féministes, Dupond-Moretti, Darmanin
PolitiqueSociété

Depuis une semaine, des milliers de féministes partout en France dénoncent les nominations de Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti aux postes de ministre de l’Intérieur et de la Justice.   

« Culture du viol En marche »

Vendredi soir, à Paris, des milliers d’hommes et de femmes ont fustigé la « culture du viol En marche », illustrée par la nomination, aux postes de ministre de l’Intérieur et de la Justice, de Gérald Darmanin, qui fait l’objet d’une plainte pour viol, et de l’avocat Éric Dupond-Moretti, connu pour ses positions antiféministes. 

« En nommant ces ministres, le message est très clair : agresseurs, n’ayez plus peur », affirme Margot, du collectif féministe de l’université Paris-I. « On est très choquées du choix du gouvernement de nommer à des postes clés deux personnes qui incarnent la culture du viol et non le respect du mouvement des femmes qui demandent davantage de justice », regrette, un peu plus loin, Sophie Barre, une enseignante de 42  ans. « J’ai subi des violences sexuelles dans mon enfance, je vis aujourd’hui dans un environnement ultrasexiste au boulot. Quand Éric Dupond-Moretti assure que la justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux avec #MeToo, je me demande ce qu’il va répondre à toutes ces femmes dont les plaintes ne sont pas reçues dans les commissariats », ajoute à ses côtés une militante cachant son identité.

«  La présomption d’innocence est bien sûr un principe légal, mais nommer Gérald Darmanin premier flic de France, alors qu’une enquête vient d’être rouverte contre lui, c’est affirmer à toutes les victimes qu’on ne les croit pas », estime C., une militante de 29 ans qui sort la nuit pour placarder des affiches contre les violences sexuelles.

Slogans puissants

Criés ou inscrits sur des pancartes, les slogans fusaient vendredi soir. « Pas d’agresseur à l’Intérieur, pas de complice à la Justice », scandaient les manifestants. Et dans la foule, les pancartes étaient partout  : « Violence sexiste, riposte féministe », « tu parles d’une grande cause nationale, c’est la honte internationale   », « Ministère de la honte », « La puissance des femmes vaincra », pouvaient ont lire sur les panneaux.

féministes, violences policières
Coup de gueuleSociété

Des brutalités policières ont été commises contre de jeunes colleuses d’affiches dans la nuit de samedi à dimanche, lors d’une manifestation nocturne organisée dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes. La plupart ont été reconduites de force jusque dans le métro, alors que d’autres ont été brièvement incarcérées pour « groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences ».

Procédures abusives

« Il n’y avait aucune raison de charger, il n’y avait aucun débordement, aucune casse, aucune confrontation avec les forces de police », assurent Alizée, Emma et Valentine, trois colleuses aillant pris part à la marche. 

Et à l’argument selon lequel « le tracé de la manifestation n’aurait pas été respecté », avancé par la secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, pour justifier les violences policières, les jeunes femmes répondent «  Faux  !  ». «  On s’est fait violenter rue du Faubourg-du-Temple et à République, c’était le parcours prévu par le cortège », expliquent-elles. 

Preuve qu’il n’y avait aucune raison de charger, « les gardes à vue ont été levées rapidement  », note Me  Hanna Rajbenbach, l’avocate des colleuses. «  La plupart sont sorties avec un classement sans suite, ce qui souligne bien que l’infraction n’était pas caractérisée. Elles ont été privées de leur liberté pour rien pendant dix-sept heures ! C’est abusif. Je rappelle qu’il s’agit de manifestantes féministes mobilisées pour défendre les droits des femmes. Or elles ont subi des violences physiques et psychologiques », s’emporte l’avocate.

Nombreuses humiliations

Les premières humiliations ont commencé dans la rue, aux yeux de tous, avant de se poursuivre à l’abri des regards, dans les cellules. « On se faisait traiter de salopes, de grosses putes, on nous répétait de fermer nos gueules. On a eu droit à un poétique : “Vous allez bien vous lécher la chatte en cellule, bandes de gouinasses !” », relate Emma. 

Mais une fois au poste, la situation ne s’arrange pas, notamment pour Alizée, qui s’est vu refuser de prendre son traitement médical. « On m’a répondu : “Il fallait y penser avant de manifester, tu n’auras pas ton traitement !” Il m’insulte de petite conne. Lui, c’est le roi de l’infantilisation. Ils m’ont tous appelée la nénette, la gonzesse, la petite à lunettes. On m’a même dit : “Tu ne donnes pas envie de faire des gamins !” »