La nouvelle loi d’orientation relative au développement et à la solidarité internationale a été votée en première lecture le 10 février. Le texte, présenté par le Ministre du Développement Pascal Canfin, veut mettre en avant la transparence mais ne reste pas exsangue de toutes critiques. Les discours des personnalités comme Jean-Christophe Rufin ou Jean-Yves Ollivier donnent crédit aux ONG qui mettent en avant les imperfections du système.
Pour présenter son projet de loi, le ministre consacre une interview à Radio France Internationale dans laquelle il insiste le caractère novateur de la réforme. En premier lieu souligne-t-il, « l’Assemblée nationale n’avait, jusqu’alors, jamais adopté de loi relative à la politique de développement et de solidarité internationale. Auparavant, les députés votaient uniquement le budget annuel de la mission « Aide publique au développement » sans avoir leur mot à dire sur ses finalités ». Mais le responsable politique en appelle également à la vigilance citoyenne comme en atteste le site rénové sur l’aide au développement au Mali.
Friedrike Röder, directrice de l’association ONE reste cependant assez critique, « nous aurions souhaité que la loi contienne un objectif politique et financier de plus long terme ». Pour la militante, la France est loin de l’objectif fixé à l’ONU de 0,7% du PIB, elle est même en deça du 0,46% annoncé par les services des ministères. D’après les chiffres de Global Financial Integrity, les montants alloués avoisineraient les 0,4% du PIB alors que certaines dérives continuent.
Il y a quelques années, l’ambassadeur Jean-Christophe Rufin déclarait au sujet de l’aide au développement, « la France reste sur ce front, même si cela ne veut pas dire qu’on reste exemplaire, assez en avant ». Avant que Cedric Mathiot n’explique : « on reproche aussi à la France d’intégrer dans les APD des dépenses contestables, ces « aides fantômes » (selon les ONG) qui ne répondent pas forcément aux règles d’éligibilité à l’APD, selon un rapport d’évaluation du Comité d’Aide au Développement rendu public en mai dernier ». Le contrôle devrait permettre de limiter ces écueils, toutefois le mécanisme reste contestable dès lors qu’il s’apparente à du clientélisme ou même à du « simple assistanat ».
C’est justement la critique que portent ensemble Jean-Yves Olliver et Dambisa Moyo contre le système qui entretient une « dépendance malsaine » entre les pays bénéficiaires et les autres…Pour ces spécialistes du continent africain, l’aide au développement « ne fait pas partie de la solution potentielle, elle fait partie du problème ». En effet, en maintenant l’Afrique dans cette logique de besoin, elle empêche l’émergence d’une industrie locale forte et potentiellement l’arrivée de nouveaux champions mondiaux made in Africa…