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La police hongkongaise accuse l’université d’être devenu un centre de préparation de cocktails molotov et une base pour les émeutiers

Ces accusations font suite aux affrontements ayant eu lieu au cœur du centre financier de la ville. De nombreuses personnes ont été tabassées et arrêtées. Au cour de cette journée l’essentiel des transports étaient à l’arrêt et toutes les universités fermées suite à une nuit d’affrontement sur le campus. Dans la journée qui a suivi les militants ont monté des barricades pour prévenir le retour potentiel des forces de l’ordre.

A cette occasion de nombreux militants s’étaient équipés de cocktails molotov ; une image qui a beaucoup circulé montre même certains d’entre eux avec un arc et des flèches. Ces arcs viennent du centre sportif de l’université. La veille la police avait attaqué l’université avec des canons à eaux et des gaz ; les étudiants s’étaient alors défendus. Selon la police les étudiants leur ont tiré des flèches enflammées et bloqué l’autoroute voisine.

Un mouvement inarrêtable

Durant cette nuit d’affrontement la police a fait un usage massif de gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc ; des milliers de munitions ont été tirés. Aussi 142 militants ont été arrêtés. Cette agression policière n’a fait que renforcer la colère des gens qui sont sortis en nombre le lendemain pour bloquer la ville. Des affrontements et arrestations ont émaillée cette journées.

Hong-Kong entre dans son sixième mois de mouvement social. Cette nouvelle phase marquée par des grèves a des chances de se prolonger pour plusieurs jours. La plupart des écoles ont fermé sur les conseils de la police. De nombreux slogans faisant référence à Chow Tsz-Lok sont aussi apparus sur les murs. L’étudiant de 22 ans est mort suite à une chute lors d’une récente manifestation. Cette première mort lors des manifestation semble galvaniser la contestation.

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Le parlement a réussi à se mettre d’accord sur la convocation d’un référendum visant à introduire des changements constitutionnels

Ce référendum va se tenir en avril 2020. Le but est clairement d’apaiser le climat quasi-insurrectionnel qui règne dans le pays depuis près de deux mois. Il s’agit d’un accord historique ; le gouvernement et l’opposition ont accepté de mettre sur la table la réécriture de la constitution. Ceci était une exigence de longue date de la rue et du mouvement social. La constitution est directement héritée de la dictature de Pinochet.

Le référendum comptera deux questions ; une sur la révision de la constitution et l’autre sur la méthode pour la rédiger. En effet pour beaucoup de personnes, faire réécrire la constitution par ceux qui sont au pouvoir ne risque pas de faire changer grand-chose. Plusieurs méthodes et idées sont actuellement étudiées, notamment l’élection des rédacteurs du texte.

Pour que tout reste comme avant il faut que tout change

Il est clair que la classe politique chilienne se sent menacée, la gauche comme la droite. Ces derniers ne sont pas en phase avec le mouvement populaire qui les dépasse largement. Ceci est très clairement une façon de tenter de ramener le calme. En faisant mine de répondre aux demandes et en fixant une date prochaine, on peut espère vider les rues et diviser le mouvement. Cependant les gens ne manifestent pas uniquement pour un changement constitutionnel ; le cœur de la mobilisation repose sur la question des injustices économiques.

On voit bien l’hypocrisie des partis de gouvernement de Hong-Kong à Paris ; on cède sur une partie des demandes pour éviter d’avoir à accepter les autres. C’est un miroir aux alouettes qui est présenté à la population. La lutte contre les injustices économiques ne sera pas entérinée par une constitution aussi progressiste soit-elle, surtout si elle est rédigée par la même classe politique qui a profité de cette constitution héritée de la dictature.

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Les irakiennes participent en grand nombre aux récentes mobilisations contre le gouvernement malgré le danger et les normes sociales

De très nombreuses femmes de tous âges étaient présentes dans la foule sur la place Tahrir de Baghdad et ce bien après minuit mercredi dernier. Des dizaines de personnes ont pourtant été tuées sur cette place depuis le retour des manifestations le 24 octobre. Plus tôt dans la journée ont pouvait entendre la foule scander « A bas le régime ».

Selon Da’a Mohamed Kahder, une lycéenne de 17 ans venue avec sa famille ; « Il est important que les femme sortent dans la rue pour que la police anti-émeute, les partis politiques et tous voient ce que nous pouvons faire ». Selon Sanaa Ghrany, sa mère de 50 ans ; « Toutes les femmes, tous les opprimés doivent sortir dans la rue ». Elle ajoute qu’elles n’ont pas peur de la mort et qu’elles iront jusqu’au bout. Ce sentiment semble largement partagé par les irakiennes présentes. Pour elles les femmes doivent participer à tout et se débarrasser des normes qui imposent le contraire.

