Tavares, Macron, Le Pen
EconomieSociété

Les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle ne s’accordent pas sur grand-chose, mais le PDG de Stellantis (Peugeot-Citroën-Fiat) a tout de même réussi à les mettre d’accord. En cause, le super bonus du patron, qui s’élèverait à 66 millions d’euros pour l’exercice 2021.

« Montants astronomiques »

Pour Emmanuel Macron, le problème de la rémunération des patrons doit être réglé au niveau européen. « Il faut mener le combat en Européen pour qu’on ait des rémunérations qui ne peuvent pas être abusives, a déclaré le président sur Franceinfo. Il faut se donner des plafonds et avoir une gouvernance pour notre Europe qui rendent les choses acceptables, sinon la société, à un moment donné, explose. Les gens ne peuvent pas avoir des problèmes de pouvoir d’achat et voir ces sommes ».

« Là on est sur des montants qui sont astronomiques, et sans l’encadrer dans une fourchette, on doit pouvoir mettre un plafond, si on le fait au niveau européen, ça peut marcher », assure Emmanuel Macron, rappelant que Stellantis a « son conseil d’administration et sa gouvernance aux Pays-Bas ».

Réponse en demi-teinte pour Le Pen

Marine Le Pen a, elle, répondu en deux temps, plus nuancée d’abord, avant de durcir sa position. «  C’est choquant mais moins choquant que pour d’autres », avait dans un premier temps déclaré la candidate du RN, soulignant que « pour une fois, il a obtenu de bons résultats ».

Mais madame Le Pen a ensuite changé son fusil d’épaule vendredi, fustigeant le PDG et proposant une solution purement française. « Bien sûr que c’est choquant, c’est encore plus choquant d’ailleurs quand ce sont des chefs d’entreprise qui ont mis leur société en difficulté, a déclaré la candidate. Mais je crois qu’un des moyens d’atténuer ces rémunérations, qui sont hors de proportion par rapport à la vie économique, c’est peut-être justement de faire entrer les salariés comme actionnaires ».

Macron, pauvreté
Société

Durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (1 102  euros par mois) n’a pas augmenté, mais les plus pauvres sont devenus plus pauvres. « On constate non pas une étendue de la pauvreté, mais son aggravation », explique Véronique Devise.

« Occasion manquée »

Bien que la revalorisation de la prime d’activité ait eu une certaine efficacité (surtout sur les niveaux de vie intermédiaire), les autres mesures n’ont pas permis de sortir les plus pauvres de la misère. Plus grave, les mesures fiscales décidées par le gouvernement ont même «  creusé les inégalités », selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

La stratégie de lutte contre la pauvreté dévoilée par Emmanuel Macron en 2018 « a montré ses limites. Plutôt que de faire des réformes structurelles dans les domaines de l’emploi, du logement, on a adopté des coups de pouce ponctuels. C’est dans la durée que l’on fait sortir les gens du cercle infernal de la pauvreté », regrette Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde. « Le quinquennat écoulé est une occasion manquée », résume cette dernière.

Quelques points positifs, mais pas assez

« Il y a bien eu quelques coups de pouce pour les étudiants, mais rien pour ceux en bas de l’échelle, qui n’ont ni emploi ni formation », déplore Marie-Aleth Grard. Comme il est vrai que des emplois ont été créés, mais pas les bons. « Nous devons être vigilants, pour ne pas faire comme certains pays qui ont baissé le taux de  chômage artificiellement par la multiplication des petits jobs ou cette accumulation de travail pour avoir une vie décente », prévient Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux).

Et comble de la provocation, Emmanuel Macron voudrait conditionner le RSA à toujours plus d’heures de travail d’intérêt général. « Les personnes au RSA sont déjà extrêmement surveillées, et avec 500  euros par mois, elles sont en permanence dans la survie. Et il faudrait qu’elles travaillent pour rien ? », fulmine Marie-Aleth Grard. 

Macron, afghans
International

Suite à la reconquête de l’Afghanistan par les talibans, achevée dimanche par la prise de Kaboul, le président français a prononcé un discours au cours duquel il a assuré vouloir protéger l’Europe de « flux migratoires irréguliers ». Son objectif est clair : rassurer l’extrême droite.

