Coup de coeur

Francois-Hollande-Cecile-Duflot.jpg La place des Verts au Gouvernement ne tient plus qu’à un fil. Constamment en désaccord avec le président et ses ministres, les écologistes ont les plus grandes difficultés à affronter l’épreuve du pouvoir et à jouer collectif au sein de la majorité. Les voix, à gauche comme à droite, se font de plus en plus nombreuses pour dénoncer leur incapacité à soutenir le redressement économique de la France et leur obscurantisme idéologique. Surtout lorsque cela les conduit à tenter de bloquer sans raison valable des projets industriels comme celui de l’entreprise Placoplatre au fort de Vaujours, la question de leur départ du Gouvernement se pose manifestement.

« L’écologie à géométrie variable »

Depuis les élections européennes de 2009, date de son dernier succès électoral, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a entamé une chute sans fin. Lessivés lors de l’élection présidentielle avec un score légèrement supérieur à 2 %, les Verts sont néanmoins entrés au Gouvernement à la faveur d’un accord passé préalablement avec les socialistes. Une bouée de sauvetage ? Plutôt une pierre pour mieux couler. L’exercice du pouvoir ne fera en effet que précipiter les dissensions internes. Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère et, surtout, Pascal Durand, alors secrétaire national, abandonnent successivement le navire, avec pertes et fracas. Au cœur de leurs critiques : le leadership pour le moins autoritaire de Cécile Duflot, ministre du Logement et de Jean-Vincent Placé, autrefois en couple et aujourd’hui compagnons d’infortune.

Derrière les jeux politiciens qui n’intéressent au final que les militants (et encore), politiquement aussi c’est la curée pour les écologistes. En conflit ouvert avec une large partie des membres du Gouvernement, la question de leur démission ou de leur éviction est en permanence réactivée, empiétant obligatoirement sur l’action de l’Exécutif. Sur les questions écologiques, ils sont en désaccord avec Arnaud Montebourg et Laurent Fabius sur le gaz de schiste et avec Jean-Marc Ayrault concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Alors que la réalité économique et sociale de la France les rattrape souvent leur positionnement utopique par le col de la veste.

Dans ce contexte, si le Gouvernement essaie de maintenir un semblant d’unité, les voix à gauche se font de plus en plus nombreuses et acerbes à l’égard des Verts. C’est le cas de Jean-Michel Baylet, président du Parti radical, qui les accuse « d’obscurantisme nuisant à la majorité et au redressement de la France ». Même son de cloche de la part de Jean-Pierre Chevènement, plusieurs fois ministre, qui estime que « le Gouvernement est l’otage des Verts », notamment en matière nucléaire. Mais le pire désaveu est probablement venu de Delphine Batho, ancienne ministre de l’Ecologie et réputée proche des Verts, selon qui « pour les Verts, la défense de l’écologie est à géométrie variable ». « Ils se préoccupent davantage des enjeux d’appareil », a-t-elle asséné sur Europe 1.

Dogmatisme peu éclairé

Et force est de constater que ces lourdes critiques en forme d’accusation ne sont pas sans fondement. Dans la bataille des municipales, les écologistes ont en effet pris des positions pour le moins singulières et purement électoralistes. A cet égard, l’exemple du fort de Vaujours, situé en Seine-et-Marne, à quelques kilomètres de Paris est emblématique. Le fort, autrefois utilisé par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), a depuis été décontaminé en vue d’une réhabilitation. C’est dans cette optique que l’entreprise Placoplatre a racheté la friche afin d’y exploiter une carrière de gypse, permettant une reprise substantielle d’activité, la création de nombreux emplois et, in fine, la production d’un matériau de construction entrant dans le cadre du programme de rénovation énergétique des logements.

Un projet réfléchi, aux retombées économiques et écologiques positives, face auquel les écologistes se sont néanmoins soulevés, accompagnés par une poignée d’associations locales. Les Verts se sont ainsi engouffrés dans cette brèche dans le seul but de jouer les premiers rôles politiques. De fait, le Parti ne peut se permettre de réaliser de mauvais résultats dans la région-clé d’Ile-de-France. Malheureusement pour eux, cette prise de position n’est étayée par aucun fondement environnemental et scientifique et risque de faire long feu. Rien de moins que l’Agence régionale de santé, le CEA, la préfecture de Seine-et-Marne, ainsi que la DDASS, la DRTEFP et l’INVS sont en effet monté au créneau pour contredire les déclarations fallacieuses des Verts et des associations et rassurer la population sur le taux de radioactivité du fort de Vaujours, parfaitement dans la norme nationale. Un sérieux coup d’arrêt pour Hélène Lipietz et Aline Archimbaud, sénatrices EELV de Seine-et-Marne et Seine-Saint-Denis, dont la posture mensongère flirte avec l’amateurisme.

A l’agonie au sein du Gouvernement, réduit à des bassesses politiques pour se positionner sur l’échiquier politique des municipales, les écologistes représentent donc plus un fardeau qu’un atout pour la majorité. Les 3,31 millions de chômeurs français n’ont pas besoin de ce dogmatisme peu éclairé, mais plutôt des emplois que des projets industriels viables comme celui du fort de Vaujours peuvent apporter. D’après l’IFOP, 52 % des Français estiment que les écologistes doivent quitter le Gouvernement et 75 % d’entre eux jugent les ministres verts incompétents. L’heure de la sortie a-t-elle (enfin) sonné ?

Politique

Livre : pour supprimer les partis politiques – Réflexions d’un apatride sans parti

Daniel Cohn-Bendit (Auteur) – Essai (broché). Paru en 02/2013

Les mots de l’éditeur :

« Cours, cours, camarade, le vieux monde politique est derrière toi ! »

L’homme qui participa, en Mai 68, à la réinvention de la société, propose ici de fonder une forme d’action collective qui ne passe pas forcément par un parti politique.

« Un parti, écrit-il, c’est un blindage, une structure fermée, presque génétiquement hermétique à la société.

» Mais comment résoudre cette exigence d’ouverture quand notre imaginaire baigne dans une conception figée, contraignante, des rapports de force, quand il est vampirisé par « l’imaginaire capitaliste-libéral » ?

Pour construire ce sujet pensant autonome capable d’engendrer un collectif lui-même pensant et autonome, « Dany » exhume une chaîne de penseurs comme le Français André Gorz, premier théoricien de l’écologie politique ; le psychanalyste grec, Cornelius Castoriadis, adepte de « l’utopie plausible » ; l’universitaire de Rabat, Fatima Mernissi, et son « miracle de la boîte noire où tu mets ton bulletin de vote » ; le sociologue allemand Ulrich Beck qui réinvente un contrat social fondé sur le risque.

Une nouvelle fois, Cohn-Bendit agrandit le champ des possibles, tout en restant fidèle à ce qu’il appelle « ma ligne libertaire ».