Gare du Nord, qui prévoit de transformer la gare en gigantesque centre commercial. Le revirement de la mairie de Paris sur ce dossier renforce malgré tout celles et ceux qui se sont engagés depuis plusieurs mois dans la lutte contre ce projet inique. À l’Élysée et à la préfecture, la crainte de voir une ZAD fleurir sur les pavés de la capitale commence à donner des nuits blanches à certains.

 La mairie de Paris s’encanaillerait-elle ? Dans les couloirs feutrés de la municipalité, on s’oppose désormais officiellement au projet délirant de rénovation de la Gare du Nord. Après avoir été cul et chemise avec l’Élysée, avec la préfecture et avec la famille Mulliez sur ce dossier, la municipalité appelle désormais « à reconsidérer le projet en profondeur pour le rendre viable et acceptable ». « Je suis catastrophé par la décision du gouvernement d’accorder le permis de construire. C’est une grave faute politique », déclare même l’ancien maire adjoint en charge de l’urbanisme, Jean-Louis Missika, selon qui « ce projet de la famille Mulliez et du groupe Auchan finira aux poubelles de l’histoire ».

Alors que les premiers coups de pelles du chantier ont débuté le 20 juillet dernier, la Mairie de Paris a sorti la sulfateuse dans la presse pour critiquer un projet qu’elle soutenait encore il y a quelques mois. Interviewé, le premier adjoint Emmanuel Grégoire, s’est lâché en déclamant que « le gouvernement vient de s’inventer un nouveau Notre-Dame-des-Landes en plein Paris » et lui souhaitant « beaucoup de courage sur le plan politique et juridique ».

Un retournement qui n’est peut-être pas tout à fait désintéressé : il se murmure qu’Anne Hidalgo couve des ambitions présidentielles et autour d’elle, ses partisans préparent un « storytelling » (comme ils disent) efficace, censé transformer la meilleure copine des grands patrons en candidate idéale de la gauche.

On connaissait Anne Hidalgo en reine du « greenwhasing » quand elle plante des potagers urbains tout en déroulant le tapis rouge aux industriels polluants. On connaissait Anne Hidalgo en reine du « pinkwashing », quand elle réduit la lutte LGBT aux passages piétons couleur en arc-en-ciel. On découvre désormais Anne Hidalgo en « leftwashing », quand elle se réveille un matin en zadiste révoltée contre la marchandisation de notre société.

Mais ne boudons pas notre plaisir : avec le soutien politique et juridique de la mairie de Paris, les collectifs engagés contre ce projet ont désormais un allié de poids pour bloquer ce chantier de rénovation. Un projet indéfendable, puisqu’il prévoit tout simplement de remplacer l’actuelle gare par un véritable « mall » à l’américaine. Des galeries marchandes qui doivent permettre de rentabiliser le passage des milliers de voyageurs quotidiens, à qui on imposera désormais une étape « conso » entre le « métro-boulot-dodo ». À moyen terme, c’est bien la gentrification du quartier et la chasse aux catégories populaires du nord de la capitale qui sont visées, en aseptisant le 10e arrondissement et en attirant les classes aisées avec leurs boutiques favorites.

Une opération très lucrative pour la famille Mulliez et son groupe Ceetrus : le montage juridique prévoit en effet que SNCF Gares & Connexions ne détienne que 34 % des parts de la société, 66 % revenant à Ceetrus qui s’arrogera, de plus, l’exclusivité de l’exploitation commerciale de l’ensemble pendant quelque 46 années. La gare du Nord fait ici figure d’archétype du capitalisme carnassier : après avoir laissé la gare se dégrader, en passant la SNCF à la lessiveuse de l’austérité budgétaire, l’État confie au privé le soin de « rétablir la situation », lui permettant au passage de réaliser d’importants bénéfices. Une mécanique bien rôdée que l’on connaît par cœur puisqu’elle est à l’œuvre sous tous les gouvernements français depuis 20 ans, des caisses de retraite aux autoroutes, en passant par les aéroports et l’énergie.

Pour la déclaration de guerre que ce projet de rénovation représente contre les catégories populaires du Nord-est parisien et comme symbole de la marchandisation de la société et du rapt des derniers fleurons nationaux par des acteurs privés, il faut bloquer à tout prix ce chantier de la gare du Nord. Une Zone à Défendre à quelques kilomètres à vol d’oiseau de beaux quartiers et de l’Élysée serait un désastre pour la communication d’Emmanuel Macron à quelques mois de l’élection présidentielle. En voilà une bonne idée !

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Article publié à l’origine sur Mediapart

L’homophobie politique atteint de nouveaux sommets de violence en Pologne. « Mais des représentations qui opposent l’Ouest symbole de la justice sexuelle à une Pologne obscurantiste ne peuvent qu’alimenter la rhétorique du pouvoir en place », analysent quatre chercheur·ses invitant à un « décentrement du regard ». Il et elles enjoignent à s’intéresser à la diversité des luttes locales, « plutôt que de s’associer aux protestations d’institutions internationales dont les politiques économiques néolibérales ne cessent de produire toujours plus d’inégalités ».

Indignation, colère, impuissance – difficile de ne pas se sentir concerné·e par les récits et images qui nous parviennent de Pologne ces derniers jours, et même de vouloir réagir. Mais comment ?

L’homophobie politique, apparue au début des années 2000 dans le débat public polonais, vient d’atteindre de nouveaux sommets de violence. Elle prend dernièrement la forme d’un discours « anti-LGBT », dans lequel les minorités sexuelles et de genre et leurs revendications sont pointées du doigt comme si elles relevaient d’une idéologie issue des pays de l’Ouest sécularisé. L’Union européenne en est érigée en symbole central, et identifiée comme la continuation du « bolchévisme » soviétique, ce qui la discrédite de manière définitive dans une société postcommuniste. Les ressorts de cette rhétorique anti-LGBT sont proches de ceux de l’antisémitisme : des minorités opprimées sont stigmatisées comme suppôts de puissances étrangères visant à pervertir et à soumettre la nation, et à mettre en danger la souveraineté de l’État. Comme régulièrement depuis 2004, les dernières élections ont donné lieu à une nouvelle surenchère homophobe, lesbophobe et transphobe de la part d’acteurs politiques mais aussi de membres de la société civile dont des ONG ultra-conservatrices, se manifestant par exemple par la circulation dans les rues de plusieurs grandes villes des camions publicitaires assimilant l’« idéologie LGBT » à la pédophilie. Ces dernières semaines, quand les militant·e·s LGBT ont affronté leurs adversaires, les autorités polonaises n’ont pas hésité à protéger ceux qui diffusent des appels à la haine, et à réprimer violemment les mobilisations avec un arsenal policier et judiciaire sans précédent[1].