Soutien insuffisant

La France soutiendra les « employés afghans des structures françaises qui pourraient être menacées ainsi que leurs familles. 800 personnes sont déjà sur le sol français », a commencé le président, expliquant que deux avions militaires et les forces spéciales étaient mobilisés pour évacuer  « de nombreux Afghans  : défenseurs des droits, artistes, journalistes (…) aujourd’hui menacés en raison de leur engagement ». Pour les autres, rien.

« L’Afghanistan aura aussi besoin dans les temps qui viennent de ses forces vives », s’est justifié le président français, insistant sur le fait que «  l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle ».

La gauche «  sidérée  »

Emmanuel Macron a ensuite promis d’oeuvrer avec la chancelière allemande, Angela Merkel, « pour construire sans attendre une réponse robuste, coordonnée et unie qui passera par la lutte contre les flux irréguliers, la solidarité dans l’effort, et l’harmonisation des critères de protection ».

C’est un discours « digne d’un mauvais président de droite   ! », fulmine le sénateur socialiste Rémi Féraud, tandis que le député européen Europe Écologie-les Verts Yannick Jadot se dit, lui, « sidéré d’écouter Emmanuel Macron déclarant que les femmes, les hommes et les enfants qui fuient l’enfer des talibans sont d’abord une menace, des “migrants irréguliers”, avant d’être des victimes et potentiellement des réfugiés ». 

suppression, ENA, Macron
IdéesPolitiqueSociété

Jeudi 8 avril, le président de la République a réitéré son intention de démanteler l’École nationale d’administration, dénonçant son image élitiste et oligarchique. Pour ses opposants, il s’agit d’une décision démagogique visant à détourner l’attention des Français des grands problèmes actuels. 

Institution progressiste

Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron (lui-même issu de ses rangs) s’en prend à l’ENA. Il en avait ainsi fait son bouc émissaire en 2019 pour apaiser les gilets jaunes, et revient maintenant à la charge alors que les esprits s’échauffent en raison de la crise sanitaire. 

L’école, fondée en 1946 par le ministre communiste Maurice Thorez, était pourtant, à l’époque, un grand pas en avant en termes d’égalité. Elle permit de démocratiser la haute fonction publique, jusque-là gangrenée par le copinage et le népotisme, au même titre que les concours de catégories A, B et C réformèrent le reste de la fonction publique. 

Diversion

L’ENA est aujourd’hui accusée de maintenir au pouvoir une certaine caste de privilégiés déconnectés de la réalité, c’est pourquoi le président souhaite la supprimer pour la remplacer par une autre école. Mais puisque son admission se fait sur concours, nombreux sont ceux à se demander ce qu’il pourra changer, et dénoncent cette décision, qu’ils jugent démagogique.

« Je ne modifierai en rien ce que j’ai dit il y a deux ans », insiste l’ancien ministre de la Fonction publique Anicet Le Pors, opposé depuis toujours à la suppression de l’ENA. Il s’agit d’une « décision démagogique » destinée «   à faire diversion à l’impéritie de l’exécutif macronien aussi bien concernant la situation sanitaire que les grands problèmes de notre époque », assure l’ancien ministre.

« Je crois qu’il (le président Macron) est à un degré de vanité tel qu’il refuse d’être le produit d’une cause identifiable, aussi prestigieuse soit-elle », va même jusqu’à suggérer monsieur Le Pors.

Macron, Le Pen, élections
Politique

La semaine passée, des informations ont fuité concernant la rencontre, en octobre dernier, de Bruno Roger-Petit, conseiller « mémoire » d’Emmanuel Macron, et de Marion Maréchal. L’Elysée s’est justifié en évoquant une « démarche personnelle » du conseiller. 

« Je voulais savoir ce qu’elle avait à dire et si elle était en résonance avec l’état de l’opinion, ce qui n’est pas le cas », a expliqué le principal intéressé, sans convaincre. 

