Uber, crise, Restaurateurs
EconomieSociété

La crise sanitaire a poussé de nombreux restaurateurs à se tourner vers les plateformes de livraison de repas à domicile, comme Uber Eats, Deliveroo ou JustEat. Un service qui leur évite la faillite, mais à quel prix  ? 

Commissions et frais de service

Uber Eats et Deliveroo appliquent une commission standard de 30 % du prix de la commande. Pour une commande de 20 euros par exemple, le restaurateur devra reverser 6 euros à la plateforme. Somme à laquelle s’ajoutent des frais de service de 10 %, à la charge du client cette fois. 

La méthode, si extravagante soit-elle, a ses partisans comme ses détracteurs. «  Nous collaborons avec ces plateformes depuis que nous avons ouvert. Il y a trois semaines, grâce à un volume de ventes important, nous avons signé un contrat d’exclusivité avec Uber, ce qui nous a permis de baisser les commissions en dessous de 30%  », se réjouit le gérant du restaurant parisien Chicky Parisian, qui préfère garder pour lui le montant de sa nouvelle commission. 

Elle tournerait «  autour de 25 %, voire moins  » estime Jéremy Le Troadec, directeur du restaurant l’Ambassade bretonne, qui lui a refusé de signer l’exclusivité. «  Même si on est content de les trouver, nous n’avons aucun interlocuteur à qui nous adresser, et ils se dédouanent systématiquement lorsqu’on rencontre un problème de commande ou de livraison », déplore-t-il.

Uber «  soutient les restaurateurs  »

Accusé de profiter de la crise, Uber répond que sa plateforme n’est pas censée représenter l’activité principale du restaurant, mais seulement «  générer un complément en parallèle de l’activité en salle  ». «  Nous faisons tout notre possible pour soutenir les restaurants  », affirme le géant californien, qui rappelle avoir supprimé ses «  frais d’activation  », facturés entre 250 et 600 euros. L’enseigne aurait également ouvert un fond pour aider les restaurateurs. 

Édouard Bernasse, ancien livreur Deliveroo maintenant membre du Clap (Collectif des livreurs autonomes de Paris), n’est pas dupe quant à cette aide. «  Lorsqu’ils ouvrent un fonds pour aider les restaurateurs, ça se répercute sur la rémunération du coursier. C’est du social washing.  Les restaurateurs mettent un pied dans l’uberisation dans ce qu’elle a de pire. Au début on leur a vendu de la supervisibilité, mais ils découvrent le côté algorithmique et la subordination à la plateforme  », explique-t-il.

Politique

Malgré des années de politique de décentralisation, la France est toujours très divisée face à la crise entre Paris et la Province. La crise de 2008 a même accentué les écarts.

C’est une étude de l’Insee menée entre 1990 et 2013 qui met en lumière la non-efficacité de décennies de politique – ou plutôt de tentative – de décentralisation conjuguées aux effets néfastes de la crise de 2008. Le PIB entre Paris et les différentes régions et entre régions entre elles présente ainsi des écarts colossaux dans certains cas. Sans grande surprise, le PIB par habitant à Paris et dans l’IDF est de 53 639 euros contre 27 687€ en province et 32 559 euros en moyenne dans toute la France métropolitaine.

Les politiques menées depuis trente ans ne sont pas parvenues à inciter les chefs d’entreprise à s’établir en province et la crise n’a rien arrangé. La région Bourgogne-Franche-Comté connaît ainsi le plus important recul de richesse constaté avec la perte d’1% de PIB par an entre 2008 et 2013. Autres région particulièrement concernée : le quart nord-est, ancienne région industrielle. La crise a ainsi rendu la tâche encore plus complexe pour les régions que sont l’Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Bourgogne-Franche-Comté et Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Quelques régions gardent toutefois la tête hors de l’eau et rivalisent quelque peu avec Paris : PACA et Auvergne-Rhône-Alpes notamment où l’industrie de la  recherche ou l’activité du transport et du fret restent un relais de croissance important.

 

Politique

Le groupe Bouygues ne semble pas au mieux en ce début d’automne. Après la société LCI la semaine dernière, c’est au tour de sa filiale Bouygues Telecom de se délester de plusieurs centaines d’employés. La société de télécommunication a rencontré ce mercredi 24 septembre les syndicats de salariés dans le cadre de la présentation de ce nouveau plan de réduction des effectifs.

