International

Un soldat accusé d’avoir diffusé des informations militaires était le dirigeant d’un groupe montant de suprémacistes blancs

Ce soldat de 27 ans a été arrêté en décembre au camp militaire de Linton. Les circonstances sont toujours nimbées de secret. L’homme prévoyait un voyage en Russie pour la période des fêtes avant son arrestation. Il est actuellement sous le contrôle des forces armées et est en attente d’un jugement par un tribunal militaire. On l’accuse d’avoir accédé à un système informatique à des fins malveillante et de diffusion d’informations. Ces informations risquaient de porter préjudice aux forces de défense de Nouvelle-Zélande. On ignore cependant à qui il a fourni ces informations.

Un militant d’extrême droite important

L’homme se cachait derrière un profil du nom de Johann Wolfe. Il se définissait comme le cofondateur du groupe nationaliste et suprémaciste blanc « Dominion Movement ». Ce groupe partage les mêmes positions idéologiques que le terroriste de Christchurch. Suite à l’attaque contre les mosquées le groupe a supprimée sa présence internet. Cependant un autre groupe très similaire, « Action Zelandia », n’a pas tardé à apparaître. Le soldat aurait également été interrogé par la police suite à cette attaque.

L’homme serait également intervenu dans un podcast australien d’extrême droite. Il semble que ses proches aient été scandalisés par ses propos. Dans ce podcast il parle aussi de leurs succès en terme de recrutement et leurs méthodes de communication. Par ailleurs l’activisme du soldat ne s’est pas arrêté après l’attaque de Christchurch. On ignore cependant si il faisait partie de Action Zelandia. Ce qui est sûr c’est que le groupe intégriste Wargus Christi a été le premier a annoncer qu’un des leurs avait été arrêté. Actuellement la police et les forces armées mènent une enquête criminelle conjointe. Nous en saurons certainement plus au moment du procès.

International

Les groupes de suprémacistes blancs sont une force croissante dans les centres de détention de l’île du sud du pays

Leurs places fortes sont la prison de Christchurch et les centres de détention d’Otago. Sans surprise ces prisons se trouvent sur l’île du sud où la population reste très majoritairement blanche. De plus, Christchurch a une longue histoire de présence de l’extrême droite dans la ville, sans même parler de la récente attaque terroriste contre les mosquées. Au total 81 prisonniers seraient affiliés à un gang de suprémacistes blanc. Ceci représente une nette augmentation ; ils étaient 53 en 2015 et 71 en 2017.

Des nazis sur l’île du sud

Les différents groupes portent des noms évocateurs ; White Power, White Power Creed, National Front, Right Wing Resistance, 4th Reich, Skinheads, Chaos Skin, Rodent Aryan Brotherhood, Crew 38 ou les Ruthless Boot Boys. Ils sont 22 rien qu’à Christchurch, en Otago ils sont 18 et 10 à la prison de Rimutaka. Les autres prisons n’ont que quelques individus isolés. Ils ne sont par exemple que 4 à la prison de Auckland sur 500 détenus. L’un d’entre eux est le responsable de l’attaque de Christchurch.

On a donc assisté à une augmentation de 53 % de leur nombre entre 2015 et 2019. La population carcérale n’a augmenté que de 13 % dans le même temps. Le criminologue et ancien détenu Greg Newbold n’est pas surpris que leur nombre soit plus important dans l’île du sud. Dans les autres prisons, il existe une très forte population de maoris et de polynésiens. Être un skinhead y fait de vous une cible. Cette majorité de personnes de couleur est moins importante dans l’île du sud. Néanmoins il est difficile de savoir si ces chiffres sont précis ; un grand nombre d’individus ne sont recensés que parce qu’ils reconnaissent appartenir à tel ou tel gang. Certains doivent passer inaperçus.

International

Un soldat lié à une « Fraternité Chrétienne » d’extrême droite a été arrêté au Camp Militaire de Linton suite à une enquête policière

L’enquête aurait été menée conjointement par la Police néo-zélandaise et les Forces de Défense de Nouvelle-Zélande, selon un porte-parole de la police. Le soldat est soupçonné de liens avec une organisation d’extrême-droite religieuse. Ce groupe se réunirait sous la forme d’un club de bodybuilding ; Wargus Christi. Ce groupe d’extrême-droite se défini comme un « ordre martialo-monastique ».