Ces évènements suscitent en nous, militant·e·s et allié·e·s des mouvements LGBT, queer, féministes, chercheur·e·s, intellectuel·le·s, et toute personne attachée aux libertés et aux luttes pour plus de justice et d’égalité entre les genres et les sexualités, un sentiment de révolte bien légitime. Les enjeux autour de nos réactions et de l’expression de notre solidarité, néanmoins, sont complexes. Depuis quelques jours, de nombreuses tribunes sont publiées, répondant à une urgence et visant un objectif à court terme : contraindre le gouvernement et l’institution judiciaire en Pologne à faire redescendre le niveau de répression[2]. Cependant, à long terme la pression de la part d’autorités internationales, qu’elles soient institutionnelles ou intellectuelles, risque d’être contre-productive.

Une phrase telle que : « il existe une longue tradition de persécution des minorités en Pologne: Juifs, Tsiganes, migrants, homosexuels, transsexuels et personnes non-blanches… » (ici), au-delà de son imprécision historique généralisatrice, entre par exemple en conflit direct avec les stratégies développées depuis trente ans par la gauche polonaise. En effet, plutôt que de dénoncer la continuité de l’oppression dans l’histoire polonaise, les militant·e·s ont largement préféré réhabiliter et mettre en valeur périodes, courants et figures historiques de la tolérance religieuse et sexuelle en Pologne. C’est le cas du mouvement LGBT, qui a entrepris de se réapproprier de nombreuses figures du récit national[3]. C’est aussi le cas, par exemple, de la militante et chercheuse féministe Agnieszka Graff qui promeut un patriotisme alternatif au récit national articulé autour du courant catholique conservateur[4], ou du militant antiraciste Mamadou Diouf qui cite, entre autres figures de l’histoire polonaise, le savant médiéval et défenseur de la tolérance religieuse Paweł Włodkowic comme source d’inspiration.

Cette stratégie d’ancrage national et mémoriel, à laquelle nous reconnaissons bien sûr des limites, a le mérite de s’opposer à la définition ethnico-religieuse de la nation promue par la droite : une nation, un peuple, une religion. Elle fait également sens dans de nombreux contextes où la subordination, présente ou passée, de la souveraineté de l’Etat à des forces étrangères facilite la stigmatisation et le rejet de tout ce qui est construit comme une « imposition » extérieure. Elle peut par contre surprendre, voire déstabiliser les militant·e·s de l’Ouest sécularisé habitué·e·s à une critique frontale des récits nationaux traditionnels.

Mais des représentations qui opposent l’Ouest symbole de la justice sexuelle à une Pologne « traditionnellement » obscurantiste ne peuvent qu’alimenter la rhétorique du pouvoir en place, dont ce binarisme est le fonds de commerce. Cultiver un décentrement du regard, un intérêt pour la diversité des luttes et des stratégies locales afin de créer un éventail plus large de réponses possibles est ici une nécessité. Alors que fleurissent à l’Ouest comme à l’Est, au Nord comme au Sud, la répression, les violences policières, les nationalismes racistes et hétérosexistes (même quand ils prétendent protéger les femmes et les LGBT comme dans le fémo/homo-nationalisme), il est grand temps de travailler à développer des alliances et des solidarités où diverses stratégies locales peuvent coexister sans hiérarchisation, plutôt que de s’associer aux protestations d’institutions internationales dont les politiques économiques néolibérales ne cessent de produire toujours plus d’inégalités.

Le rôle des inégalités économiques dans le maintien au pouvoir des forces politiques ultra-nationalistes brille en effet par son absence dans les débats actuels. La sociologie électorale de la victoire, de justesse, du PiS aux dernières élections présidentielles est pourtant sans appel: les électeur·ice·s du PiS sont plus âgé·e·s et appartiennent aux classes populaires, tant du point de vue des revenus que du niveau d’études[5]. L’argumentaire populiste du PiS, qui prétend défendre la souveraineté polonaise et lutter contre l’humiliation des « petites gens » par les élites locales et internationales, et ses déclinaisons anti-LGBT et anti-migrant·e·s[6], vient s’appuyer sur deux piliers principaux : une longue histoire d’invasions et d’influences étrangères et des inégalités économiques criantes, apparues brusquement au moment de la restructuration en profondeur de la société polonaise lors de son entrée dans l’économie capitaliste. En un mot, la force du PiS repose autant sur la promesse de redistributions économiques que sur les logiques de peur incitant à la haine des personnes LGBT ou racisé·e·s.

Face au « diviser pour mieux régner » si bien orchestré par le néo-libéralisme (agriculteurs contre LGBT, chômeuses contre migrants…), justices sociale et économique doivent constituer le cœur de nos solidarités et de nos revendications transnationales. Il ne s’agit point de scander l’idée du « progrès ». Mais d’œuvrer au changement.

Signataires :

Agnès Chetaille est sociologue, chercheuse Marie Skłodowska-Curie à l’Université libre de Bruxelles. Elle travaille depuis 15 ans avec le mouvement LGBT polonais et sur les solidarités militantes Ouest-Est.

Mateusz Chmurski est maître de conférences à la Faculté des Lettres, Sorbonne Université. Il travaille sur les enjeux de l’intime, de genre et de corporalité dans les littératures centre-européennes.

Anna Safuta est chercheuse postdoctorale à l’Université de Brême en Allemagne, où elle étudie les migrations entre l’Europe de l’Est et les pays d’Europe occidentale, dans une perspective intersectionnelle.

Justyna Struzik est sociologue et chercheuse à l’Université Jagellon de Cracovie. Ses recherches portent sur les stratégies militantes en lien avec la sexualité, le VIH/Sida et l’usage de drogue.

[1] Pour plus de détails sur l’escalade des deux dernières années et les évènements récents, voir la très bonne chronologie mise en ligne par l’organisation ILGA-Europe (en anglais) : https://ilga-europe.org/sites/default/files/Poland-Anti-LGBT-Timeline.pdf.

[2] Margot Szutowicz, militante non binaire du collectif Stop Bzdurom, a été placée en détention provisoire le 7 août dernier pour une durée de 2 mois, d’autres militant·e·s ont été arrêté·e·s puis relâché·e·s mais sont possiblement passibles de poursuites.

[3] A la suite de la création du calendrier « Lesteśmy » par Anna Górska et Agnieszka Weseli en 2005 et de la publication du livre

Homobiografie par Krzysztof Tomasik en 2008.

[4] Notamment dans son livre Rykoszetem: Rzecz O Płci, Seksualności i Narodzie, Varsovie, WAB, 2008.

[5] D’après les sondages de sortie des urnes du deuxième tour immédiatement au sortir de la crise du coronavirus, les groupes ayant voté le plus largement pour le PiS sont les 50-60 ans (59,7%) et plus de 60 ans (62,5%) ; les personnes ayant arrêté leur scolarisation après l’école primaire (77,3%) ou ayant suivi un cursus professionnel (75%) ; les agriculteur·ice·s (81,4%), les chômeur·euse·s (65,4%) et les retraité·e·s (64,1%).