Une mobilisation sans précédent

Les dernières manifestations sont différentes des précédentes car des personnes venant de toute la société y participent. Celles-ci ont commencés le 1 octobre et ne cessent de se renforcer. Ceci malgré la répression qui a fait plus de 250 morts. Ainsi au cours des dernières mobilisations 100 personnes ont été tuées selon la Haute Commission Irakienne pour les Droits de l’Homme. Ceci a convaincu de nombreuses femmes de rejoindre le mouvement.

Ceci est sans précédent pour un mouvement irakien. Selon certaines manifestantes cela a aussi contribué à faire changer de nombreux hommes d’avis sur la place des femmes dans la mobilisation. Selon Ismaa Saoud Jabar, 35 ans ; « Personne ne peut parler à notre place. Personne ne peut me représenter. Si mon frère se rend à une manifestation il ne représente que lui. Nous voulons entendre toutes les voix irakiennes, toute la société et tout son peuple. »

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Le président a annoncé la mise en place de l’état d’urgence dans l’espoir de faire taire le mouvement social qui enflamme le pays

Le mouvement a débuté autour de la question de l’augmentation des prix des transports en commun. De nombreuses actions directes ont été menées, notamment par les étudiants qui sont à l’avant-garde de la contestation. Des attaques ont été menées contre des stations de métro, des bâtiments et les forces de l’ordre. Les manifestations ont également été la cible d’une violente répression policière.

L’État d’urgence est une mesure mise en place sous la dictature de Pinochet, ce qui fait craindre le pire à d’importants secteurs de la population. Les forces armées et notamment des véhicules blindées patrouillent actuellement les rues de la capitale. Cette présence menaçante ne s’était pas vue depuis le tremblement de terre de 2010.

Cette mesure d’exception peut en théorie durer 15 jours. L’état d’urgence permet notamment de restreindre la liberté de circulation et de réunion. Des mesures permettant de condamner les contrevenants à près de 20 ans de prison sont aussi prévues. Le président Sebastián Piñera a annoncé la mesure dans un discours télévisé ; « Il n’y a pas de place pour la violence dans un pays ayant comme principe le respect de l’état de droit ».

L’étincelle met le feu au pays

Pour l’instant la mesure ne semble pas avoir dissuadé les manifestants. Vendredi dernier des affrontements ont encore eu lieu avec les forces de l’ordre. Les policiers ont tenté sans succès d’empêcher les manifestants de mettre le feu au siège social de Enel. L’entreprise énergétique italienne ayant eu la mauvaise idée d’augmenter ses prix de 10 % dernièrement.

De nombreux rapports font état d’une grande violence de la police vis à vis des étudiants et lycéens qui sont au cœur du mouvement. On possède malheureusement encore peu de nouvelles à ce sujet. Ce mouvement dépasse pourtant largement des questions estudiantines. Les problèmes de coûts de la vie sont la raison principale de cet important mouvement populaire. Les manifestants soulèvent des problèmes liés au services publics de façon générale et tout spécialement la Santé et l’Éducation. La colère est actuellement également en train de se tourner vers les carabineros, la police nationale chilienne, dont la brutalité a choqué de nombreuses personnes. Les étudiants appellent également à une grève générale pour lundi prochain ; le mouvement n’en est qu’à ses débuts.

Idées

La recrudescence des scènes d’émeutes dans le climat politique français doit être mis en relation avec l’inefficacité des formes d’organisation actuelles

Ces dernières années les scènes d’émeutes et d’affrontement avec la police se sont fait plus fréquentes. On peut être tenté de faire remonter ce cycle aux manifestations contre la Loi Travail qui a vu la formation du désormais célèbre « cortège de tête ». Cependant ce serait manquer de finesse que d’analyser ce phénomène indépendamment des évolutions du capitalisme et de la situation internationale. Si on ne s’intéresse qu’au paysage français les émeutes des banlieues de 2005, celles du CPE et de la LRU ne sont pas si anciennes. Cette résurgence de l’émeute est-elle donc un phénomène nouveau ou une résurgence d’un ordre ancien ?

Des syndicats dépassés

Il est intéressant de noter que dans les différents exemples notés plus haut une partie non négligeable si ce n’est la majorité des participants se trouvent être en marge ou exclus du monde du travail classique ; étudiants, chômeurs, lycéens, précaires de toutes sortes forment une bonne partie du contingent. Il ne faut cependant pas réduire ces phénomènes d’émeutes à leur seule composante précaire. De nombreux travailleurs sont également présent dans ces périodes d’affrontement. Alors comment expliquer la recrudescence apparente de ce mode de contestation.

