Les manifestations n’en finissent plus en Iran, malgré une répression de plus en plus sanglante. Pour continuer de se faire entendre, les protestataires ont trouvé une nouvelle « arme » : arracher leurs turbans aux mollahs, l’élite religieuse, et diffuser les vidéos sur Internet.
« C’est drôle et très juvénile »
« C’est une initiative qui montre la nature même de ce mouvement, explique Mahnaz Shirali, sociologue et spécialiste de l’Iran. La contestation est portée par les jeunes et les adolescents et ils font donc des actes dignes de leur âge, c’est drôle et très juvénile. Les mollahs sont tournés en ridicule, en leur ôtant leurs coiffes, ils leur enlèvent leur pouvoir religieux ».
« À travers ces actes, les jeunes manifestants veulent rendre l’espace public peu sûr pour les mollahs mais aussi leur dire : « Si vous rendez interdit aux femmes de se promener tête nue, nous créons des risques pour vous dans les rues avec votre turban » », ajoute Azadeh Kian, sociologue franco-iranienne et enseignante à l’université Paris-Diderot.
En s’en prenant aux turbans, les manifestants s’attaquent à un symbole quasi millénaire. « Les religieux chiites l’ont choisi comme uniforme à partir de 1501, à l’époque où le chiisme est devenu la religion officielle en Iran », rappelle Mahnaz Shirali.
Importance des médias
« Tout est fait pour être montré sur les réseaux sociaux en tant qu’acte performatif, pour que les autres les voient, c’est très théâtral. C’est aussi le cas des filles qui se promènent en minijupe sur une artère de Téhéran », explique Azadeh Kian.
« C’est la génération qui a grandi devant des écrans d’ordinateur, abonde Mahnaz Shirali. Une grande frustration vient des réseaux sociaux quand la jeunesse du pays voit leurs cousins à l’étranger vivre une vie beaucoup plus libre. Mais paradoxalement, c’est aussi un lieu de rassemblement impressionnant. Beaucoup de leaders du mouvement de la contestation actuel sont de grandes plumes de Twitter, comme Hossein Ronaghi ».