Le nouveau gouvernement du premier ministre japonais Shinzo Abe souhaite réviser la Constitution pacifiste d’après-guerre, notamment pour faire face à la montée en puissance de la Chine.
Des faucons au gouvernement
A nouvel empereur, nouvelle ère. En mai dernier, avec l’abdication d’Akihito et l’intronisation de Naruhito, le pays du soleil levant est donc passé de l’ère Heisei, ou « ère de l’accomplissement de la paix », à l’ère Reiwa, « ère de l’harmonie ordonnée ». Or, il semblerait que pour Shinzo Abe harmonie rime avec autorité, puisque mercredi dernier le premier ministre a décidé de nommer plusieurs faucons à des postes clés de son gouvernement, des hommes partisans d’une remilitarisation du pays, pour la plupart nationalistes et d’extrême droite.
Parmi ces faucons se trouvent Yoshihide Suga, nommé au poste de secrétaire général de l’administration, et Taro Aso, vice-premier ministre et ministre des Finances, qui se démarquent tous deux par leur intransigeance. Ces conservateurs prônent la révision de la constitution pacifiste de 1947, mais aussi celle des livres scolaires, qui font passer le Japon, selon eux, pour l’« empire du mal », et demandent une réhabilitation du statut divin de l’empereur. Koichi Hagiuda, un homme connu pour ses idées révisionnistes, a par ailleurs été nommé au ministère de l’éducation.
Encouragements américains
« À l’aube de la nouvelle ère Reiwa, nous sommes sur le point de créer un nouveau Japon », a déclaré monsieur Abe lors de la présentation de son gouvernement. Par ces mots, le premier ministre laisse entendre qu’il souhaite modifier l’article 9 de la constitution, par lequel le pays renonce « à jamais » à son droit à la guerre. Une démarche osée de la part de Shinzo Abe, quand on sait que l’adoption des lois sécuritaires permettant au Japon de se déployer hors de ses frontières avait déjà suscité l’indignation nationale en 2015, et entraîné des manifestations historiques.
Toutefois, pour mener sa réforme à bien, monsieur Abe peut compter sur le soutien de Donald Trump, qui estime que la grande « nation guerrière japonaise » devrait pouvoir assurer elle-même sa défense. Un retournement de taille pour les Etats-Unis, puisque ce sont eux qui, il y a 72 ans, imposaient cette démilitarisation au Japon.