Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez veut sanctionner pénalement l’apologie du franquisme
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Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez veut sanctionner pénalement l’apologie du franquisme, au motif qu’ «  en démocratie, on ne rend pas hommage aux dictateurs et aux tyrans  ». Un projet sensé, mais pourtant loin de faire l’unanimité, à droite comme à gauche.

Important débat

Bien qu’ils soient nombreux, à gauche, à estimer qu’ «  il était temps  »  de sanctionner l’apologie du franquisme, ils sont tout autant, à droite, à qualifier cette pénalisation d’atteinte aux libertés d’expression et d’opinion. Et même dans les rangs de la majorité, la mesure ne fait pas l’unanimité, certains la jugeant peu opportune au regard du travail de mémoire encore nécessaire sur le sujet.

Le 16 février dernier, le quotidien de centre gauche El País  rappelait par exemple qu’il existait déjà un délit « d’incitation à la haine », et estimait que créer « une norme spécifique pour des délits et expressions minoritaires qui ne sont pas suivies d’actes objectivement préjudiciables » s’apparentait à une « agitation propagandiste ».

Le chroniqueur Iñaki Gabilondo, figure emblématique de la gauche médiatique, s’est également prononcé « contre la pénalisation de l’exaltation du franquisme », qui pourtant lui « retourne les tripes », car en « limitant la liberté d’expression », le gouvernement démontre « la faiblesse des convictions démocratiques ». « Nous n’avons pas besoin de murailles, mais de citoyens », a martelé le chroniqueur.

« La tombe du dictateur est toujours payée par l’État »

« Ce qui manque, c’est une éducation et une culture démocratique », explique le président de l’Association pour la récupération de la mémoire historique, Emilio Silva. Car en Espagne, il est relativement fréquent d’entendre les personnes ayant vécu à cette époque vanter « l’ordre », la « sécurité » ou la « morale », et dire que « sous Franco, on vivait mieux ».

Monsieur Silva remet également en cause la pertinence de la mesure, « alors même que le franquisme n’a pas été jugé ni condamné ». « On va se retrouver avec des blogueurs en prison pour avoir dit “Viva Franco”, alors que la tombe du dictateur est toujours payée par l’État et que toutes les tentatives pour ouvrir des enquêtes pénales sur les responsables franquistes ont été empêchées », s’inquiète-t-il.

Politique

La cour d’appel d’Angers s’est prononcé le mardi 12 août dernier contre le maire de Cholet dans le Maine-et-Loire, Gilles Bourdouleix. Condamné pour des propos tenus au mois de juillet 2013 à l’encontre d’une communauté de gens du voyage installée sur sa commune, le député-maire écope ici d’une amende de 3000 euros.

Gilles Bourloudeix avait en effet déclaré lors d’une altercation avec une communauté de gens du voyage installée illégalement sur un territoire agricole de sa commune : « Hitler n’en a peut-être pas tué assez ». Des propos racistes indignes de sa position d’élu local et que l’ensemble de la classe politique avait alors condamné.

Les cadres du parti centriste UDI (Union des démocrates indépendants) auquel appartenait Gilles Bourloudeix ainsi que son président Jean-Louis Borloo avait  alors exigé l’exclusion du député-maire. Il aura finalement démissionné de lui-même.

Poursuivi dans ce cadre pour « apologie de crime contre l’humanité », le maire de Cholet avait été condamné en première instance à 3 000 euros d’amende avec sursis par le tribunal correctionnel d’Angers. Trois mois avant les élections municipales, il avait fait appel du jugement, s’estimant innocent au regard du contexte dans lequel ces propos avaient été tenus. Mais la cour d’appel a donc confirmé cette condamnation.

Malgré cette affaire, M. Bourdouleix aura tout de même réussi à se faire réélire à la tête de la mairie de Cholet, en partie grâce aux soutiens officieux de l’UMP et de l’UDI qui n’avait alors investi aucun candidat concurrent.

Crédits photo : Yann