Hold-up sur la droite conservatrice

La stratégie électorale de La République en marche se rapproche de celle du Rassemblement National sur de nombreux points, car les deux partis tentent de faire main basse sur la droite de la droite, « mais ne nous y trompons pas, le chef de l’État ne cherche pas à séduire l’électorat de Marine Le  Pen (qu’il sait acquis à sa cause), ou à affaiblir cette adversaire », précise le politologue, directeur de recherche au CNRS, Luc Rouban.

«  L’objectif est plutôt de vampiriser celui de François Fillon en  2017, la droite conservatrice de LR qui aime l’autorité, et peut être sensible au discours identitaire de Marion Maréchal », ajoute le politologue. Car Emmanuel Macron «  se dit qu’il sortira forcément vainqueur d’un nouveau duel contre  » Marine Le Pen. Il mise donc sur elle pour s’imposer à l’issue du second tour, en apparaissant comme «  le seul rempart crédible à l’extrême droite  », affirme Luc Rouban. 

«  Etouffer toute opposition  »

Mais pour s’assurer du passage de Marine Le Pen au second tour, LaREM ne se contente pas de vampiriser la droite, et « veut en réalité étouffer toute opposition, de gauche particulièrement, en se reposant sur des sujets sécuritaires, pour ne pas parler du reste, des conséquences de la crise en particulier. Car le président sait bien, au vu de la crise qui va encore s’amplifier, que sur ce terrain il est disqualifié, assure Ian Brossat, porte-parole du PCF. Il nous faut donc remettre le débat sur de bons rails en imposant la question économique et sociale au centre. C’est aberrant qu’au moment où la France compte 10 millions de pauvres, elle en soit réduite à débattre de Pétain et de Maurras… »

Macron, Biélorussie,
International

Après s’être rendu au Liban il y a quelques semaines, puis à New York, où il a assisté à la 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies lundi 21 septembre, Emmanuel Macron effectue maintenant une visite de deux jours dans les pays baltes, états voisins de la Biélorussie.

Position claire 

La position du président français était connue avant même que celui-ci ne décolle pour Vilnius, où il doit rencontrer une partie de l’opposition biélorusse. « Ce qui se passe en Biélorussie, c’est une crise de pouvoir, un pouvoir autoritaire qui n’arrive pas à accepter la logique de la démocratie et qui s’accroche par la force. Il est clair que Loukachenko doit partir », déclarait hier Emmanuel Macron dans le Journal du Dimanche (JDD).

Et interrogé sur les risques que représente une telle ingérence pour les relations franco-russes, le président, qui souhaite pourtant « réinventer une architecture de sécurité et de confiance entre l’Union européenne et la Russie » est resté évasif. « Il se trouve que j’ai parlé à Vladimir Poutine le 14  septembre, le jour où il recevait Loukachenko à Sotchi. Je lui ai dit que la Russie a un rôle à jouer, et ce rôle peut être positif s’il pousse Loukachenko à respecter la vérité des urnes et à libérer les prisonniers politiques. C’était il y a quinze jours, nous n’y sommes pas », a-t-il simplement fait savoir.

Méfiance des Biélorusses 

Selon Ania, une manifestante biélorusse, « les déclarations du président français sont fortes. Mais, pour faire quoi ? Je préférais que nous ayons de réelles négociations entre Biélorusses et sans intervention extérieure pour discuter de l’avenir de notre pays et de ses réformes ».

Car les manifestants savent très bien que même si un camp est supposé démocratique et l’autre non, Européens et Russes n’agissent que dans leur propre intérêt. « Deux camps se dessinent de plus en plus clairement. Et cela nous inquiète. Ils se fichent des Biélorusses comme des Ukrainiens, six ans plus tôt. Les Européens et les Russes ne souhaitent que récupérer le marché biélorusse et ses entreprises publiques », explique un député du Parti communiste russe.

Hidalgo gare du Nord
Coup de coeurCoup de gueulePolitiqueSociété

Surprise ! Après l’avoir soutenu en se pinçant le nez, la Mairie de Paris retourne sa veste et s’oppose désormais au projet de rénovation de la Gare du Nord, qui prévoit de transformer la gare en gigantesque centre commercial. Le revirement de la mairie de Paris sur ce dossier renforce malgré tout celles et ceux qui se sont engagés depuis plusieurs mois dans la lutte contre ce projet inique. À l’Élysée et à la préfecture, la crainte de voir une ZAD fleurir sur les pavés de la capitale commence à donner des nuits blanches à certains.