[6] Comme la négation des droits reproductifs des femmes, avec le durcissement toujours annoncé de l’interdiction l’avortement, qui sert à garder le contrôle sur la reproduction du corps de la nation.

Coup de coeurCoup de gueuleEconomie

Article publié à l’origine sur Mediapart

Le réalisateur et producteur français Franck Phelizon, a la tête de la société de production Baril Pictures, ferait face depuis plusieurs semaines à de grosses difficultés de trésorerie. En cause, l’échec de son dernier film, Paranormal Investigation, distribué par Netflix, mais qui n’aurait pas séduit le public et porté un coup d’arrêt brutal aux projets du réalisateur.

D’après plusieurs informations, et de sources judiciaire, Phelizon serait en délicatesse avec plusieurs partenaires économiques et sous-traitants, et ne serait plus en mesure d’honorer le paiement de ses factures. Dès lors, sa société devrait se diriger vers une cessation de paiement, et donc une liquidation.

Phelizon est surtout connu pour ses expérimentations en matière de distribution. Son film Kickback se targuait ainsi d’être « le premier film en e-cinema », mais n’avais jamais fait recette. Pourtant, le producteur et réalisateur avait donné tous les gages possibles au milieu du cinéma, en affirmant que cette initiative n’était « pas une rébellion contre le cinéma ».

Pas une révolution non plus. Comme l’expliquait Fabrice Leclerc (chroniqueur cinéma) dans le Nouvel Obs, cette approche existe depuis longtemps aux Etats-Unis. Lui-même favorable à ce type de format, Leclerc expliquait qu’« aux Etats-Unis, des producteurs comme Steven Spielberg défendent l’idée que dans le futur, seuls les grands films resteront en salle. Les autres iront sur le numérique. » De la à dire que le e-cinéma ne serait qu’une « planque pour gros navets », comme l’écrivait Ramses Kefi ?

C’est en tout cas le jugement qui a été porté sur Paranormal Investigation par la critique et par les spectateurs, qui lui ont attribué les notes de 2,5 / 10 sur Sens Critique, 1,9 sur Ciné Séries, et 2 étoiles seulement sur Allo Ciné. Un rejet massif qui sonne le glas des ambitions du réalisateur.

Politique

Article publié à l’origine sur Mediapart

Depuis plusieurs mois, dirigeants et médias prennent en otage des nations entières sous prétexte de la propagation d’un des virus les plus dangereux qu’ait connu l’humanité. Les alertes spectaculaires ne cessent d’enfler. Un confinement excessif, des restrictions majeures, tous vont dans le sens d’une société liberticide sur le point de sombrer, tant sur le plan économique que social.

Les conséquences ravageuses des décisions politiques

Pendant le confinement, la France s’est mise à surveiller les moindres faits et gestes des populations par le contrôle d’attestations de déplacement dérogatoire, par la menace de drones planant au-dessus de leur tête. L’info « COVID-19 » s’est incrustée dans tous les pores de la toile. Point besoin de se demander jusqu’où la folie humaine est capable d’aller en cas de crise, si tant est que ce soit un dérapage incontrôlé.

Cet état d’urgence permanent a eu pour effet de créer un climat anxiogène, renforçant un sentiment de peur chez les Français au point que 64% d’entre eux souhaite revoir le port du masque obligatoire dans les lieux publics selon un sondage Ifop réalisé pour Le Journal du dimanche et publié dimanche 9 août 2020.

Le confinement a, en plus de contribuer à l’ascension de l’angoisse, mis à mal l’économie du pays. Beaucoup d’entreprises ont dû mettre leurs employés en chômage partiel et la plupart des commerces a subi une perte conséquente de leur chiffre d’affaires. Des restaurants manquent de personnel et ont perdu jusqu’à 50% de leur clientèle. Beaucoup bataillent encore à ce jour pour la récupérer.

Sans compter qu’une telle mesure peut être pire que le virus lui-même selon le Dr David Katz. Le fait d’isoler les gens les uns des autres pourrait réduire les chances de la population de s’immuniser naturellement contre le virus.

Des chiffres pourtant très encourageants !

Ces derniers temps, la peur du virus est maintenue avec force avec l’annonce d’une explosion du nombre de nouveaux cas testés positifs.

Rappelons d’abord que la France n’a jamais vraiment souhaité dépister massivement la population depuis le début de l’épidémie, et ce, en dépit de la demande expresse de l’OMS dès le 16 mars. Cette procédure n’a été appliquée par le gouvernement qu’au cours de la période de déconfinement à raison d’une capacité régionale de 6.000 tests par jour. Un rattrapage qui a forcément eu pour effet d’augmenter sensiblement le nombre de personnes porteuses du SRAS CoV-2.

Des nouveaux cas positifs, certes. Mais ces personnes sont-elles vraiment malades ? Ont-elles développé une immunité au virus comme sait le faire le corps humain depuis des millions d’années ?

Le fait est que selon les chiffres officiels, l’épidémie est en net recul depuis plusieurs semaines. Ce que les médias manquent de rappeler, c’est que le nombre de cas de guérison n’a cessé d’augmenter ces derniers mois, atteignant aujourd’hui un total de 83.848 retours à domicile, contre 17.650 le 6 avril.

Le nombre d’hospitalisation a baissé de 78,33% du 11 mai au 14 août. Le nombre de personnes en réanimation a également baissé de près de 87% pendant la même période, avec un sursaut dans certaines régions début août.

Le nombre de décès est porté à 30406 au 14 août, sachant que près de 35% d’entre eux surviennent dans les EHPAD et 65% dans les hôpitaux. Etant donnée l’évolution de ces chiffres, on peut aussi supposer qu’il y a un phénomène de vase communicant selon l’état de santé des patients dans les centres hospitaliers.

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Des scientifiques réputés en total désaccord avec les discours officiels

Dans ce marasme, de nombreux scientifiques mondialement réputés se sont exprimés à ce sujet mais leurs analyses n’intéressent pas grand monde, a priori. Ils remettent en question la fiabilité des données de l’épidémie de SRAS CoV-2 et la dangerosité du virus. Parmi eux figurent le Docteur Sucharit Bhakdi, spécialiste en microbiologie et épidémiologie des infections, professeur émérite à l’université Johannes Gutenberg de Mayence, et le Dr Wolfgang Wodarg, Pneumoloque, épidémiologiste, qui s’interrogent tous deux sur la pertinence des décisions politiques, voire sur leur danger lorsqu’elles sont prises sous l’effet de la panique.

