Laurent Berger, 49-3
Société

Contrairement à son habitude, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s’est montré plutôt conciliant vis-à-vis des violences commises lors des manifestations contre la réforme des retraites. Le responsable semble plus inquiet par l’emploi par le gouvernement de l’article 49.3 de la constitution. 

« Incroyable et dangereux »

« Je ne cautionne jamais la violence. Après, peut-être que ce sera une conséquence malheureuse face au mépris auquel nous nous heurtons », a tout d’abord déclaré Laurent Berger. En effet, « le débat n’a pas eu lieu à l’Assemblée nationale et il a été accéléré au Sénat, alors que ce dernier a l’habitude d’aller au bout des textes dans une ambiance sereine. Dans ce contexte, adopter cette réforme grâce au 49.3 est impossible », estime le leader syndical.

« Adopter via cette procédure hâtive une réforme à la fois très impactante pour la vie de dizaines de millions de gens, injuste de notre point de vue et mal bricolée, ce serait une forme de vice démocratique, ajoute monsieur Berger. Que la fin de l’histoire soit un 49.3, ça me paraît incroyable et dangereux».

« Contestation massive, profonde et durable »

« Si le Parlement vote le texte, mais c’est loin d’être fait, il faudra en prendre acte », admet-il, rappelant tout de même que «  quoi qu’il en soit, le monde du travail en entier rejette cette réforme». « La détermination qui s’exprime dans la rue est en train de se transformer en colère », insiste Laurent Berger, selon qui « la contestation du monde du travail est massive, profonde et durable ».

« Ce n’est pas parce que ce texte serait adopté que les gens vont se dire:  On passe à la séquence suivante. Ça, c’est ce que les technos qui conseillent le gouvernement croient. Et ils se trompent », poursuit le responsable. « Si la loi est adoptée sans tenir compte de l’expression du mouvement social, on ne se retrouvera pas, le lendemain matin, en train de discuter comme si de rien n’était», rappelle-t-il. 

Coup de gueulePolitique

C’est dans un climat d’incompréhension que s’est ouvert le 48e congrès de la CFDT ce lundi 2 juin à Marseille. Si cet évènement célèbre les 50 de la CFDT déconfessionnalisée née en 1964, il est pour beaucoup l’occasion de tenter de comprendre les résultats des récentes élections européennes et de dépasser les clivages au sein de l’organisation syndicale.

En effet, plus de  2.500 délégués et cadres se sont réunis ce lundi au parc Chanot à Marseille, pour évoquer ensemble les différents réformes du gouvernement agréées par le syndicat comme le pacte de responsabilité. Car si le positionnement de la direction en faveur du pacte de responsabilité « est validé » au sein de la CFDT, a assure le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, il reconnaît toutefois une « interrogation » et des « zones de doutes » à propos de la « volonté du patronat à assumer ses engagements » et appelle le gouvernement à stopper les aides aux entreprises si les engagements ne sont pas tenus.

De plus, comme nous l’indique Laurent Berger, les militants arrivent au Congrès « forcément sonnés » par le résultat des élections européennes que le syndicaliste impute particulièrement au «manque de visibilité des résultats» sur le front de l’emploi et des inégalités.

Mais le secrétaire général, qui devrait être réélu à sa succession, devra surtout essayer lors de cette semaine de débats et d’échange, de remobiliser ces troupes au sein desquelles quelques dissensions sont apparus ces derniers mois. La signature de l’accord Mory Ducros avait notamment été très critiqué par la base du syndicat, pour laquelle la direction serait trop proche du pouvoir en place.