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La direction d’Airbus a présenté jeudi un plan prévoyant la suppression de 5 000 emplois en France, dont plus de  3 500 à Toulouse : 2 398 à la production, 980 au siège et le reste dans des filiales de l’avionneur.

Mobilisation le 9 juillet

Les syndicats, FO en tête, ont dénoncé « un cataclysme social » et en ont appelé à la responsabilité du gouvernement. « Comment l’État peut-il accepter autant de licenciements ? », s’est par exemple indigné le responsable de FO, Jean-François Knepper. 

Dans l’ensemble, les syndicats acceptent les licenciements, et ne demandent qu’une baisse de leur nombre, mais la CGT, elle, s’oppose catégoriquement à cette stratégie, accusant la direction d’Airbus de chercher  « à imposer des accords de compétitivité pour imposer des reculs sociaux au nom du maintien de l’emploi ». La confédération a donc appelé les salariés du groupe à manifester jeudi 9  juillet, des rassemblements étant prévus à Toulouse, Pamiers, Tarbes, Nantes et Saint-Nazaire.

Préserver le secteur

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a lancé jeudi un appel à se mobiliser pour sauver l’aéronautique français. Le syndicaliste s’est dit « préoccupé » par la situation de  « cette filière déterminante pour notre pays ». « Il faut que les collectivités se mobilisent aux côtés des salariés pour empêcher le plan annoncé par Airbus  », a-t-il ajouté.

Fabien Roussel estime que pour préserver le secteur, les actionnaires d’Airbus ( qui ont récolté 1  milliard d’euros de dividendes l’an dernier ) « doivent participer à l’effort pour éviter la casse sociale. Il n’y a aucune fatalité à supprimer des emplois dans l’aéronautique. »

Responsabilité de l’Etat

«  Les aides publiques (15  milliards de l’État pour l’aéronautique et Air France – NDLR) doivent être conditionnées au maintien des emplois et à l’investissement dans la recherche et la formation. L’argent public ne doit pas être utilisé pour mettre au chômage. L’État, actionnaire d’Airbus, ne peut laisser faire, sinon il se rend complice ! », a ajouté le responsable communiste. 

Et en ce qui concerne la baisse incontestable de l’activité, il propose simplement, et logiquement, de réduire le temps de travail. « Que les salariés travaillent moins mais travaillent tous ! », clame-t-il. 

Airbus, licenciement
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Mercredi 19 février, Airbus a annoncé son intention de supprimer 2 362 postes sur 34 000 d’ici à 2021 dans sa division Defence and Space. L’Allemagne, plus grande base industrielle d’Airbus sera la plus touchée, avec 829 postes supprimés, suivie par l’Espagne (630), la France (404) et le Royaume-Uni (357). Les 142 autres postes seront répartis entre les pays européens restants.

« Base de coûts appropriée »

« Pour la troisième année consécutive », les livraisons sont inférieures aux commandes nettes, « principalement en raison de l’atonie du marché spatial et du report de plusieurs contrats de défense », précise le nouveau directeur général d’Airbus, Guillaume Faury, dans une interview donnée à La Tribune. « Nous avons donc revu à la baisse le nombre de contrats export que nous pouvions signer », explique-t-il, admettant tout de même que « l’année 2019 a très largement confirmé une nette amélioration de l’avancée du programme. »

« Nous prévoyons de nombreuses opportunités pour notre activité spatiale. C’est pour cela que nous voulons aborder cette période avec une base de coûts appropriée à la situation du marché », se justifie ensuite monsieur Faury.

Prévisible, mais injustifiable

« On savait que les déboires du programme de l’A400M (avion de transport militaire – NDLR), dont le surcoût se chiffre à près de 10 milliards d’euros, allaient avoir des retombées sociales, singulièrement en Allemagne et en Espagne », explique, fataliste, Thierry Préfol, délégué syndical central (CFE-CGC, majoritaire) d’Airbus DS.

De plus, « l’activité spatiale a enregistré un ralentissement en 2017-2018, ce qui crée mécaniquement un creux en 2019-2020 étant donné qu’un programme satellite court sur deux années », ajoute le syndicaliste.

En revanche, « dans un contexte où le marché spatial se porte mieux et où il nous faut conserver toutes nos compétences clés », rien ne justifie qu’Airbus DS réduise ses effectifs. D’autant que la « militarisation de l’espace, voulue par Emmanuel Macron, qui plaide pour un développement de la défense spatiale » devrait tirer le marcher vers le haut, explique Thierry Préfol.