Loi ELAN, HLM, France
Politique

Actuellement débattu à l’Assemblée nationale, le projet de loi ELAN est censé créer le fameux « choc d’offre » en matière de logements sociaux. Parmi les nombreux volets de la loi, un fait particulièrement débat. Les acteurs du logement social pourraient se passer du recours à un architecte pour la construction de HLM.

Parvenir à augmenter significativement le nombre de logements sociaux en France, tel est le credo du projet de loi ELAN (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique). Un projet louable sur le papier car le pays manque nettement de logements destinés aux personnes disposant de revenus modestes voire très modestes. Il apparaît donc nécessaire de créer le « choc d’offre » prôné par le gouvernement. Et pour y parvenir, Emmanuel Macron n’y va pas avec le dos de la cuillère et propose un choc de simplification. Une dérégularisation du marché même. Abaissement des normes d’urbanisme,  allègement des normes de construction avec en ligne de mire la volonté de faire baisser les coûts. Et c’est sur ce point qu’arrive l’idée pour le moins saugrenue du champion du monde néo-libéral : ne plus faire appel aux architectes pour la construction des HLM.

Si la loi ELAN passait en l’état, sans amendement particulier, les acteurs des logements sociaux de France ne seraient plus obligés d’avoir recours à l’expertise et à la maîtrise technique d’architectes.

Une idée aberrante fortement critiquée par la profession

Les représentants des architectes sont vent debout contre ce pan de la loi et adressent des pétitions au Premier ministre comme à Emmanuel Macron.

Les conséquences néfastes de la loi en matière de qualité architecturale des HLM et de cadre de vie est pointée du doigt. La mobilisation dépasse même déjà le simple cadre corporatiste des architectes puisque des bailleurs sociaux, des élus, des maîtres d’ouvrage ou encore des associations pour le droit au logement ou la défense des personnes handicapées se sont déjà ralliés à leur cause.

Logement social, HLM, réforme
EconomiePolitique

Après la baisse annoncée des APL, le gouvernement va s’attaquer à présent aux logements sociaux. Il vise une économie de près d’1,5 milliards d’euros sur le parc social.

La baisse de 18 milliards d’euros des allocations logements sur plusieurs années n’a pas l’air de suffire au gouvernement. Car dans sa stratégie de logement tout juste présentée, c’est au tour du parc de logements sociaux de s’apprêter à subir un bon coup de rabot. Le gouvernement a annoncé par la voix de Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires, qu’il allait réduire la voilure budgétaire sur les HLM de l’ordre de 1,4 milliards d’euros. Une annonce qui surprend tant par son aspect brutal que par le fait qu’elle ne figurait pas au programme du candidat Macron.

Les allocataires des APL qui résident dans des HLM verront toucheront donc eux-aussi 5€ d’aide de moins par mois. Pour absorber la baisse, le gouvernement demande aux bailleurs sociaux de baisser à leur tour les loyers. Mais tout est encore très flou, et fait même réagir vivement le président de la fédération des offices publics de l’habitat Alain Cacheux :  « C’est un coup de massueIl réduit de 70 % notre capacité d’investissement pour mener des réhabilitations ou construire, et fragilise 98 offices sur 255. Les compensations que propose le ministère sont, en outre, dérisoires et mensongères. »

Vente d’appartements en vue

Pour renflouer un peu plus les caisses, le gouvernement va également mettre en vente une partie de ces logements sociaux à un rythme plus que soutenu : à hauteur de 40 000 par an contre 10 000 maximum actuellement. Sur ce point également,  Alain Cacheux s’alarme : « Soit nous vendons les “bijoux de famille”, c’est-à-dire les appartements les mieux situés, et nous perdons un actif précieux, y compris pour la mixité sociale, soit nous essayons de vendre les logements moins attractifs à leurs occupants plus modestes, et nous favorisons la création de copropriétés en difficulté comme cela s’est déjà vu, par exemple, au Chêne pointu, à Clichy-sous-Bois »

Politique

A Périgueux les habitants se battent pour rester dans leurs logements sociaux qui doivent être purement et simplement rasés. Ils veulent garder « l’esprit de solidarité » de ce quartier.

Dans le quartier de Saltgourde, deux grandes barres d’HLM vont être démolies, ce sont des logements qui datent des années 70 et dont certains trop abîmés sont vacants. Le projet vise à les remplacer par des habitations neuves. Tout cela à priori s’apparente à une bonne nouvelle.

Bizarrement, un collectif d’habitants du quartier a recueilli plus de 200 signatures pour demander l’annulation de ce projet, car ils considèrent qu’il va profondément affecter la vie des locataires. Plusieurs arguments sont avancés, tout d’abord qu’une culture de l’entraide s’est forgée au fur et à mesure, et les habitants ne veulent pas la perdre. Financièrement, le loyer des nouvelles habitations sera plus élevé, et enfin le collectif fait remarquer que même si les bâtiments sont âgés, des travaux ont déjà été engagées il y a une dizaine d’années. Ils se demandent pourquoi, il n’est pas envisagé une simple rénovation ?

Il serait souhaitable de prendre en compte l’attachement des habitants à leur quartier qui semble une réussite du « vivre ensemble ». Leurs démarches sont soutenues par les commerçants du quartier qui s’inquiètent aussi de leur avenir.

Crédit photo : WorcesterKevin