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International

Le ministre israélien de la Défense, Naftali Bennett, a prévenu qu’il n’envisagerait aucun aide humanitaire à destination de Gaza tant que les dépouilles de deux soldats israéliens tués en 2014 par le Hamas ne seraient pas restituées. 

Fermeture des frontières

Avec douze cas déjà enregistrés, la situation ne peut aller qu’en empirant dans la bande de Gaza, où la densité de population figure parmi les plus élevées au monde, avec 6 028  personnes au km2. Deux millions de Palestiniens s’entassent en effet sur un territoire de 365 km2, avec à leur disposition 96 respirateurs seulement.

Mais l’urgence humanitaire dans l’enclave palestinienne n’a pas empêché l’Etat hébreu de complètement clore ses frontières, empêchant le transfert de toute aide humanitaire, en provenance aussi bien d’Israël que d’un pays tiers. Et Naftali Bennett a été très clair sur les conditions de réouverture de ces frontières. « L’heure est aux discussions sur l’aide du monde humanitaire à Gaza. Israël aussi a des besoins humanitaires, qui sont principalement de récupérer (les soldats) tombés au front, a déclaré le ministre israélien, en référence aux deux soldats israéliens tués lors de l’offensive de 2014. Et je pense que nous devons entamer un large dialogue à propos des besoins humanitaires de Gaza et des nôtres. Il ne serait pas juste de déconnecter ces sujets (…) et nos cœurs seraient évidemment ouverts à beaucoup de choses. »  

«  Israël sera tenu responsable  »

A cet odieux chantage, le Hamas a rétorqué que la restitution des dépouilles ne saurait entrer dans le cadre d’une transaction humanitaire, et que les soldats israéliens devraient être échangés contre d’autres combattants, dans le cadre d’un échange de prisonniers.

« Israël sera tenu responsable de toutes les conséquences d’une éventuelle propagation du virus à Gaza, du fait du blocus instauré depuis 13  ans », a déclaré le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, martelant que « l’échange de prisonniers  » était «  une question distincte ».

Gaza, coronavirus
Coup de gueuleInternational

«  Le virus est là  », déclarait le ministère de la Santé de Gaza, dimanche 22 mars, dans un communiqué. Les contaminés, deux Palestiniens de 30 et 40 ans ( ayant de toute évidence contracté l’infection au Pakistan ), ont immédiatement été placés dans un centre de quarantaine à la frontière avec l’Égypte.

« Gigantesque désastre »

« Il est illusoire de penser qu’on peut gérer une telle situation dans un espace clos comme celui-ci », déclarait le responsable de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza, Matthias Schmale, la semaine dernière, assurant qu’un « gigantesque désastre » était à prévoir.

Principale cause de l’inquiétude du responsable de l’ONU, la densité de la population gazaouite, qui figure parmi les plus élevées au monde, avec 6 028  personnes au km2. Deux millions de Palestiniens vivent en effet entassés sur un territoire de 365 km2, les moins bien lotis d’entre eux étant parqués tels des animaux, comme par exemple dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Gaza-ville, où la densité s’élève à 82 000 personnes au km2. (A titre de comparaison, la densité n’est que de 500 habitants par km2 de l’autre côté du mur, en Israël, et elle descend à 117,63 personnes en ce qui concerne la France.)

Cruel manque de moyens

Avec 60  lits seulement en soins intensifs, et à peine autant de ventilateurs respiratoires pour adultes, parler de «  manque de moyens  » est un euphémisme. Mais Gaza souffre également d’une pénurie de personnel soignant, et n’est pas équipée en matériel de première nécessité  : ne serait-ce qu’en lits d’hôpitaux, la quantité est insuffisante, avec seulement 2895 places disponibles, soit 1,3 lit pour 1 000 personnes.

Ulcéré par cette situation, aggravée par le blocus israélien en vigueur depuis 2007, l’analyste politique Jehad Abdusalim accuse  : « La menace imminente du Covid-19 sur Gaza est peut-être la dernière opportunité pour dire ce que beaucoup refusent d’entendre : le problème de Gaza n’est pas un manque d’aide humanitaire, aussi urgente soit-elle. Il s’agit de savoir qui, entre le Jourdain et la Méditerranée, est privilégié et qui ne l’est pas. Qui a le droit de vivre et de prospérer sur cette terre et qui n’en a pas le droit. »

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Coup de gueuleInternational

Le gouvernement de Tel-Aviv a décidé d’interdire aux chrétiens de la bande de Gaza de se rendre à Jérusalem, Nazareth et Bethléem pour célébrer Noël. Une décision immédiatement condamnée par les dirigeants catholiques en Israël et en Cisjordanie.