Dès l’annonce d’une l’épidémie de Covid-19, une grande campagne avait été lancée auprès du public selon laquelle le SRAS CoV-2 est extrêmement dangereux. La version actuelle du SRAS serait beaucoup plus contagieuse que celui de 2003 du fait qu’elle peut être véhiculée par des personnes asymptomatiques. Or de nombreux scientifiques affirment qu’aucune preuve de cette dangerosité ne leur avait été présentée malgré leurs demandes.

« En savons-nous assez pour justifier les mesures massives qui violent les droits de l’Homme dans notre société démocratique libre ? » s’est demandé le Dr Sucharit Bhakdi. Le professeur avait certifié, dans une lettre ouverte du 26 mars à la chancelière allemande, que le SRAS CoV-2 n’est pas plus dangereux que ses prédécesseurs MERS et SRAS CoV-1 « qui eux, étaient réellement mortels ». Une étude préliminaire, rédigée collectivement par plusieurs spécialistes et intitulée SARS-CoV-2: fear versus data (SRAS CoV-2 : peur contre données), confirmait ses dires en mars 2019. Elle annonçait, entre autres, que la dangerosité du « SRAS-CoV-2 est probablement surestimé, car 2,6 millions de personnes meurent d’infections respiratoires chaque année contre moins de 4000 décès pour le SRAS-CoV-2 ».

La dangerosité du SRAS CoV-2 ne serait donc pas aussi élevée qu’on le croit selon tous ces scientifiques.

Taux de mortalité : les chiffres sont-ils gonflés ?

Selon les données de l’ARCGIS, le nombre de décès dans le monde est proche de 764.741. En France, on en recense un peu plus de 30.000 décès, un chiffre qui avoisine celui de la grippe espagnole en 1918, et qui, a priori, ne peuvent que justifier ces mesures drastiques. Mais ces chiffres sont-ils vraiment réels ?

Le Dr Sucharit Bhakdi dénonce une catégorisation des décès effectuée « de manière non scientifique » et ce, quel que soit le pays où circule l’épidémie. Selon lui, rien n’indique qu’ont été effectuées des analyses critiques des dossiers médicaux des personnes déclarées mortes en raison du Covid-19.

Par conséquent, rien de permettrait de « faire la distinction entre les véritables décès liés au coronavirus et la présence accidentelle du virus au moment du décès ». En somme, dès lors où il est présent au moment du décès, le SRAS CoV-2 est inscrit systématiquement comme cause de la mort du patient. Peu importe qu’il y ait d’autres agents infectieux dans l’organisme dans le même temps et peu importe la façon dont ils ont interagi.

Le professeur John Ioannidis, professeur de médecine et professeur d’épidémiologie et de santé de la population, bien connu pour ses recherches sur les travaux scientifiques, partage ce doute quant à la fiabilité des données. Dans un article publié dans le magazine STAT le 17 mars 2020, le professeur affirme que « nous manquons de preuves fiables sur le nombre de personnes infectées par le SRAS-CoV-2 ». Concernant le taux de mortalité, John Ioannidis rappelle, lui aussi, que lors de l’autopsie, « un test positif au coronavirus ne signifie pas nécessairement que ce virus est toujours principalement responsable de la mort d’un patient ».

Fin mars, le Dr Wolfgang Wodarg, haut responsable politique de la santé et spécialiste des poumons, réclamait la création d’une commission d’enquête. Il agit aujourd’hui au sein du collectif de médecins allemands ACU (Außerparlamentarischer Corona Untersuchungsausschuss) soit une commission d’enquête extra-parlementaire demandant que soient réalisées des enquêtes indépendantes sur la gestion de l’épidémie et sur ses conséquences.

De nombreux autres médecins du monde entiers se réunissent de plus en plus afin de remettre en cause la version officielle du Coronavirus. L’association espagnole « Les Médecins pour la Vérité » a tenu une conférence en ce sens à Madrid le 25 juillet, avec la participation de l’ACU, notamment sur les thèmes suivants :

– Des masques non recommandés ;

– Le confinement de personnes en bonne santé non recommandé ;

– Des tests non fiables ainsi que les statistiques ;

– Un nombre de décès faussé car les patients sont souvent morts d’autres pathologies ;

– Des milliers décès suite à la prescription de mauvais traitements recommandés par l’OMS, surtout au début.

Une presse accro au sensationnel et une désinformation du grand public ?

Depuis le début de l’épidémie, la presse nationale passe plus de temps à démontrer à quel point le virus est dangereux qu’à rendre compte de la réalité avec exactitude, inondant ainsi les foyers de messages alarmants, quitte à rapporter des déclarations tronquées issues de journaux étrangers.

Globalement, les médias présentent souvent des informations sans aucune analyse, sans nuance, qui contribuent, selon le Dr Wolfgang Wodarg, à générer un gigantesque mouvement de panique. Il prend pour exemple, entre autres, l’activité intensive des crématoriums dans la province de Hubei comme étant normale, tandis que la presse française s’empresse de rapporter de funestes images accompagnées d’un message alarmiste.

Le nombre de morts annuel dans cette région est de plus de 400.000. Et le fait est que la Chine a imposé la crémation par la loi du 27 avril 1956. En 2006, 50% des morts étaient incinérés. Le pays mène une politique répressive, interdisant la vente de cercueils, limitant la durée des concessions, jusqu’à déterrer un nombre incalculable de cadavres pour les brûler. De nombreuses personnes âgées se sont même suicidées afin d’échapper à la crémation.

Ces images auxquelles on confère un caractère exceptionnel et toutes les informations diffusées en France, qui effraient la population au plus haut point, ne seraient donc pas vraiment le reflet de la réalité.

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article publié à l’origine sur Agoravox

« Ma méthode reste la même : « apaiser, rassembler, réformer ». Apaiser pour rassembler et rassembler pour réformer. Par rapport à beaucoup d’autres pays, nous avons eu trop souvent une approche conflictuelle, clivante et polémique des problèmes. Je suis convaincu qu’au fond d’eux-mêmes, les Français n’en veulent plus. » (Alain Juppé, 2015).

L’ancien Premier Ministre Alain Juppé fête ses 75 ans le samedi 15 août 2020. Pour un ancien « jeune premier », la vieillesse est peut-être plus cruelle que pour les autres. Depuis un an, l’ancien maire de Bordeaux s’est replié au Conseil Constitutionnel, il a renoncé à faire de la politique active, et termine confortablement une prestigieuse carrière politique qui, néanmoins, se caractérise par un troublant manque : l’Élysée.

