International

Policiers et manifestants pro-démocratie se sont affrontés mardi soir dans un centre commercial de Hong-Kong à la veille de Noël

Le mouvement Hong-kongais avait appelé à perturber les fêtes et à mener des rassemblements éclairs. Les policiers ont opéré un certain nombre d’arrestation. Pour l’occasion des policiers en civil étaient présents dans la foule. La plupart des affrontements ont eu lieu au centre commercial de Harbour City à Tsim Sha Tsui. Ce centre est l’un des plus importants de la ville. Ce n’est cependant pas la première fois que le mouvement cible ces hauts lieux de la consommation.

Cibler l’économie

Depuis le début du mouvement de nombreux centres commerciaux ont été le théâtre d’actions et de manifestations. Le mouvement semblait pourtant se calmer mais la période des fêtes semble relancer la lutte ; des manifestants appellent à agir dans les grandes zones commerciales jusqu’au nouvel an. Mardi soir des centaines de manifestants vêtus de noirs ont investit Harbour City. Il semble que les affrontements aient commencé quand les militants ont repéré des policiers en civil. Ces derniers ont été encerclés et caillassés ; la police anti-émeute est alors intervenue. Un des policiers a même menacé des militants avec un fusil.

D’autres manifestations de ce genre ont eu lieu ailleurs dans la ville. La communauté chrétienne est importante, ce qui explique l’importance des fêtes à Hong-Kong. La municipalité a cependant renoncé à transformer les rues commerçantes en rue piétonne comme l’année passée ; de peur que les manifestants se rassemblent. Il semble que ces actions commencent à avoir un fort impact économique. Depuis le début du mouvement le tourisme se porte mal et l’économie est entrée en récession.

International

Les manifestants se sont retranchés dans l’Université Polytechnique (PolyU) et repoussent les assauts des forces de l’ordre

Malheureusement pour les manifestants l’occupation de l’Université semble s’être transformé en une gigantesque nasse. Les manifestants manquent d’eau et de nourriture et risquent dix ans de prison en cas d’arrestation. C’est pourquoi certains essayent à tout prix de s’échapper. Plus d’une centaine d’entre eux ont réussi à fausser compagnie à la police ; preuve une fois encore de l’inventivité et de la vitalité de ce mouvement populaire.

Certains ont en effet découvert des tunnels très étroits ne pouvant laisser passer qu’une seule personne à la fois. Malheureusement la police à fini par découvrir l’astuce, mais pas avant qu’un grand nombre de gens réussissent à s’enfuir. D’autres ont suspendu des cordes depuis un pont et se sont laissés glissés vers des motos et scooters qui les attendaient. Certains ont même tenté de passer par les égouts, mais sans succès.

Défaite tactique, victoire stratégique ?

Cette confrontation avec la police est sans doute la plus violente des cinq derniers mois. Des voix s’élèvent appelant la communauté internationale à l’aide ; certains craignent un nouveau Tian’anmen. Près de 600 manifestants se sont finalement rendu à la police durant la nuit dernière. Environ 200 manifestants mineurs ont été relâchés, mais seront poursuivis. Les 400 autres sont en état d’arrestation.

Il reste donc encore environ une centaine de manifestants retranchés. Carrie Lam, la chef de l’exécutif a appelé à mettre fin à l’occupation sans violence. L’occupation avait commencé la semaine dernière au cours de la grève générale et le boycott des cours. L’université était devenu pendant ce temps une base d’opération pour le mouvement et les blocages. Pour certains, loin d’être une erreur tactique, cette occupation de PolyU a renforcé le mouvement. Le statut de l’université et la violence policière renforcent le soutien populaire au mouvement.

International

La police hongkongaise accuse l’université d’être devenu un centre de préparation de cocktails molotov et une base pour les émeutiers

Ces accusations font suite aux affrontements ayant eu lieu au cœur du centre financier de la ville. De nombreuses personnes ont été tabassées et arrêtées. Au cour de cette journée l’essentiel des transports étaient à l’arrêt et toutes les universités fermées suite à une nuit d’affrontement sur le campus. Dans la journée qui a suivi les militants ont monté des barricades pour prévenir le retour potentiel des forces de l’ordre.

A cette occasion de nombreux militants s’étaient équipés de cocktails molotov ; une image qui a beaucoup circulé montre même certains d’entre eux avec un arc et des flèches. Ces arcs viennent du centre sportif de l’université. La veille la police avait attaqué l’université avec des canons à eaux et des gaz ; les étudiants s’étaient alors défendus. Selon la police les étudiants leur ont tiré des flèches enflammées et bloqué l’autoroute voisine.

