RN, Jeanne, procès
Idées

Vendredi 29 novembre au soir s’est achevé le procès pour escroquerie du Rassemblement national et de certains de ses cadres et prestataires, telle la société Riwal. La date du délibéré a été fixée au 24 avril 2020.

Réquisitoire sévère

Le procès « Jeanne », qui a vu comparaître le micro-parti du même nom créé par Marine Le Pen en 2010, mais aussi le Rassemblement national (RN), et, entre autres, la société Riwal, cherche à déterminer si le système de kits de campagnes imaginé par Jean-François Jalkh, trésorier de Jeanne, et proposés par le RN à ses candidats aux élections législatives de 2012, était une escroquerie.

Les kits, comprenant tracts, affiches et site internet pour une valeur de 16 650 euros pièce, étaient fournis par la société Riwal (fondée par Frédéric Chatillon, un ex du GUD) au micro-parti Jeanne, qui les revendait à son tour aux candidats. Or, pour débourser une telle somme, le RN incitait les candidats à emprunter la somme à Jeanne, somme qui serait ensuite remboursée avec intérêts (6,5 %), après remboursement des frais de campagne par l’État.

Le ministère public s’est donc montré intransigeant, comme toujours quand cela touche aux deniers publics, et a fait des réquisitions sévères, mais justes, réclamant, notamment, deux ans de prison ferme pour Châtillon, la dissolution de Jeanne, 500 000 euros d’amende pour le RN, et le remboursement des 11,6 millions d’euros injustement perçus au titre du remboursement des dépenses de campagne des candidats aux élections législatives de 2012.

Elucubrations de la défense

Comme c’était à prévoir, les avocats de la défense ont joué la carte de la victimisation, accusant le parquet de ne « même pas chercher de preuves,  comme si nos clients étaient ontologiquement coupables ». Maître Nikolaï Fakiroff, a même été, lui, jusqu’à accuser les procureurs d’avoir « de mauvaises intentions ». « Vous êtes des juges aux instructions, c’est organique », a-t-il déclaré.

Me François Wagner, avocat de Jean-François Jalkh, a, lui, mis en lumière « trois éléments » pour justifier de la légalité des kits. Il a d’abord expliqué que Jeanne était bel et bien un parti politique, a rappelé ensuite qu’il était légal et admis qu’un parti « prête à ses candidats », tout comme il était normal que le parti leur facture des intérêts.

« Les opposants politiques du FN salivent, attendent d’en faire un tract », a tempêté Me David Dassa-Le Deist, déplorant : « la politique est rentrée dans le prétoire, par la voix de (mon) confrère qui défend les intérêts de l’État ».

Politique

Wallerand de Saint-Just, le trésorier du Front national, et tête de liste aux régionales en Ile-de-France a été mis en examen ce lundi pour recel d’abus de biens sociaux dans l’affaire du financement du parti. Il a également été placé sous le statut de témoin assisté pour le délit de complicité d’escroquerie au préjudice de l’État lors des législatives de 2012.

Les juges d’instruction soupçonnent le FN, mis en examen le 9 septembre, le micro-parti  le micro-parti des proches de Marine Le Pen, Jeanne et le principal imprimeur du mouvement Riwal, d’avoir mis en place un système d’enrichissement frauduleux avec de l’argent public.

Riwal aurait surfacturé les prix de kits de campagne (tracts, affiches) vendus aux candidats, qui se font ensuite rembourser par l’État comme le prévoit la loi au-delà de l’obtention de 5 % des suffrages exprimés.

Wallerand de Saint-Just  avait déjà été entendu  sur les mêmes faits, mais placé sous le statut de témoin assisté. Sur la forme, il s’en était sorti en utilisant une faille suite à une erreur du législateur. Sur le fond, les faits sont têtus et le parquet de Paris revient avec un réquisitoire supplétif demandant aux magistrats des mises en examen pour recel d’abus de biens sociaux.

C’est déjà pas toujours facile de garder la tête haute, alors les mains propres…

Crédit photo :  Hugo Passarello Luna