Je conseille de regarder la petite série documentaire intitulée « Si la France savait », qui évoque quelques Premiers Ministres de la Cinquième République. Elle passe actuellement sur LCP (la chaîne parlementaire) et est proposée par l’éditorialiste Patrice Duhamel. Elle consacre un épisode à Alain Juppé et son grand intérêt est qu’elle interviewe le responsable politique en question. Dans cet exercice d’introspection, Alain Juppé est très bon car il est sincère, même si, parfois, il montre des résurgences d’un grand orgueil (quel candidat à l’élection présidentielle ne serait-il pas orgueilleux ?).

Eh oui, au détour d’une explication, Alain Juppé a justifié son renoncement le 6 mars 2017 à remplacer François Fillon pour la candidature LR à l’élection présidentielle par un sursaut d’amour-propre : je ne suis pas un plan B, je ne suis pas un remplaçant ! Pourtant, un « vrai » politique, c’est celui qui profite de l’occasion, qui la suggère même, qui la crée. Nul doute que Jacques Chirac aurait foncé pour remplacer François Fillon et aurait eu moins de scrupules. Cela signifie une simple chose : malgré ses affirmations dans l’interview, Alain Juppé n’en avait pas si envie que cela, d’être Président de la République. Et puis, il faut être réaliste, il aurait été élu, il aurait fini son mandat à l’âge de 76 ans et demi, ce n’aurait peut-être pas été très raisonnable… (du reste, membre du Conseil Constitutionnel, il finira son mandat à… 82 ans !).

Peut-être est-ce le même orgueil que Pierre Mendès France ou Jacques Delors qui n’ont pas cherché à combattre sur le terrain présidentiel (l’un en 1969, l’autre en 1995), parce qu’ils étaient à peu près convaincus qu’ils ne pourraient pas appliquer exactement leur politique ? Cela reprend une vieille formule latine : aut Caesar aut nihil (je laisse la traduction aux distingués latinistes ; je trouve qu’une formule latine perd de sa puissance en étant traduite).

Alain Juppé fait partie du cercle restreint des grandes personnalités politiques de l’histoire française : ceux qui ont influencé le pays, son évolution, ou qui étaient en situation de pouvoir l’influencer mais qui n’ont pas pu.

Il avait toutes les caractéristiques : brillante intelligence (je le constate, mais je n’ai pas vocation à donner moi-même des brevets d’intelligence, qui serais-je pour cela ? il est reconnu ainsi), forte ambition (pour le pays, pour lui-même), connaissance excellente des rouages de l’État, expérience d’élu local et de ministre, dynamisme physique (c’est important pour faire campagne, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy l’ont confirmé ; a contrario, la campagne de Jean-Marie Le Pen en 2007 fut une de trop, il était épuisé ; même François Bayrou n’a pas tenu le rythme en mars 2007), un réseau non négligeable (ENA, Normale Sup., chef de parti, proximité avec un précédent leader, ici Jacques Chirac, etc.), capacité à animer une équipe, à conduire une campagne, à motiver l’adhésion autour d’un projet, etc.

Mais Alain Juppé a été tué politiquement par son arrogance originelle. Celle du « jeune premier », le principal collaborateur du patron (Jacques Chirac qui l’a présenté comme « le meilleur d’entre nous », ce qui, paradoxalement, ne l’a pas aidé car il a suscité de vives jalousies), qui savait mieux que les autres (et c’était peut-être un peu vrai), avec ce sommet lors des grandes grèves de novembre et décembre 1995 : « Je suis droit dans mes bottes ! ».

Cette réputation de « rectitude » qui en a fait un entêté sans écoute est pourtant fausse. Il voulait prouver son volontarisme en faisant un peu trop dans l’autoritarisme (un penchant dans lequel est aussi un peu tombé Emmanuel Macron) mais en fait, cet homme doute aussi, ressent des émotions, et même écoute ses interlocuteurs, ses fonctions de maire de Bordeaux l’ont amplement montré, du moins, par ses réélections successives. À lui tout seul, il représentait pendant longtemps la « classe dirigeante », le pendant « de droite » d’un Laurent Fabius, le technocrate « de gauche », en somme, la technostructure.

Avec cette expérience, Alain Juppé était bien conscient que l’écoute était essentielle : « Faire de la politique, c’est en permanence travailler pour et avec les autres. Comprendre leurs problèmes et leurs attentes, savoir les écouter et les aider, savoir aussi leur expliquer ce que l’on veut faire et les contraintes qui pèsent sur l’action, leur donner confiance, les entraîner dans un projet collectif dont ils comprennent la nécessité et dont ils espèrent recueillir les fruits, voilà le cœur du métier politique. » (2006).

Mais pour faire de la politique, il faut aussi du cuir : « Se faire interpeller plus ou moins amicalement, lorsqu’on a fait le choix de la vie publique, fait partie de la fonction. Si on ne le supporte pas, il vaut mieux renoncer à solliciter les suffrages de ses concitoyens. Il faut apprendre à endurer les reproches, même les plus injustes, il faut s’attendre à subir les critiques, même les plus blessantes, les insultes parfois. Il faut savoir réagir dignement, quand la main que vous tendez est refusée. On s’endurcit, on se blinde, on se cuirasse, sans jamais accepter totalement, d’ailleurs, cette façon brutale qu’ont certains d’exprimer leurs idées par l’invective. Et puis, il y a, de temps en temps, un inconnu qui vous dit au détour d’une rue « On est avec vous ! », qui vous fait oublier tous les autres et dont l’interpellation vous fait chaud au cœur. » (2016). Quand Alain Juppé parlait de « réagir dignement », cela faisait évidemment penser à Nicolas Sarkozy au Salon de l’Agriculture…

Alain Juppé a eu son destin qui s’est souvent échappé, sauf une fois, en 1995. Il avait soutenu la candidature de Jacques Chirac par fidélité mais sans illusion, et lorsque ce dernier a été élu en 1995, la logique politique aurait voulu qu’il nommât Philippe Séguin, le concepteur de la « fracture sociale », à Matignon. Jacques Chirac n’imaginant pas de cohabiter avec un homme si peu contrôlable (il s’est dit la même chose en 2002 avec Nicolas Sarkozy), il préféra donc Alain Juppé. Or, c’est Alain Juppé qui a imaginé la dissolution de 1997 (ainsi que Dominique de Villepin). Une dissolution pour convenance personnelle absolument incompréhensible et injustifiable politiquement, si bien que la gauche est revenue bien plus rapidement que prévu (ce fut en quelque sorte Alain Juppé qui permit au PS, complètement démonétisé en mars 1993, de retrouver la voie du pouvoir seulement quatre années plus tard, ce qui prouve, avis aux partis en ruine, que tout est possible en politique, même des résurrections).

En 2002, il a pris les devants auprès de Jacques Chirac pour lui dire qu’il ne voulait pas être nommé Premier Ministre en raison de son « affaire » (des emplois fictifs de la ville de Paris), bien qu’il allât payer pour les autres. Cela ne l’a pas empêché de revenir au gouvernement, furtivement en mai 2007 dans un grand ministère d’État à l’Écologie (déjà !), puis à partir de 2010 à la Défense, puis, de nouveau, aux Affaires étrangères (il l’avait déjà été entre 1993 et 1995).