100 demandes acceptées

Sur les 1 200 chrétiens vivant à Gaza (2 millions d’habitants), 951 ont déposé une demande pour pouvoir accéder à ces lieux saints, et alors que 700 permis avaient été délivrés l’an dernier, il n’y en a eu que 100 cette année. « Le responsable des activités pour les territoires occupés, le général Kamil Abu Rokon, n’a accordé que 100 autorisations, limitées aux adultes âgés de 45 ans et plus. Les 100 chanceux ne pourront aller en Cisjordanie où se trouvent l’ensemble des lieux saints chrétiens (Jérusalem, Nazareth, Bethléem). Ils ne peuvent emprunter que le pont Allenby, sur le Jourdain. C’est un exemple classique d’occupation », a dénoncé le quotidien israélien de gauche Haaretz.

Raison sécuritaire

Cette restriction, qui interdit aux Gazaouis l’accès aux villes d’Israël ou de Cisjordanie, et ne leur permet de ne voyager que vers la Jordanie, illustre parfaitement la politique menée par Tel-Aviv depuis plusieurs années, qui consiste à couper toute connexion entre Gaza et la Cisjordanie.

En définissant Gaza comme une « entité hostile », l’Etat hébreu s’autorise à prendre des « mesures sécuritaires » qui lui permettent de contrôler l’espace aérien, terrestre et maritime de l’enclave, et surtout de priver les Palestiniens de leur liberté et de leurs droits.

Soutien de la CPI

Vendredi 20 décembre, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a apporté son soutien aux Palestiniens en estimant que la Cour était compétente pour enquêter sur les crimes de guerre commis par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. « La viabilité de la Palestine en tant qu’État et l’exercice du droit du peuple palestinien à l’autodétermination ont été considérablement compromis par l’expansion des colonies et la construction de la barrière » a déclaré la procureure.

 

Politique

Le secrétaire général de l’ONU était en visite dans la bande de Gaza. Il a pu constater ainsi l’ampleur de sa destruction. . Il a dit apporter « un message d’espoir », celui de la communauté internationale qui a promis une aide pour la reconstruction de 5,4 milliards de dollars.

« Mon coeur, est très, très lourd (…) l’ampleur de la destruction que j’ai vue en venant ici dépasse toute description », a dit le secrétaire général. C’était sa première visite depuis la fin de la guerre menée en juillet et aout. Avec sa délégation, ils ont traversé un quartier à l’est de la ville de Gaza, à quelques kilomètres de la frontière avec Israël.

Une grande partie des 5,4 milliards de dollars sera affectée au budget de l’Autorité palestinienne et non aux efforts de reconstruction proprement dits. Récemment, le Parlement britannique a voté une loi sur la reconnaissance de l’État Palestine que les Palestiniens considèrent comme un grand pas vers la paix et la justice.

Coup de gueule

Le président François Hollande a annoncé ce vendredi 25 juillet, le déblocage par la France de 11 millions d’euros d’aide humanitaire à destination de Gaza. Cette aide devrait être répartie entre l’Autorité palestinienne, les Nations Unis et plusieurs organisations non gouvernementales.

Ainsi, après s’être entretenu avec plusieurs ONG à l’Élysée, le président français a annoncé une aide de 11 millions d’euros pour l’aide humanitaire à Gaza. D’après le communiqué du gouvernement, les représentants des ONG auraient fait part au chef de l’Etat de «la gravité de la situation, de l’ampleur des besoins humanitaires de la population civile palestinienne et de la difficulté pour les humanitaires d’accéder aux victimes» sur le territoire de Gaza.

François Hollande a ajouté quant à lui que cette aide financière s’inscrivait  « dans le cadre d’un engagement constant de la France aux côtés de l’Autorité palestinienne ».

Depuis le 8 juillet dernier, le conflit israélo-palestinien sur Gaza a déjà fait plus de 700 morts palestiniens et de nombreux blessés, en majorité dans la population civile. Les israéliens comptent quant à eux plus de 43 morts, pour la plupart des militaires. Les pertes les plus lourdes enregistrées par l’armée israélienne depuis sa guerre contre le Hezbollah libanais en 2006.

Crédits photo : ISM Palestine