Un mouvement inarrêtable

Durant cette nuit d’affrontement la police a fait un usage massif de gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc ; des milliers de munitions ont été tirés. Aussi 142 militants ont été arrêtés. Cette agression policière n’a fait que renforcer la colère des gens qui sont sortis en nombre le lendemain pour bloquer la ville. Des affrontements et arrestations ont émaillée cette journées.

Hong-Kong entre dans son sixième mois de mouvement social. Cette nouvelle phase marquée par des grèves a des chances de se prolonger pour plusieurs jours. La plupart des écoles ont fermé sur les conseils de la police. De nombreux slogans faisant référence à Chow Tsz-Lok sont aussi apparus sur les murs. L’étudiant de 22 ans est mort suite à une chute lors d’une récente manifestation. Cette première mort lors des manifestation semble galvaniser la contestation.

InternationalPolitique

Le gouvernement Hong-kongais a annoncé le retrait de la loi prévoyant la possibilité d’extradition de ses citoyens vers la Chine

La chef de l’exécutif, Carrie Lam, a annoncée la nouvelle hier lors d’une adresse télévisée. Ce projet de loi avait provoqué l’indignation d’une grande partie des habitants de la ville. Depuis 14 semaines des manifestations quasi-quotidiennes avaient lieu dans le centre-ville. La détermination du gouvernement à ne pas céder et la violence de la police a par ailleurs radicalisé une partie des manifestants.

En effet les manifestants ne semblent désormais plus seulement manifester contre ce projet de loi. Pour bon nombre de personne il s’agit d’un mouvement pro-démocratie plus large qu’à l’origine. Il se pourrait que cette annonce arrive trop tard pour stopper le mouvement. Les manifestants ont en effet depuis élargi leurs demandes à cinq revendications. On trouve notamment la demande d’amnistie pour les militants poursuivis et l’élection du dirigeant de Hong-Kong au suffrage universel.

Les cinq revendications

Pour la militante Joshua Wong il est trop tard pour ignorer les autres revendications des manifestants. De nombreuses personnes ont très mal vécu la violence policière qui s’est déchaînée lors de ce mouvement. On trouve ainsi parmi les cinq revendicatons la formation d’un comité d’enquête indépendant sur les exactions commises par les agents.

Carrie Lam a bien précisé que les cinq demandes ne seraient pas acceptées par le gouvernement. Il est assez clair que cette décision de retirer la loi a eu l’aval du gouvernement chinois ; les autres demandes sont bien trop radicales pour eux.

Il faut dont s’attendre à ce que le mouvement continue. Mardi dernier des affrontements ont encore eu lieu entre policiers et manifestants à une station de métro et en face du commissariat de Mong Kok. Une manifestation a également eu lieu le jour même de l’annonce. La violence policière est désormais une des raisons majeurs de continuer le mouvement. Personne ne semble vouloir renoncer aux cinq revendications

Coup de gueulePolitique

Suite à la plus grave crise politique et sociale qu’a connu Hong-Kong depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, un début de dialogue pourrait avoir lieu ce mardi 21 octobre entre les étudiants et le pouvoir local. Des négociations qui s’annoncent des plus tendues au regard des dernières déclarations du Chef de l’exécutif Hong-Kongais, Leung Chun-ying.

En effet, le chef de l’exécutif a estimé que des élections libres permettraient aux nombreux pauvres de Hong Kong d’avoir la haute main sur le processus politique et a pour l’instant exclu les réformes réclamées par les étudiants. Ces derniers réclament entre autres la démission de Leung Chun-ying ainsi que la mise en place d’un véritable suffrage universel dans le territoire autonome.

Si la Chine a accepté le principe d’un tel suffrage pour l’élection du prochain chef de l’exécutif en 2017, elle entend conserver le contrôle des candidatures et Leung Chun-ying a lui même réaffirmé que la liberté des candidatures n’était pas envisageable à Hong Kong. On voit mal dans ce cas comment ces premiers pourparlers pourraient aboutir à une résolution du conflit.

Selon le journal La Croix, Les étudiants sont inquiets pour leur avenir politique mais aussi économique alors que les inégalités sociales vont croissantes à Hong Kong. « L’afflux de Chinois de Chine auxquels est en partie imputée la hausse du coût de la vie explique ce sentiment, de même que la perception qu’a la jeune génération d’une espèce de collusion entre le gouvernement et l’élite financière« .

Près de 20% des sept millions d’habitants de Hong Kong, soit 1,31 million de personnes, vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon des chiffres officiels.

Crédits photo : Gp03dhk