Les vrais « animaux politiques » (dont fait partie Alain Juppé) se prêtent guère aux sondages de popularité : ils savent qu’ils sont fluctuants et je conseillerais à Jean Castex de se méfier des 56% des bonnes opinions. Dans deux mois, les Français en auront peut-être assez d’avoir un Premier Ministre qui ne cesse de faire des déplacements tous les jours, sans voir quelques résultats probants (sur le front du chômage, par exemple). Une même personnalité peut avoir de « très bons sondages » un jour et de « très mauvais sondages » un autre jour. C’est juste une question de « tempo ». Il y a des moments ou pas pour telle ou telle autre personnalité. François Bayrou et Ségolène Royal, leur moment, c’était en 2007, comme pour Nicolas Sarkozy.

Et un « bon sondage » ne signifie pas une élection triomphante, l’acte de vote n’a rien à voir avec la sympathie qu’on éprouve pour une personnalité. Ainsi, beaucoup de personnalités consensuelles ont une forte popularité (comme François Bayrou, etc.) mais au moment du vote, les urnes polarisent : en clair, ce sont les opposants politiques à la personnalité qui ont dit qu’ils l’appréciaient, mais ils ne vont pas pour autant voter pour elle.

Avec son affaire judiciaire, et même son exil (au début difficile) au Québec, Alain Juppé a renoncé à l’élection présidentielle de 2007, laissant le terrain libre à Nicolas Sarkozy. Alain Juppé a même failli y rester, au Canada, mais l’appel de Bordeaux et l’appel de Paris furent trop fort.

Le moment Juppé était pour 2017. Enfin, disons qu’après l’échec de Nicolas Sarkozy en 2012, qu’après la lutte fratricide entre François Fillon et Jean-François Copé, il ne restait vraiment plus qu’Alain Juppé. Et Alain Juppé y a cru parce que les sondages suivaient, le portaient. Une vague Juppé. Lui, qui fut si impopulaire à Matignon, qui fut si clivant, si cassant, si arrogant à Matignon (quand j’écris « qui fut », cela signifie : « qui fut considéré comme »), le voici l’homme consensuel, l’homme du rassemblement, l’homme de l’apaisement, l’homme de la réconciliation. Au point même qu’il ait subi des procès en islamophilie aussi stupides qu’insignifiants (sur les réseaux sociaux, on l’a appelé Ali Juppé).

Après avoir vu la droite hystérisée par Nicolas Sarkozy, son électorat voulait retrouver le « calme » et le chemin de la raison. Alain Juppé a alors sorti sa fameuse « identité heureuse » qui avait eu pour résultat de plus inquiéter que rassurer cet électorat de droite pourtant fatigué de Nicolas Sarkozy. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il n’a pas su faire passer le message (c’est ainsi qu’il l’explique aujourd’hui) : les gens ont cru qu’il disait qu’on était dans une identité heureuse, alors que lui voulait tendre vers une identité heureuse mais qu’on n’y était pas. Trop subtil ? Pourtant, c’est mieux de faire campagne sur de choses positives que sur des choses négatives (comme : « les immigrés, dehors ! »).

Avec les bons sondages d’intentions de vote pour la primaire LR, Alain Juppé y a cru et a pris une seconde jeunesse en automne 2016. Pourtant, je le répète, son thème de campagne, qui m’allait, était électoralement anxiogène. La remontée soudaine de François Fillon, qui proposait le meilleur projet, le plus construit, le plus réfléchi (il s’y préparait depuis février 2013), a fait perdre beaucoup d’électeurs d’Alain Juppé qui l’avaient choisi par défaut pour éviter Nicolas Sarkozy : une solution « alternative » était possible avec François Fillon. Alain Juppé ne l’a pas vu venir, ni de nombreux observateurs politiques.

Pourtant, ce phénomène a déjà eu lieu en 1995 ! C’est ce que j’appellerais le « syndrome de Balladur« . Il s’agit d’un excès de confiance en ses chances pour vaincre. Il faut rappeler les sondages élogieux en janvier 1995, quand Édouard Balladur, Premier Ministre parmi les plus populaires (avec Michel Rocard et Lionel Jospin), a fait sa déclaration de candidature, son soutien Nicolas Sarkozy l’imaginait déjà gagner dès le premier tour ! (un exploit que même De Gaulle n’avait pas réussi faire).

Dans ce syndrome de Balladur, il y a deux éléments.

Le premier, le plus visible, est que le plus populaire n’est pas forcément celui qui va être élu. Deux raisons : parmi ceux qui le trouvent sympathique, des opposants qui ne voteront pas pour lui de toute façon (voir plus haut) ; c’est qu’en étant le favori, il est la cible de tous les autres candidats. C’est le principe d’une campagne électorale : elle a sa raison d’être, c’est le moment où les consciences électorales se polarisent et se cristallisent, et l’histoire a montré que jamais un candidat donné gagnant par avance, avant la campagne, ne gagnait sans avoir fait une excellente campagne.

Le second élément, c’est que le troisième candidat, c’est-à-dire, celui dont on ne parle pas (puisqu’on ne parle jamais que des duels), qui est donc peu médiatisé, peut avancer sans être attaqué et peut séduire par le contenu de son projet, si bien qu’il peut arriver à la fin …premier ! C’était la surprise de 1995 : non seulement Édouard Balladur a perdu sa qualification, mais c’était Lionel Jospin qui est arrivé en tête du premier tour (alors que les médias ne parlaient que de la rivalité Chirac/Balladur). Pour la primaire LR, ce fut un peu la même chose : François Fillon, considéré comme quantité négligeable par les médias, a bondi à la première place au premier tour de la primaire.

L’échec d’Alain Juppé au second tour de la primaire LR de novembre 2016 était regrettable pour deux raisons : d’une part, mais on ne peut le dire qu’a posteriori, François Fillon s’est montré être un très mauvais candidat, à cause de son affaire et de la gestion de celle-ci ; d’autre part, la France avait besoin d’un candidat consensuel comme Alain Juppé. Il avait derrière lui la plupart des responsables centristes, dont François Bayrou.

La désignation de François Fillon n’était pas un problème pour la plupart des centristes. François Fillon n’avait pas une volonté d’autoritarisme et écoutait particulièrement bien les parlementaires de sa majorité (un Président qui écoute sa majorité, c’est devenu très rare depuis une vingtaine d’années !).

