Coup de gueuleInternational

L’État du Queensland a décidé de céder les terres des nations indigènes Jagalingou et Wangan à la mine de charbon Adani

Les Jagalingou et Wangan étaient pourtant propriétaires en titre de ces 1385 hectares de terres dans le bassin de Galilee. La décision avait pour but de rester discrète ; aucune annonce publique de la décision n’a été faite. La police a désormais les mains libres pour expulser les opposants au projet de leur terres traditionnelles, y compris des terres sacrées utilisées pour des cérémonies.

Le Queensland chasse les indigènes de leurs terres

Le représentant du Conseil Jagalingou et Wanga, ainsi qu’un groupe de représentants des deux nations avaient demandé au gouvernement de ne pas les priver de leurs terres ancestrales. Ces groupes avaient en effet donné leur accord à Adani pour l’occupation de leur pays. Ils ont appris la nouvelle lors d’une réunion négociant une pause des locations de terres aux entreprises minières. Les représentants ont découverts que le gouvernement avait fait cadeau de leurs terres à Adani. L’entreprise en est aujourd’hui l’unique propriétaire, y compris en ce qui concerne les terres sacrées.

Selon Burraguba, un opposant au projet ; « nous sommes des intrus dans notre propre pays ». Adani s’était d’ailleurs préparé ; la police attendait les opposants pour leur signifier qu’ils étaient sur un terrain privé. Normalement pour lancer un projet minier sur des terres indigènes l’entreprise doit obtenir un accord d’utilisation. Actuellement les opposants sont toujours présents sur les terres mais risquent d’en être délogés. Sans surprise l’État s’est donc mis du côté du milliardaire Adani. Rappelons qu’une récente étude a démontré que le projet de mine ne serait pas viable sans le cadeau de 4,4 milliards de dollars de la part du gouvernement.

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Le ministère des enfants applique une politique racialisée, coercitive, prénatale et régionalisée d’enlèvement des enfants à leurs parents

Ce ministère est aussi appelé Oranga Tamariki, en maori. Les enfants enlevés à leurs parents sont très majoritairement maoris et la décision est prise par décision judiciaire avant même la naissance de l’enfant. Selon Emily Keddel de l’Université d’Otago, son analyse des statistiques entre 2008 et 2018 peignent une « sombre image ».

Des enfants majoritairement maoris

Entre 2015 et 2018 le nombre d’enfants enlevés à leurs parents avant leur trois mois a augmenté de 33 %. Alors que l’enlèvement d’enfants non-maoris est resté le même ces 10 dernières années, le taux d’enfants maoris est passé de 67 à 103 enfants sur 10 000. Certains leaders maoris accusent même Oranga Tamariki de cibler disproportionnellement les enfants maoris ; trois d’entre eux sont enlevés par semaine.

Une autre découverte troublante est que l’enlèvement d’enfants a chuté dans toutes les régions de Nouvelle-Zélande excepté ; Northland, Wellingon, East Coast et Waikato. Ces régions de l’île du nord ont vu l’enlèvement de 175 bébés en 2017-2018, contre 111 l’année précédente. Il faut noter que les populations maoris se trouvent principalement dans l’île du nord. Le Docteur Keddel a aussi découvert que la décision judiciaire d’enlèvement d’enfants avant leur naissance a augmentée de 320 %. Cette augmentation vise essentiellement des enfant maoris.

Une réforme aggravant la situation

Selon Mme Keddel la réforme de Oranga Tamariki de 2015 est une des origines du problème. Cette réforme vise à une intervention rapide, en amont des problèmes. Ceci a pour effet de mener à un enlèvement presque préventif des enfants plutôt que de fournir des aides et du soutien aux familles. Il semble pourtant évident qu’enlever un enfant à sa famille devrait être la dernière solution. Cependant cette réforme ne portant pas d’évolutions en terme de travail social ; le résultat était couru d’avance.

Selon le docteur Keddel la grande disparité géographique en terme d’enlèvement s’explique par des « facteurs de stress extérieurs ». La pauvreté et les problèmes de logement sont au cœur du problème dans ces quatre régions. Les enfants des quartiers pauvres sont 9,4 fois plus susceptibles d’êtres enlevés que ceux des quartiers riches.

Classe, race et colonialisme

Par ailleurs les amendements à la Loi Oranga Tamariki incluent désormais dans la définition d’abus sur mineur les abus émotionnels et l’exposition à la violence au sein du couple. Pour le docteur Keddel ces ajouts sont utiles pour comprendre le mal causé aux enfants mais élargissent beaucoup trop les définitions. De nombreuses familles se retrouvent ciblés par les services de protection de l’enfance. Or loin de fournir des moyens d’agir sur ces problèmes, qui sont souvent des problèmes de pauvreté, la seule option offerte est l’enlèvement des enfants ; « quand on a un marteau, chaque problème a la forme d’un clou ».

Oranga Tamariki a du défendre sa politique suite à des vidéos particulièrement difficiles à visionner ; notamment l’enlèvement d’un nouveau-né à sa mère. Si il n’est pas toujours possible de faire autrement il existe d’autres solutions qui ne sont pas étudiées. Actuellement les lois mènent à une punition de la pauvreté, elle-même souvent un héritage de la colonisation des peuples premiers de Nouvelle-Zélande. Il est clair que quel que soient leurs intentions, Oranga Tamariki applique une politique structurellement raciste et punissant la pauvreté plutôt que d’aider les familles en difficulté.