Des fanatiques religieux d’extrême-droite

C’est le groupe Wargus Christi qui a révélé le premier sur Telegram qu’un de ses membres avait été arrêté et mis en détention par la police militaire ; «  un de nos gars a été arrêté pour des raisons encore inconnues. Il est actuellement en détention ». Un autre utilisateur a par la suite précisé qu’il était en « prison militaire ». Le porte-parole de la police a aussi révélé que ; «  Les Forces de Défense de Nouvelle-Zélande et la Police de Nouvelle-Zélande ont conjointement mené une enquête criminelle. Les Forces de Défense de Nouvelle-Zélande dirigent actuellement l’enquête ».

On possède encore peu d’informations étant donné que l’enquête est toujours en cours. On sait néanmoins que la police a menée une perquisition en plus du mandat d’arrêt au camp de Linton. Ce camp militaire est le plus grand de Nouvelle-Zélande et se trouve à Palmerston North. La page Facebook du groupe Wargus Christi est très claire sur ses positions d’extrême droite et ses valeurs ; ils publient régulièrement du contenu homophobe, antisémite et islamophobe. Ainsi un récent post de la « Fraternité Chrétienne » promouvait la « mortification de la chair », la « sévérité vis à vis du corps » comme un acte de « guerre spirituelle » et de « sanctification ». Le groupe est un fervent défenseur de la flagellation. Un autre post remontant au 15 décembre déclarait aussi ; « tout comme l’Islam, le Judaïsme est l’ennemi juré du Christ ».

InternationalPolitique

Des dizaines d’étudiants de l’Université d’Auckland ont organisé un sit-in et des actions de protestation contre le racisme sur le campus

Les étudiants tenaient ainsi à affirmer que le racisme et les discriminations n’avaient pas leur place à l’université. Ces actions ont eu lieu à la suite du refus du responsable de l’université de retirer des stickers et des posters liés à des groupes de suprémacistes blancs. Selon lui il s’agit d’une question de liberté d’expression. En réponse une soixantaine d’étudiants ont occupé le bâtiment où se trouve le bureau du responsable.

Le groupe d’extrême droite en question se nomme Action Zelandia. Ces nouveaux venus dans le mouvement raciste de Nouvelle-Zélande ont récemment procédé à de nombreux collages à travers le pays. L’université affirme qu’elle trouve leur idéologie détestable mais a choisi de protéger leur liberté d’expression. Le responsable Stuart McCutcheon a cyniquement affirmé qu’il trouvait cela « malheureux ».

La liberté d’exprimer son racisme

Selon les étudiants il existe actuellement un contexte général de retour du suprémacisme blanc. De nombreux groupes et militants s’étaient mis en sommeil afin d’éviter la répression suite à l’attentat dans les mosquées de Christchurch. Cependant cette mise en sommeil n’a pas duré ; il semble que cette réapparition de stickers et d’affiches soient une opération coordonnée.

Rhys Jones, un professeur sur le campus s’est avoué déçu de la réponse de l’université. Il aimerait voir l’université tracer une démarcation forte avec ces individus ; « Ceci montrerait que nous avons plus à cœur de protéger les étudiants les plus vulnérables et le personnel que de protéger le droit de suprémacistes blancs à diffuser leur rhétorique mortifère ». Jones ajoute que cela pourrait dissuader des étudiants d’intégrer l’université. Une fois encore, une conception biaisée de la liberté d’expression permet à des groupes fascistes de répandre leur idéologie. Peut-être comprendra-t-on un jour que la liberté d’expression n’est pas censée être «cinq minutes pour les juifs et cinq minutes pour les nazis ».

Coup de gueuleInternational

Le ministère des enfants applique une politique racialisée, coercitive, prénatale et régionalisée d’enlèvement des enfants à leurs parents

Ce ministère est aussi appelé Oranga Tamariki, en maori. Les enfants enlevés à leurs parents sont très majoritairement maoris et la décision est prise par décision judiciaire avant même la naissance de l’enfant. Selon Emily Keddel de l’Université d’Otago, son analyse des statistiques entre 2008 et 2018 peignent une « sombre image ».

Des enfants majoritairement maoris

Entre 2015 et 2018 le nombre d’enfants enlevés à leurs parents avant leur trois mois a augmenté de 33 %. Alors que l’enlèvement d’enfants non-maoris est resté le même ces 10 dernières années, le taux d’enfants maoris est passé de 67 à 103 enfants sur 10 000. Certains leaders maoris accusent même Oranga Tamariki de cibler disproportionnellement les enfants maoris ; trois d’entre eux sont enlevés par semaine.