 La mairie de Paris s’encanaillerait-elle ? Dans les couloirs feutrés de la municipalité, on s’oppose désormais officiellement au projet délirant de rénovation de la Gare du Nord. Après avoir été cul et chemise avec l’Élysée, avec la préfecture et avec la famille Mulliez sur ce dossier, la municipalité appelle désormais « à reconsidérer le projet en profondeur pour le rendre viable et acceptable ». « Je suis catastrophé par la décision du gouvernement d’accorder le permis de construire. C’est une grave faute politique », déclare même l’ancien maire adjoint en charge de l’urbanisme, Jean-Louis Missika, selon qui « ce projet de la famille Mulliez et du groupe Auchan finira aux poubelles de l’histoire ».

Alors que les premiers coups de pelles du chantier ont débuté le 20 juillet dernier, la Mairie de Paris a sorti la sulfateuse dans la presse pour critiquer un projet qu’elle soutenait encore il y a quelques mois. Interviewé, le premier adjoint Emmanuel Grégoire, s’est lâché en déclamant que « le gouvernement vient de s’inventer un nouveau Notre-Dame-des-Landes en plein Paris » et lui souhaitant « beaucoup de courage sur le plan politique et juridique ».

Un retournement qui n’est peut-être pas tout à fait désintéressé : il se murmure qu’Anne Hidalgo couve des ambitions présidentielles et autour d’elle, ses partisans préparent un « storytelling » (comme ils disent) efficace, censé transformer la meilleure copine des grands patrons en candidate idéale de la gauche.

On connaissait Anne Hidalgo en reine du « greenwhasing » quand elle plante des potagers urbains tout en déroulant le tapis rouge aux industriels polluants. On connaissait Anne Hidalgo en reine du « pinkwashing », quand elle réduit la lutte LGBT aux passages piétons couleur en arc-en-ciel. On découvre désormais Anne Hidalgo en « leftwashing », quand elle se réveille un matin en zadiste révoltée contre la marchandisation de notre société.

Mais ne boudons pas notre plaisir : avec le soutien politique et juridique de la mairie de Paris, les collectifs engagés contre ce projet ont désormais un allié de poids pour bloquer ce chantier de rénovation. Un projet indéfendable, puisqu’il prévoit tout simplement de remplacer l’actuelle gare par un véritable « mall » à l’américaine. Des galeries marchandes qui doivent permettre de rentabiliser le passage des milliers de voyageurs quotidiens, à qui on imposera désormais une étape « conso » entre le « métro-boulot-dodo ». À moyen terme, c’est bien la gentrification du quartier et la chasse aux catégories populaires du nord de la capitale qui sont visées, en aseptisant le 10e arrondissement et en attirant les classes aisées avec leurs boutiques favorites.

Une opération très lucrative pour la famille Mulliez et son groupe Ceetrus : le montage juridique prévoit en effet que SNCF Gares & Connexions ne détienne que 34 % des parts de la société, 66 % revenant à Ceetrus qui s’arrogera, de plus, l’exclusivité de l’exploitation commerciale de l’ensemble pendant quelque 46 années. La gare du Nord fait ici figure d’archétype du capitalisme carnassier : après avoir laissé la gare se dégrader, en passant la SNCF à la lessiveuse de l’austérité budgétaire, l’État confie au privé le soin de « rétablir la situation », lui permettant au passage de réaliser d’importants bénéfices. Une mécanique bien rôdée que l’on connaît par cœur puisqu’elle est à l’œuvre sous tous les gouvernements français depuis 20 ans, des caisses de retraite aux autoroutes, en passant par les aéroports et l’énergie.

