Mila, menaces
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Jeudi 1er octobre, un résidant du Gers a été jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel d’Auch pour «  menaces de mort réitérées  » à l’encontre de Mila, cette jeune femme qui avait fait polémique en début d’année après avoir ouvertement critiqué l’islam. L’homme risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

Vie changée à jamais

Depuis janvier, Mila, 16 ans, est constamment harcelée et menacée de mort. «  Le Coran est une religion de haine. Votre religion, c’est de la merde, votre Dieu je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci au revoir  », avait déclaré la jeune femme dans une vidéo publiée sur Instagram.

Mila a, depuis, quitté l’établissement où elle était scolarisée, le lycée Léonard de Vinci de Villefontaine, et rejoint une institution sécurisée. Aujourd’hui, l’adolescente est donc, comme le rappelle Le Point, «  privée de parole, coupée de sa famille et loin de ses amis  », simplement pour avoir exprimé son opinion, ou, au pire, avoir commis une erreur de jeunesse. 

Cinq personnes poursuivies

Et les menaces ne se cantonnent pas au territoire français. Le 28 août dernier, Mila a par exemple porté plainte après avoir été victime d’une agression verbale lors d’un séjour linguistique à Malte. «  Sur Allah et le Coran : Je vais te buter, je vais te tuer ! Que je te revoie pas sinon je vais t’étrangler ! On va te violer dans une cave, je vais violer ta mère !  », l’a menacé un jeune algérien disposant d’une carte de séjour en France. L’homme a été condamné deux jours après les faits à un an de prison avec sursis. 

Outre cet individu et le Gersois auditionné jeudi, trois mineurs avaient auparavant été placés sous contrôle judiciaire pour «  menaces de mort  » et «  vol et recel de données informatiques  », portant à cinq au total le nombre de personnes poursuivies pour avoir proféré des menaces contre Mila.  

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Depuis quelques mois, les menaces et insultes racistes se sont multipliées contre plusieurs maires, principalement d’origine maghrébine. 

Témoignages glaçants

Les menaces ont été particulièrement virulentes à l’égard du maire PCF de Stains, Azzédine Taïbi, après que celui-ci ait affirmé son soutien au comité Adama. «   Les appels téléphoniques à la mairie, les courriers d’insultes, les menaces de mort sont devenues systématiques », raconte-t-il.

Une expérience partagée par le maire divers gauche-écolo de Givors, Mohamed Boudjellaba, continuellement harcelé depuis sa prise de fonction. «   C’était d’une grande violence : quatre pages de calomnies, de haine raciale et de menaces », explique-t-il, énumérant certaines de ces menaces  : «   Tu devrais changer de prénom et de nom si tu veux devenir maire »  ; «   On sait encore se servir d’une mitraillette » ; «   Tu sais comment ça fait une bombe dans une habitation, ça fait boum » ; «   Allez fous le camp bougnoule si tu ne veux pas brûler comme une merguez ».

«   Je ne peux pas exercer mon mandat avec la peur au ventre. Je ne suis qu’un maire au service des citoyens, on ne peut pas me jeter en pâture comme ça », se lamente monsieur Boudjellaba qui, naturellement, redoute un éventuel passage à l’acte. «   Quand je reçois des courriers anonymes, que ces personnes disent connaître l’adresse de mon domicile, je m’inquiète pour ma famille, mes proches, et mon équipe », reconnaît-il.

Actes antisémites 

Mais les maires d’origine maghrébine ne sont pas les seuls à être pris pour cible. Parmi les personnalités menacées figure, par exemple, Alain Fontanel, candidat LaREM aux municipales de Strasbourg, qui a découvert un document couvert de croix gammées devant sa porte. «   Je considère qu’une étape est clairement franchie dans le cadre des municipales : c’est un acte d’intimidation et de menace, dans mon espace privé, où ma famille vit », avait-il immédiatement déclaré sur Facebook. 

«  Ils ont cru que j’étais juif, alors que c’est faux. Ils auraient pu me voir comme un banquier ou un haut fonctionnaire. C’est la recherche d’une caractéristique qu’il déteste, l’expression d’une haine », affirme monsieur Fontanel.