Brexit, pêche
Idées

Pour faire pression sur Bruxelles, le Royaume-Uni a décidé d’interdire aux navires bretons et normands d’accéder aux eaux entourant les îles anglo-normandes de Guernesey, Sercq et Aurigny. Si cette fermeture perdure, les pêcheurs français devront se replier sur les eaux françaises et internationales déjà très exploitées, notamment par les Belges et les Néerlandais.

Faible valeur, mais gros volume

« Tant que Boris Johnson n’a pas vidé son sac, on ne sait pas à quelle sauce on sera mangés ! », s’inquiète Olivier Leprêtre, président (CFTC) du Comité régional des pêches des Hauts-de-France. Car même si les pêcheurs français ne réalisent que 19%, en valeur, de leurs prises dans les eaux britanniques (contre 50% pour les pêcheurs belges et 34% pour les néerlandais), en termes de quantité la part monte à 50% pour les pêcheurs bretons, et 75% pour ceux des Hauts-de-France.

Si le Royaume-Uni décidait de prolonger la fermeture de ses eaux territoriales, comme le souhaitent les pêcheurs britanniques, les conséquences se feraient donc immédiatement sentir de l’autre côté de la Manche. « Nous avons eu des échos sur la possibilité d’un compromis sur ces eaux de pêche, mais est-ce toujours d’actualité ? Une négociation reste une négociation », commente, réaliste, Frédéric Drogerys, président du Comité départemental des pêches du Nord et représentant de la CGT des marins pêcheurs.

Concurrence européenne

La situation est particulièrement préoccupante à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), où les navires français atteignent les eaux britanniques presque immédiatement après être sortis du port. Là, plus qu’ailleurs, les pêcheurs doivent donc se cantonner aux eaux françaises, une zone très restreinte, où ils subissent déjà la concurrence de leurs amis européens.

« Les Belges et les Néerlandais pêchent dans nos eaux. On risque donc de nous retrouver dans des petites zones, où les ressources seront surexploitées. Nous serons les uns sur les autres, alors que les casiers à homards, par exemple, sont incompatibles avec les chaluts de fond », prévient Olivier Leprêtre.

Politique

Une étude réalisée en Grande-Bretagne témoigne de la crainte des patrons britanniques de voir leurs salariés étrangers quitter le pays pour cause de Brexit.

 

Ce sont plus de 25% des employeurs de Grande-Bretagne employant du personnel non britannique qui craignent que ceux-ci ne désertent leur entreprise ou le pays pour cause de complications réglementaires dues au Brexit. C’est le résultat d’une étude menée par le Chartered Institute of Personnel and Devevelopment (CIPD). L’enquête révèle par ailleurs que cette proportion monte même à 43% et 49% pour les secteurs de la santé et de l’éducation.

 

En cause bien entendu, le durcissement d’accès au marché britanniques pour les travailleurs étrangers promis par Theresa May à la suite de la victoire au référendum, pour une mise en application à l’horizon 2019.

 

Même si dans le détail, on ne connaît pas encore les mesures précises qui seront mises en place, il devrait cela étant être bien plus difficile qu’auparavant pour un travailleur français, polonais, turque ou portugais de s’installer en Grande-Bretagne afin d’y travailler.

 

Déjà de la friture sur la ligne

 

Il faut dire que les conséquences du Brexit sur l’emploi se font déjà sentir dans le Royaume puisqu’un nombre conséquent de postes restent pour l’instant vacants dans l’hôtellerie, la restauration, le commerce de gros et de détail ainsi que le secteur manufacturier. Autant de secteurs dans lesquels le personnel étranger était jusque là très présent.

 

Pour Gerwyn Davies, conseiller du CIPD en charge du marché de l’emploi, les entreprises britanniques se trouvent face à une « défi pour les secteurs qui ont toujours dépendu de la main d’œuvre non-britannique et qui sont particulièrement vulnérables face au changement de politique d’immigration ».

 

Un manque de main d’œuvre qui sait par ailleurs déjà fait ressentir dans le secteur agricole en l’occurrence, un secteur qui n’a pas pu embaucher autant que souhaité pour cause de livre trop forte.  

Politique

Les conséquences économiques du Brexit pour l’Europe commencent à se dessiner au niveau macro et micro.

Depuis que la Grande-Bretagne a voté pour sa sortie de l’UE, les analystes s’activent pour déterminer les scénarios ou plutôt les conséquences négatives du Brexit. Si la Grande-Bretagne mettra in fine plusieurs années à véritablement sortir de l’UE et si toutes les conséquences ne sont pas totalement encore connues, quelques grandes tendances se dégagent tout de même.

La France verra ainsi son tissu de PME exposées voire très exposées même pour celles qui orientent la majeure partie voire la totalité de leur business vers la Grande-Bretagne avec des faillites à répétition pour bon nombre d’entre elles.

D’une manière plus générale, les exportations souffriront d’une perte située entre 2,4 milliards et 3,2 milliards d’euros pour les secteurs de l’agroalimentaire et de la chimie entre autre. Parallèlement, les investissements britanniques en France reculeront de près de moitié, passant de 5,2 milliards à 3,2 milliards d’euros selon les dernières études.

Qui dit sortie de l’UE dit également remise en place des barrières à la frontière. Du coup, il devrait selon toute logique falloir un visa pour étudier ou travailler en Grande-Bretagne, ce qui rend de facto beaucoup plus complexe l’installation ou le maintien sur place de très nombreux Français travaillant dans le Royaume, soit 300 000. Idem du côté des Britanniques travaillant en France (200 000) qui devraient alors également être en possession d’un visa de travail temporaire.

Plus encore, certains analystes craignent une crise financière sinon une réelle défiance en matière d’investissements en Europe. Et du côté du tourisme, là encore, des conséquences sont à craindre : les citoyens britanniques ne pourraient plus circuler librement dans l’espace Schengen sans visa touristique sans compter qu’avec la chute de la livre, résultat direct du Brexit, leur pouvoir d’achat pourtant si apprécié sera en berne.

Finance, tourisme, agroalimentaire, chimie, investissements… les effets néfastes du Brexit commencent déjà à poindre le bout de leur nez et nous n’en sommes qu’au début.