Le surgissement du candidat Emmanuel Macron a changé la donne : en effet, si Emmanuel Macron a déclaré sa candidature avant l’échec d’Alain Juppé à la primaire LR et surtout, avant la renonciation de candidature de François Hollande (un fait sans précédent sous la Cinquième République), il était considéré comme ultraminoritaire, une candidature de témoignage avant peut-être, plus sérieusement, l’élection de 2022. Or, les circonstances ont fait qu’Emmanuel Macron devenait un double candidat de plan B : pour les centristes orphelins d’Alain Juppé (Emmanuel Macron a basé toute sa campagne sur la bienveillance), mais aussi pour les socialistes qui ne se sentaient pas du tout représentés par …Benoît Hamon (ce dernier a même quitté le PS après l’élection présidentielle).

Alain Juppé aurait-il fait de l’Emmanuel Macron s’il avait été élu Président de la République ? Évidemment non, car on sait par expérience que la personnalité du Président de la République joue beaucoup dans la conduite des affaires de l’État. On vote pour un homme (ou une femme) plus que pour un programme.

Par son expérience, Alain Juppé n’aurait pas réinventé l’eau tiède, notamment tous ces discours quasi-naïfs qui fleuraient bon l’hypocrisie des années 1970. Il aurait aussi pris en compte les demandes des élus locaux, il aurait laissé plus de place aux corps intermédiaires. Son expérience de 1995 lui permettait paradoxalement d’être un meilleur acteur du dialogue social (on ne recommence jamais ses erreurs, surtout quand elles coûtent une vingtaine d’années de vie).

En revanche, je doute qu’il aurait rétabli la situation après la crise des gilets jaunes ; avec le grand débat, Emmanuel Macron a réussi à répondre à certaines préoccupations des manifestants. Et surtout, je doute qu’il aurait eu l’énergie de gérer la crise du covid-19 qui nécessitait une attention 24 heures sur 24 et la capacité à absorber un flot incommensurable de bêtises sur les réseaux sociaux.

C’est ainsi, il y aura toujours un petit arrière-goût d’inachevé dans la trajectoire politique d’Alain Juppé. Il en a fait son deuil mais il y a encore cet arrière-goût qui reste collé comme le sparadrap du capitaine Haddock. Il n’était pas si loin de l’Élysée. Il n’est pas le seul à l’avoir, ce petit et amer arrière-goût, Jacques Chaban-Delams, Laurent Fabius, Michel Rocard, Édouard Balladur, Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn, entre autres, l’ont eu aussi. Et seule la philosophie peut leur permettre de vivre cela, la philosophe de nos amis russes, bien sûr : « c’est la vie ! »…

 

Coup de coeurCoup de gueule

Article publié à l’origine sur Mediapart

On ne peut pas dire que le nouveau gouvernement Castex brille par ses actes en faveur de ses déclarations et promesses, ou de ses décisions. La dérogation accordée au spectacle éphémère du Puy du Fou et celle accordée aux betteraviers pour qu’ils puissent utiliser à nouveau des néonicotinoïdes en témoignent.

Une dérogation pour accueillir plus de 5000 personnes à un spectacle au puy du Fou en Vendée qui surprend et interroge

Au début du mois d’août, le ministère de la Culture avait annoncé l’autorisation des rassemblements de plus de 5.000 personnes à partir du 15 août, sous réserve du respect des mesures sanitaires. Mais le 11 août, face à la « dégradation de la situation épidémique du Covid-19 », le premier ministre Jean Castex avait finalement repoussé l’interdiction « jusqu’au 30 octobre ». Toutefois, suite à un décret paru le même jour, les préfets peuvent autoriser des rassemblements de plus de 5. 000 personnes dans le cadre de « dérogations à titre exceptionnel ». Mais un manque évident de lisibilité de ces dispositions est dénoncé par les acteurs du secteur culturel.

Conformément au texte de ce décret le préfet de Vendée a autorisé le Puy du Fou à accueillir son grand spectacle son et lumière. De son coté le Puy du Fou précise sur son site internet qu’à l’entrée, « le port du masque est obligatoire pour les adultes et les enfants de moins de 11 ans ». Les organisateurs expliquent avoir mis en place « trois tribunes distinctes et séparées de façon étanche, accueillant chacune moins de 5.000 personnes ».

Une dérogation qui suscite quelques incompréhensions

L’autorisation suscite toutefois une grande incompréhension parmi les responsables politiques de gauche. « Notre santé vaut bien plus qu’un passe-droit pour l’ami du président ! », dénonce le maire adjoint de Paris David Belliard sur Twitter, faisant allusion à « l’amitié » supposée entre Emmanuel Macron et Philippe De Villiers … « Deux poids deux mesures ! En ces temps de crises majeurs pour l’évènementiel, les concerts … Cela est encore plus insupportable à vivre !! » a réagi également l’ancien PDG d’Universal Pascal Nègre.

Prendre un décret aussi controversé le 11 Août, dont pour l’instant le seul bénéficiaire est la famille De Villiers avec le Puy du Fou peut surprendre et soulever quelques interrogations… L’argument évoqué pour justifier cette dérogation qui repose sur le fait que le Covid-19 ne progresserait plus dans ce département est pour le moins aléatoire. Ce type d’argument peut par ailleurs servir à justifier des dérogations clientélistes de ci et de là au gré des conjonctures politiques…

Après le spectacle du Puy du Fou, « Ne mangez plus du miel, mais des betteraves », devrait dire Madame Pompili !

Si la dérogation accordée au Puy du Fou en Vendée pour un spectacle, du reste éphémère, peut soulever des critiques, il en est une qui a un autre impact beaucoup plus grave pour l’environnement, beaucoup plus long dans la durée et qui conduit le gouvernement et surtout la ministre Barbara Pompili à se soumettre au lobbying de la FNSEA et des betteraviers. Mais aussi, pour conserver son « job ministériel », contraint cette ministre à renier ses décisions et ses engagements antérieurs.

Madame Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, souffrirait-elle de défaillances de la mémoire ?

Ne déclarait-elle pas en 2016 quand elle était secrétaire d’État à la biodiversité et luttait pour l’interdiction de ces insecticides, en particulier les néonicotinoïdes qui s’attaquent au système nerveux des insectes et sont responsables de la disparition de nombreuses espèces, abeilles en particulier : « Quoi qu’il arrive, en 2020, c’est en fini pour tous les néonicotinoïdes. » et devant l’assemblée nationale qui votera, le 8 août 2016, la loi « pour la reconquête de la biodiversité, la nature et les paysages » et avec elle, l’interdiction de ces produits dévastateurs pour l’environnement, elle indiquait, notamment  : « Si on commence à dire “on interdit là où il y a des alternatives mais on fait des dérogations et on les laisse courir dans le temps”, on sait très bien que c’est la porte ouverte au fait qu’il y ait certains néonicotinoïdes qui ne soient jamais interdits ».