Pour la déclaration de guerre que ce projet de rénovation représente contre les catégories populaires du Nord-est parisien et comme symbole de la marchandisation de la société et du rapt des derniers fleurons nationaux par des acteurs privés, il faut bloquer à tout prix ce chantier de la gare du Nord. Une Zone à Défendre à quelques kilomètres à vol d’oiseau de beaux quartiers et de l’Élysée serait un désastre pour la communication d’Emmanuel Macron à quelques mois de l’élection présidentielle. En voilà une bonne idée !

macron, formation, supplémentaire
PolitiqueSociété

Lors de son allocution télévisée du 14 juillet, le président de la République Emmanuel Macron a offert la possibilité aux étudiants qui le souhaitent de continuer leurs études plutôt que d’entrer sur un marché de l’emploi déjà saturé. Hélas, les écoles n’ont pas les moyens des ambitions du président.

200 000 places vont être créés « dans des formations qualifiantes supérieures pour permettre à un jeune qui n’a absolument aucune issue, aucune perspective d’embauche, de poursuivre un peu ses études, avec un accompagnement social », promettait monsieur Macron. 

Intéressant pour certains étudiants 

Parmi les quelques 700 000 jeunes qui doivent entrer sur le marché du travail à la rentrée, certains étudiants trouvent l’idée de rempiler intéressante. Diane, jeune diplômée d’un master 2 en relations internationales, a par exemple choisi de prolonger ses études de deux ans.

« Je considérais l’idée de continuer mes études avant la crise, mais c’est sûr que le Covid a accéléré ma réflexion. C’est une source d’inquiétude, ça va être plus difficile d’entrer sur le marché du travail, explique la jeune femme. Ce semestre, j’ai effectué mon stage de fin d’études dans une collectivité locale, mais avec une partie en télétravail, je n’ai pas pu faire toutes les choses prévues à l’origine. J’ai peur que ça ne me porte préjudice, que je ne sois pas assez formée pour trouver un emploi tout de suite. »

Infaisable selon les profs 

De leur côté, les enseignants, qui savent qu’ils n’ont pas les moyens d’accueillir 200 000 étudiants supplémentaires, sont sceptiques. « Nous n’avons déjà pas les moyens d’accueillir les nouveaux bacheliers qui vont commencer leurs études à la rentrée, prévient Anne Roger, cosecrétaire générale du Snesup-FSU, syndicat des enseignants du supérieur. Le danger est que, faute de ressources, on brade les formations en balançant les étudiants en stage dans des entreprises, sans plus de théorie. Ce qu’on réclame, c’est le plus haut niveau de formation pour tous ».

« Il nous faut plus de moyens, au moins pour couvrir les frais d’inscription qui représentent entre 6 000  et 7 000  euros par élève. Mais il nous faut aussi un plan massif d’embauche d’enseignants titulaires et non pas contractuels, et bien sûr plus de mètres carrés pour accueillir tous les étudiants », précise la syndicaliste.

Macron Trump
International

Alors qu’Emmanuel Macron promettait en 2017 de s’émanciper de toute ingérence extérieure, il semblerait que le président français ait finalement décidé, comme nombre de ses prédécesseurs, d’emboîter le pas des Etats-Unis, au détriment de la crédibilité de la diplomatie française.

« Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néoconservatisme importée en France depuis dix ans, assurait-il à son arrivée à l’Elysée en 2017. La démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples. La France n’a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de faire la guerre de cette manière en Libye ».

« Entière solidarité »

Depuis 2017 et le regain des tensions entre les Etat-Unis et l’Iran, Emmanuel Macron, qui se pose pourtant en négociateur impartial, a toujours décidé de prendre le parti de Washington.

En 2018 déjà, quand les États-Unis annonçaient vouloir « déchirer » l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), le président français prétendait pouvoir sauver le texte en faisant revenir monsieur Trump à la table des négociations. Au lieu de cela, il a aidé à enterrer l’accord, en proposant que soit rédigé un nouveau texte « plus large ». Drôle de manière donc de « ne pas sortir de l’accord ».

Plus récemment, alors que les États-Unis prenaient le risque, sans consulter leurs alliés, de déclencher un conflit ouvert en assassinant le général iranien Ghassem Soleimani, Emmanuel Macron a assuré Donald Trump de son « entière solidarité ». Dans le même temps, le président français appelait Téhéran à « la retenue ».