Tout d’abord pour de nombreuses personnes il est aujourd’hui impossible de faire grève. Suivre les mots d’ordre d’un syndicat ne sont donc pas vraiment une option. Les travailleurs précaires ou isolés (uberisation, petites entreprises etc) ne peuvent se permettre de se mettre en grève. La raison est d’autant plus évidente pour les personnes privées de travail, les étudiants et les lycéens. L’arme de la grève n’apparaît donc plus comme la solution miracle portée par le mouvement ouvrier traditionnel ; le nombre de personnes pouvant se permettre d’y avoir recours est bien moins important qu’auparavant. Notons également que de nombreux travailleurs ne se satisfont plus des « journées d’action » syndicales, vécues comme insuffisantes et inefficaces. La question se pose donc, pour les personnes souhaitant s’engager, de savoir comment et sous quelles formes.

Des partis hors-jeux

Mettons de coté l’organisation dans un parti politique. La gauche de gouvernement s’est décrédibilisé depuis longtemps déjà pour les personnes souhaitant participer au mouvement social. De leur côté les organisations de gauche comme la France Insoumise ne promettent guère mieux que de participer à leurs campagnes électorales. Enfin les structures d’extrême gauche classiques comme les trotskistes ou les anarcho-syndicalistes restent elles aussi trop souvent accrochées au mythe de la grève générale.

Il n’existe donc pas de place ou cette multitude précaire puisse se sentir d’une quelconque utilité à la lutte. La seule chose à faire reste donc de participer aux manifestations, distribuer des tracts ou coller des affiches ; ce qui est, il faut l’avouer, peu satisfaisant. Ajoutons de plus que la mythologie d’extrême gauche donne une place centrale à la figure du travailleur ; le prolétaire masculin mythifié, en réalité peu présent dans leurs organisations. Notons que ceci explique peut-être en partie la crise de l’engagement militant que vivent ces organisations.

Permanence, nouveauté ou éternel retour ?

Que reste-t-il comme expression politique pour cette partie de la population ? Que peuvent faire nos concitoyens conscient du désastre politique, écologique et économique dans lequel nous vivons mais qui n’ont pas les moyens de faire pression sur le gouvernement. Il ne reste que l’émeute. Par l’émeute ces personnes d’origines diverses ont l’impression de peser comme force politique ou à minima d’exprimer leur colère. Toutes et tous n’y participent pas pour les mêmes raisons, mais les cibles restent les même ; Les banques, la police, les agences immobilières et les grandes entreprises. Par l’émeute, cette multitude diverse devient une force politique avec laquelle il faut compter. Ici réside aussi sans doute l’explication des virulentes condamnations des organisations traditionnelles ; face à leur inefficacité, une force politique autonome informelle est en train de leur voler des militants. Ces organisations ne pouvant entrer en compétition avec elles choisissent de la condamner, quitte à servir de force d’appoint à la répression.

Dans Le temps des émeutes, l’anthropologue Alain Bertho, soulignait déjà en 2009 l’importance mondiale du phénomène. Loin du journalisme sensationnaliste il l’analysait comme un phénomène politique, comme une expression de la révolte sociale. De son côté, Joshua Clover, s’attache à démontrer dans L’Émeute Prime, le caractère à la fois nouveau et ancien de la pratique. Pour lui cette forme politique présente deux aspects. Tout d’abord un retour à une forme d’action politique précédant l’organisation du monde ouvrier ; celles des « émotions populaires ». Mais elle est aussi une forme nouvelle par sa réponse à la recomposition du capitalisme et à l’inefficacité des formes précédentes. Cette forme d’action politique n’a en réalité jamais cessé d’exister. Seules des journalistes et commentateurs politiques méconnaissant notre histoire sociale peuvent être réellement surpris de ces résurgences émeutières françaises.

Coup de gueule

Depuis mai 1968, les mobilisations sociales ont beaucoup évolué. Elles se sont élargies et touchent une large catégorie de personnes.
Depuis son arrivée à l’Élysée, François Hollande a dû faire face une vague croissante de mobilisations sociales. Rappelons-nous le cas de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le mouvement social qui a suivi. Plus récent encore, c’est la forte mobilisation qui s’est créé pour protester le mariage pour tous. Le premier changement constaté dans les mobilisations sociales actuelles est leur ampleur. Cela est dû en partie avec l’avancée de la technologie. Contrairement à il y a 20 ans, aujourd’hui, les meetings s’organisent sur les réseaux sociaux. Autre changement constaté, la catégorie sociale des manifestants.

Auparavant, seules les couches vulnérables de la population étaient enclines à participer à des manifestations. Aujourd’hui, cela n’a plus de sens, puisque jeunes, personnes âgées, mères de familles ou ouvriers descendent volontiers dans les rues pour partager leurs opinions.