Si la suppression des effectifs est un peu moins élevée que prévu (1404 emplois contre les 1516 initialement prévus), ce plan vient s’ajouter aux 600 départs déjà finalisés par Bouygues Telecom en 2013. Une période difficile pour l’opérateur en période de crise et sur un marché fortement concurrentiel. Un contexte qui se répercute une fois de plus sur les salariés.

Fragilisée par la concurrence soutenue de Free mobile depuis janvier 2012 et l’échec de sa tentative de rachat de SFR en mars dernier, Bouygues Telecom mise aujourd’hui sur la 4G, les réseaux et la réduction des prix. Une stratégie offensive qui implique logiquement une réduction des coûts et la suppression de centaines de postes.

Les syndicats quant à eux, reconnaissent les difficultés rencontrées aujourd’hui par l’opération, mais manifestent néanmoins leurs inquiétudes concernant les modalités de mise en œuvre du plan par la direction. Car si celle-ci ne trouve pas suffisamment de candidats au départ, elle aura forcement recours à des licenciements.

Comme l’a déclaré dans ce sens Bernard Allain, délégué FO au sein de Bouygues Telecom, « personne ne conteste la réalité économique et la nécessité d’un changement dans le groupe, cependant nous regrettons que les départs soient contraints et non pas uniquement volontaires ».

Les 1404 départs prévus concerneront principalement les divisions marketing, informatique et les fonctions supports.

Crédits photo : Bledard92

Coup de gueule

06drrestos_du_coeur.jpg

Les Restos du Cœur ont franchi, jeudi 19 décembre, le cap du million de bénéficiaires. L’association qui soutient les personnes démunies en leur distribuant gratuitement de la nourriture, bat ainsi un triste record en cette période de fête.

En effet, lors de la période hivernale de 2012, l’association créée en 1985 par l’humoriste français Coluche, avait déjà vu le nombre de ses bénéficiaires grimper de 11% sur un an, pour atteindre 960.000 personnes.

Des bénéficiaires composées en grande majorité de demandeurs d’emplois (57%), d’étudiants (10%) et de retraités (8%). L’association avoue d’ailleurs que le nombre de personnes sollicitant son aide a augmenté de 40% depuis le début de la crise. Elle indique également que la plupart de ces nécessiteux vivent seuls (35%), accompagnés d’un (14%) voir deux (11%) enfants. Vis à vis du logement 41% des bénéficiaires résident en HLM et 38% en logement privé.

Les 2.070 centres d’accueil de l’association sont animés par plus de 66.000 bénévoles et plusieurs dizaines de permanents.

EconomiePolitique

La crise qui vient : la nouvelle fracture territoire – Laurent Davezies

Les mots de l’éditeur :

L’ouvrage analyse les effets territoriaux des crises qui frappent simultanément notre pays. Crise financière, crise de la dette, crise de l’énergie : chacune, à sa façon, joue et jouera fortement sur le destin des territoires. Ces chocs et leurs impacts territoriaux ne sont pas conjoncturels, mais structurels. Ils signent la fin d’un cycle de trente ans. Durant les grandes crises antérieures (1973, 1983, 1993), qui avaient accéléré les changements structurels dans le pays, les aides publiques avaient permis aux territoires de connaître un développement aussi inattendu qu’ignoré. Hier, les amortisseurs étaient plus puissants que les chocs. Ce n’est plus le cas depuis 2008. Avec la crise des finances publiques et sociales, ce qui, hier, avait porté et protégé les territoires les menace aujourd’hui. Une ère s’achève : celle de la croissance et du développement des territoires suburbains, fondée sur la consommation (elle-même financée par les déficits publics et l’endettement). De plus en plus, notre société sera assise sur une croissance faible, le sevrage de la dépense publique et la restriction du crédit. L’énergie chère et la crise de l’économie résidentielle laissent prévoir un retour à la production et aux métropoles. Les cartes se redistribuent. Les changements en cours remettent en cause le mode de développement qui prévalait depuis trente ans. En d’autres termes, le nouvel ouvrage de Davezies annonce et décrit la crise des années 2010-2020.

Laurent Davezies est professeur à l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC), en poste à l’Institut d’urbanisme de Paris. Il a publié La République et ses territoires. La circulation invisible des richesses (La République des Idées / Seuil, 2008).