Mais voila, quatre ans plus loin, oubliant ses déclarations de 2016, Madame Pompili devenue ministre de la transition énergétique dans le gouvernement Castex de la présidence d’Emmanuel Macron, elle assure son plein soutien au ministère de l’agriculture Julien Denormandie, lorsque le 6 août 2020 il accorde une dérogation aux producteurs de betteraves sucrières. Les betteraviers peuvent ainsi continuer à utiliser les néonicotinoïdes l’an prochain et jusqu’en 2023. L’argument évoqué pour justifier cette dérogation est de lutter contre les pucerons verts vecteurs de l’épidémie de jaunisse, particulièrement virulente cette année. L’interdiction était pourtant entrée en vigueur en septembre 2018. Mais à l’époque le prédécesseur de Madame Pompili s’appelait Nicolas Hulot…

Oubliant ses déclarations et engagements passés, Madame Pompili a choisi de céder au lobbying de la FNSEA et des betteraviers

Mais pouvait- elle faire autrement, sauf à démissionner comme l’avait fait Nicolas Hulot ? La ministre qui fut membre d’EELV et avec De Rugy coprésidente du groupe des député(e)s de ce parti qu’elle quitta en 2015. Se rapprochant ensuite du PS, elle fut Secrétaire d’Etat en 2016 (avant de rejoindre les rangs de LREM en 2017) déclare aujourd’hui que cette dérogation est « la seule solution possible à court terme pour éviter l’effondrement de la filière sucrière en France » et que « les alternatives aux néonicotinoïdes pour la betterave se sont avérées inefficaces pour l’instant ». Incroyable !

Comme quoi, la majorité présidentielle, censée faire la politique autrement il y a trois ans, joue désormais toutes sortes de partitions musicales, parfois très dissonantes.

Tantôt elle se présente comme les champions de l’écologie avec un gouvernement qui souhaite peindre en vert les deux dernières années du mandat d’Emmanuel Macron. A cet effet, peu de temps après sa nomination, le premier ministre Jean Castex ne se fendait-il pas d’une tribune dans Ouest-France intitulée « Tous écologistes ! » dans laquelle il affirmait, notamment …« Face aux périls que sont le réchauffement climatique, la pollution de l’air et des mers, la disparition de certaines espèces, notre pays agit déjà et se trouve à la pointe du combat mondial pour préserver la planète. Cependant, les scientifiques comme la jeunesse, nous poussent à aller plus loin et plus vite. Et ils ont raison ». C’était une dizaine de jours avant l’annonce d’autoriser à nouveau le recours aux néonicotinoïdes.

Tantôt, oubliant ses belles promesses « écologiques », la majorité présidentielle, dont au premier rang la ministre Barbara Pompili cède au lobbying de la FNSEA et de ses betteraviers. 80 député(é)s de LREM, MoDem, Agir et des Républicains publient une tribune dans le journal l’opinion intitulée « Avoir les moyens d’agir en cas de crise sanitaire menaçant nos productions agricoles ». Contrairement à ce que le titre peut laisser penser, c’est bien la filière de la betterave sucrière dont il est question. Parmi les signataires de cette tribune, l’on trouve Stéphane Travert, ancien ministre de l’agriculture, Jean-Baptiste Moreau, porte-parole de LREM et agriculteur, ainsi que Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale. Un trio représentatif des intérêts croisés du lobby agricole.

Les arguments énoncés ne varient pas « La filière betteravière française se trouve face à une impasse technique empêchant les agriculteurs-planteurs de pouvoir préserver et protéger leurs cultures », écrivent les élus, reprenant le discours qu’aucune alternative n’existe.

Un soutien fort d’une majorité de responsables et élu(e)s de droite et des Républicains à la dérogation gouvernementale des néonicotinoïdes

Pour cette dérogation des néonicotinoïdes le gouvernement a pu compter sur le soutien des élus de droites et LR qui, eux aussi, ont manifesté par tribune interposée le souhait de réintroduire rapidement l’insecticide tueur d’abeilles. Une centaine d’entre eux, dont Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau, Hervé Morin, François Bellamy, Christian Jacob, Philippe Bas… avaient adressé le 29 juillet une lettre ouverte au président de la République. Dans «  halte au sabordage de la filière betteravière », ils dénonçaient « une réglementation trop rigide », demandant du « pragmatisme » si cher à LREM. Dans cette lettre aux intonations parfois catastrophiques ils ne faisaient que réclamer ce que souhaitait le lobbying de la FNSEA et de ses betteraviers, auquel ils participent.

La FNSEA, le lobbying betteravier et ses responsables politiques serpillières n’ont que faire de l’avis des scientifiques

La solution retenue par le gouvernement par : « l’enrobage des semences (avec les néonicotinoïdes ne présente aucun risque pour les abeilles ». C’est ce que disent les représentants de la filière, dont Roland Lescure en sa qualité de président de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale, affirme qu’il s’agit « des gens raisonnables ».

Ce n’est pourtant pas ce que disent les études scientifiques sur le sujet, qui montrent que le produit, sous la forme d’une semence enrobée qui infuse l’ensemble de la plante tout au long de sa croissance, reste dans les écosystèmes et peut se retrouver dans les cultures l’année suivante. Dans une étude publiée en Novembre 2019, des chercheurs du CNRS et de l’Inra ont ainsi trouvé des traces de néonicotinoïdes cinq ans après leur diffusion  https://www.actu-environnement.com/ae/news/neonicotinoides-residus-pollinisateurs-34511.php4

À partir de ces données, les évaluations de la mortalité basées sur les modèles et paramètres des agences sanitaires suggèrent un risque non négligeable pour les abeilles butineuses. Pour les abeilles domestiques, le risque a été maximal en 2014 et 2016, avec environ 50 % des butineuses susceptibles de mourir de l’imidaclopride dans 12 % des parcelles étudiées. Ces mêmes années, entre 10 et 20 % des parcelles présentaient un niveau de contamination associé à un risque de mortalité équivalent pour les bourdons et abeilles solitaires. Ces résultats indiquent qu’une persistance d’usage des néonicotinoïdes sur certaines cultures de plein champ pose un risque pour les abeilles et pollinisateurs visitant d’autres cultures, non traitées : http://www.cnrs.fr/fr/neonicotinoides-malgre-le-moratoire-de-lue-un-risque-persiste-pour-les-abeilles

Pour conclure

De dérogations en dérogations entre amitiés présidentielles évidentes pour le Puy du Fou, même ci celles-ci sont démenties et lobbying de la FNSEA, des betteraviers et de nombreux autres qui imposent leurs diktats aux gouvernements successifs, ne nous étonnons pas si le mécontentement gagne une part de plus en plus importante de la population et surtout décrédibilise une classe politique dont les ministres, telle madame Pompili disent une chose un jour, mais font l’inverse le lendemain, à l’instar du premier d’entre eux.