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Mardi 1er février, les péages des réseaux autoroutiers ont augmenté de 2%, conformément au contrat d’exploitation qui lie l’Etat aux groupes privés concessionnaires de la majeure partie des 9100 km d’autoroute française. Toutefois, dans le contexte actuel (hausse du prix du carburant, de l’énergie, …) cette augmentation relance le débat de la privatisation des autoroutes, en particulier en cette période d’élection présidentielle.

Responsabilité de l’Etat

Selon le sénateur de l’Essonne Vincent Delahaye, également rapporteur d’une commission d’enquête en 2020 sur « le contrôle, la régulation et l’évolution des concessions autoroutières », « l’État n’a pas été suffisamment vigilant avec les contrats de gestion du réseau ». 

« Lorsqu’il y a eu privatisation, au début des années 2000, il aurait fallu en revoir les termes. Aujourd’hui, cette hausse vient nourrir des concessionnaires qui sont largement bénéficiaires, sans que l’on puisse estimer que le résultat soit très satisfaisant en termes de service public », explique le sénateur. 

Mais le rapport sénatorial va plus loin, suggérant que l’Etat s’est lui-même sciemment piégé. « Les contrats de concession n’ont pas été revus lors de la privatisation », ce qui a conduit l’Etat « à accepter des taux de rentabilité trop élevés par rapport aux conditions de marché et donc des allongements de la durée des concessions et des augmentations tarifaires excessives », précise le texte.

Incompétence ou malveillance  ? 

Plus que de responsabilité, certains n’hésitent pas à parler de scandale d’Etat, s’interrogeant sur les intentions réelles des gouvernants de l’époque. « Thierry Breton, Bruno Le Maire, Dominique de Villepin, Élisabeth Borne, Alexis Kohler, Emmanuel Macron… Qu’ont en commun tous ces noms ? Ils ont organisé, ensemble, par leur incompétence, ou par leur malveillance, le pillage des autoroutes de France.   Ils ont transformé les automobilistes en vaches à lait de la Sanef, d’Eiffage, de Vinci », fustigeait le député insoumis François Ruffin devant l’Assemblée, le 14 janvier dernier.

« La privatisation des autoroutes est un scandale. Je ne renouvellerai pas les concessions. Nous nationaliserons les autoroutes en reprenant les concessions au fur et à mesure », promet de son côté le candidat PCF à la présidentielle, Fabien Roussel.

Politique

Alors qu’un gel de la hausse des tarifs de péages avait été négocié entre l’Etat et les sociétés concessionnaires pour 2015 et 2016, les Echos révèle qu’une augmentation sera finalement prévue dès février… 

Faire payer toujours plus aux automobilistes, c’est un peu le crédo des Vinci, Albertis et autre Eiffage qui se partagent le très juteux marché du péage des autoroutes. Un marché florissant et rentable car depuis que la droite a privatisé l’activité en 2005 les géants du secteur ont versé près de 15 milliards d’euros de dividendes à leurs heureux actionnaires. Et mis à part quelques réfection de la chaussée et l’installation de machines à café et d’urinoirs, on ne peut pas dire que les investissements ont été conséquents en dix ans. Parallèlement, il en coûte toujours plus cher aux automobilistes d’emprunter ce qui était encore il y a peu la propriété de tous : les routes.

Vers une augmentation de +1% dès 201615

Alors que le gel de l’augmentation avait été entendu entre l’Etat et les concessionnaires d’autoroutes pour 2015 avec une reprise à la hausse limitée à +0.5% par an entre 2016 et 2019, il faudra en fait compter sur une hausse de plus d’1% dès le début de l’année à venir. La promesse du maintien des tarifs n’aura tenu que quelques mois à peine, le « cause-toujours-tu-m’intéresses » semble ainsi être la marque de fabrique de ces grandes structures qui s’engraissent abondamment sur le dos du contribuable. Ségolène Royal a tout de même tenté de reprendre la main sur le dossier, mais si elle le mène de la même manière que l’Ecotax, il faudra passer à la caisse. « Je ne sais pas si cette information est exacte mais en tout cas c’est exclu puisque l’engagement avait été pris de ne pas dépasser l’inflation et même d’être en dessous ». Eh bien, ce sera bien au-dessus !

Coup de gueulePolitique

La circulation sur les autoroutes pour ce week-end s’annonce assez difficile. Mais encore, il y aura la grève des employés des Autoroutes de la France qui est prévue se tenir ce week-end exactement. En effet, différents syndicats ont lancé un appel à grève. Leur but, exiger de nouvelles embauches, car ils considèrent qu’ils ne sont pas assez nombreux pour accomplir correctement leur travail.

Depuis sa privatisation en 2006, la société Autoroute du sud de la France compte dans les 25% en ce qui concerne les pertes d’emploi. Aucun plan social n’avait été énoncé après les changements de commandes, mais avec les 1800 suppressions de postes sur les 7300 qui existaient au sein de la société, il y a de quoi se poser des questions.

Les syndicats et les employés réclament ainsi l’embauche de nouveaux salariés pour que le travail puisse se faire correctement, pour éviter aux employés également de se retrouver dans des conditions de travail regrettables. Il est vrai en plus que les effets de se manque d’effectif ne se ressens pas seulement au niveau du bien-être des travailleurs qui stressent avec tout le boulot à faire, mais aussi sur les usagers qui sont obligés de faire avec les moyens du bord, le personnel ne pouvant pas intervenir dans les temps.

 

Crédit photo: Tabl_trai