Isoler l’Iran

Emmanuel Macron n’a donc pas hésité à sacrifier l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, au motif qu’il n’incluait ni la question de la limitation de l’influence régionale de l’Iran, ni celle de son programme balistique, « le plus diversifié et le plus avancé du Moyen-Orient », selon le quai d’Orsay.

Le président français reconnaît également partager le diagnostique de Donald Trump, selon qui les forces iraniennes en Syrie ont « de moins en moins à voir avec les rebelles syriens et de plus en plus à voir avec Israël ».

Europacity
EconomiePolitique

Qui se souvient que l’annonce de la candidature d’Emmanuel Macron en 2016 avait eu lieu à Bobigny, en Seine Saint-Denis ? Un symbole qui paraît aujourd’hui bien loin, alors que le candidat, devenu depuis Président de la République, ne cesse de droitiser son discours. Une surenchère dans les mots couplée à un véritable abandon des quartiers populaires sous son quinquennat.

Le gouvernement essaie-t-il d’acheter la paix sociale dans les banlieues alors qu’il continue à leur tourner le dos ? Afin de combattre « les difficultés hors norme » de la Seine–Saint-Denis, le Premier ministre Édouard Philippe a présenté, jeudi 31 octobre, une batterie de 23 mesures. Élément phare, le gouvernement veut notamment s’attaquer à l’important turn-over des agents de la fonction publique d’État en octroyant une prime « de fidélisation » de 10 000 euros aux fonctionnaires demeurant au moins cinq ans en poste dans le département.

Une mesure symbolique, qui masque mal une réalité simple : le 93, c’est 30 % de taux de chômage, un habitant sur trois qui vit sous le seuil de pauvreté. Et parallèlement, le même département accueille les sièges sociaux de nombreux géants du CAC 40 comme Veolia, Vinci, BNP Paribas, SFR… Sans compter l’aéroport de Roissy-CDG. C’est ce décalage qui rend la situation sociale explosive dans le département et qui rappelle crûment à quel point la question de la redistribution des richesses est essentielle.

À ce titre, le département de la Seine Saint-Denis est révélateur de l’impuissance du politique : cette dernière décennie, pas moins de 2 700 politiciens, législateurs, hauts fonctionnaires ou ministres s’y sont rendus défendre telle ou telle mesure. Pour quel résultat ?

La banlieue, c’est quoi ?

Ce que les médias et les responsables politiques nomment « la banlieue », c’est 1500 quartiers prioritaires en France, où vivent 4,8 millions de Français, soit 7 % de la population. De plus, 76 % des habitants de ces quartiers vivent dans un logement social et 40 % vivent dans la pauvreté contre 16 % de l’ensemble de la population. La banlieue, c’est donc un territoire géographique, mais aussi un territoire social : c’est l’accumulation de difficultés économiques en périphérie des grandes métropoles qui fait d’un quartier « une banlieue ». Enfin, c’est aussi un territoire mental, solidement ancré dans les représentations collectives : selon un sondage Odoxa, deux Français sur trois pensent que la plupart des jeunes de banlieue « se comportent mal ». Un avis partagé par la moitié des habitants des mêmes quartiers !

Cependant, les mesures promises il y a quelques semaines par le gouvernement pour venir en aide à ces territoires s’apparentent à une forme de « cache-sexe » : dans les discours et les actes, c’est plutôt une politique d’abandon, voire un véritable rapport de force, qui semble avoir la préférence des autorités. La récente polémique sur le voile et les propos du ministre Jean-Michel Blanquer ont creusé le divorce entre le gouvernement et les quartiers populaires.

En 2017, ces derniers représentaient un vivier de voix pour un candidat « social-démocrate » qui reprenait en partie les mots de la gauche. Aujourd’hui, avec 2022 à l’horizon, les banlieues représentent surtout un sujet de débats et de polémiques utiles pour resserrer l’électorat bourgeois urbain autour de son Président, tout en siphonnant quelques voix aux Rassemblement National, l’adversaire annoncé au second tour.

Un abandon symbolisé par la cascade de départs au Conseil présidentiel des villes. Conçu à l’origine comme une « courroie de transmission » entre l’Élysée et la société civile des quartiers, l’organisme a vu ces dernières semaines plusieurs de ses membres emblématiques claquer la porte. La polémique autour du voile dans les sorties scolaires et la position du ministre de l’Éducation Nationale ont été à ce titre un véritable point de rupture : « je démissionne, car je ne puis siéger dans une institution qui voit les humiliations que subissent les habitants des quartiers non pas pour l’endroit d’où ils viennent, mais bien pour ce qu’ils sont tout simplement » a déclaré l’humoriste Yassine Belattar dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron. « Que ce gouvernement laisse s’installer des débats qui n’ont pas lieu d’être m’a profondément choqué » a déclaré pour sa part Mohammed Mechmache, figure associative des quartiers populaires depuis les révoltes urbaines de 2005.

« La promesse initiale était que nous aurions la possibilité de rencontrer le président en séance plénière trois ou quatre fois dans l’année », explique un autre membre du CPV, Majid El Jarroudi à la tête de l’ADIVE, l’Association pour la diversité entrepreneuriale. « Or nous ne l’avons plus vu depuis le lancement du CPV. Nous n’avons donc pas pu jouer le rôle d’alerte que nous aurions dû jouer. Les premiers touchés par tous ces débats inutiles sont les habitants des quartiers prioritaires ».

EuropaCity : se faire « une virginité écolo sur le dos de la banlieue » ?

L’entretien accordé à Valeurs Actuelles au mois d’octobre ne laisse d’ailleurs aucun doute : pour 2022, le gouvernement a mis le cap à droite toute. Un revirement pour lequel les banlieues ont été jetées par-dessus bord.

Sur la question du voile, la banlieue sert d’épouvantail électoral. En économie, elle alimente le discours néolibéral sur « l’assistanat » qui « coûte un pognon de dingue ». Et sur l’écologie elle permet, à moindres frais, de verdir un mandat pour l’instant guère encourageant pour la protection de l’environnement.

Évidemment, EuropaCity c’était à l’origine l’expression d’un capitalisme marchand débridé complètement dépassé. Mais, sous la pression de l’État et surtout des différents collectifs mobilisés, le groupe Ceetrus (filiale d’Auchan) avait été contraint de revoir à plusieurs reprises sa copie : abandon de la piste de ski d’intérieur, division par trois de la surface commerciale, compensation de l’artificialisation des 80 hectares en création de parcs en Île-de-France, plantation de 4 000 arbres sur le site, objectif zéro carbone… Le rapport de force, en faveur des écologistes, avait forcé le groupe Auchan et Europacity à transformer positivement le projet.

Mais au lieu de continuer à accroître la pression pour forcer les acteurs économiques à rehausser leurs objectifs environnementaux, le gouvernement a préféré totalement abandonner EuropaCity. Et du même coup, abandonner les 10 000 emplois attendus dans tout le Val-d’Oise et la Seine–Saint-Denis. Une bonne nouvelle ?

Cela dépend pour qui. Pour les habitants de Gonesse et de Roissy, certainement pas. Pour les candidats LREM aux municipales qui devront aller chercher les voix des électeurs d’Europe Écologie les Verts, probablement. « La déception est immense, on sent un mépris du gouvernement par rapport à la banlieue, on a l’impression que le président nous marche dessus juste pour dire qu’il fait de l’écologie. L’est du Val-d’Oise, c’est le parent pauvre de l’Île-de-France. On n’a rien, pas de transports, pas de métro, on est abandonnés », a réagi Kamel Slimani, membre du Collectif des vrais gens, créé par les habitants du département qui avaient placé leurs espoirs dans EuropaCity. Même son de cloche du côté d’Ali Soumaré, conseiller socialiste de Villiers-le-Bel, pour qui « on se fait une virginité écolo sur le dos de la banlieue. Tout le monde sait que ce n’est pas EuropaCity qui va siphonner la planète, on parle de terres archi-polluées, entre des autoroutes et des aéroports. Cette décision, c’est une belle hypocrisie », peste-t-il.

Un élément supplémentaire dans le divorce entre le pouvoir et les banlieues.