Une autre découverte troublante est que l’enlèvement d’enfants a chuté dans toutes les régions de Nouvelle-Zélande excepté ; Northland, Wellingon, East Coast et Waikato. Ces régions de l’île du nord ont vu l’enlèvement de 175 bébés en 2017-2018, contre 111 l’année précédente. Il faut noter que les populations maoris se trouvent principalement dans l’île du nord. Le Docteur Keddel a aussi découvert que la décision judiciaire d’enlèvement d’enfants avant leur naissance a augmentée de 320 %. Cette augmentation vise essentiellement des enfant maoris.

Une réforme aggravant la situation

Selon Mme Keddel la réforme de Oranga Tamariki de 2015 est une des origines du problème. Cette réforme vise à une intervention rapide, en amont des problèmes. Ceci a pour effet de mener à un enlèvement presque préventif des enfants plutôt que de fournir des aides et du soutien aux familles. Il semble pourtant évident qu’enlever un enfant à sa famille devrait être la dernière solution. Cependant cette réforme ne portant pas d’évolutions en terme de travail social ; le résultat était couru d’avance.

Selon le docteur Keddel la grande disparité géographique en terme d’enlèvement s’explique par des « facteurs de stress extérieurs ». La pauvreté et les problèmes de logement sont au cœur du problème dans ces quatre régions. Les enfants des quartiers pauvres sont 9,4 fois plus susceptibles d’êtres enlevés que ceux des quartiers riches.

Classe, race et colonialisme

Par ailleurs les amendements à la Loi Oranga Tamariki incluent désormais dans la définition d’abus sur mineur les abus émotionnels et l’exposition à la violence au sein du couple. Pour le docteur Keddel ces ajouts sont utiles pour comprendre le mal causé aux enfants mais élargissent beaucoup trop les définitions. De nombreuses familles se retrouvent ciblés par les services de protection de l’enfance. Or loin de fournir des moyens d’agir sur ces problèmes, qui sont souvent des problèmes de pauvreté, la seule option offerte est l’enlèvement des enfants ; « quand on a un marteau, chaque problème a la forme d’un clou ».

Oranga Tamariki a du défendre sa politique suite à des vidéos particulièrement difficiles à visionner ; notamment l’enlèvement d’un nouveau-né à sa mère. Si il n’est pas toujours possible de faire autrement il existe d’autres solutions qui ne sont pas étudiées. Actuellement les lois mènent à une punition de la pauvreté, elle-même souvent un héritage de la colonisation des peuples premiers de Nouvelle-Zélande. Il est clair que quel que soient leurs intentions, Oranga Tamariki applique une politique structurellement raciste et punissant la pauvreté plutôt que d’aider les familles en difficulté.

InternationalSociété

Le territoire de Ihumātao est actuellement occupé par des «défenseurs » afin d’empêcher la construction d’appartements sur une terre maori historique

Un groupe pacifiste est à l’origine de l’occupation ; SOUL (Save Our Unique Landscape) signifiant « sauver notre paysage unique ». Le début de l’occupation à proximité d’Auckland remonte à trois ans. Au fil du temps les défenseurs ont obtenu du soutien du reste du pays et de l’étranger. De nombreuses personnes viennent visiter les lieux et soutenir leur cause. Ihumātao se trouve à proximité de la Réserve Historique des champs de pierre d’Ōtuataua à Māngere. Ce site est considéré comme wahi tapu ; sacré, en maori.

Ihumātao et la rupture du Traité de Waitangi

En 2014 le conseil municipal d’Auckland a ratifié la transformation de ces 32 hectares en zone de développement destinée à accueillir des logements. Peu après en 2015, Pania Newton, la leader de SOUL a commencé à protester en raison de l’importance historique de Ihumātao. Il faut ajouter que ces terres ont historiquement été volées, par décret, aux tribus maori en 1863. Cette expulsion et la déportation des tribus locales a causé de nombreuses violences et des morts. Par ailleurs cette expulsion est une rupture du Traité de Waitangi entre la couronne et les tribus maoris.

De nombreuses manifestations ont eu lieu ainsi que de nombreux hui (réunion). Les défenseurs ont construit un whare, une maison traditionnelle maori, et érigé un Pouwhenua, une sorte de totem marquant la limites des terres. Le 5 novembre 2016 une vingtaine de membres de la communauté ont commencé à camper à Ihumātao. La même année, le terrain a été vendu à Fletcher Residential. L’entreprise a pour projet de construire 480 maisons.

Occupations et recours juridiques

SOUL critique en premier lieu la façon dont Fletcher s’est rendu propriétaire des lieux. Après la saisie des terres en 1863 la couronne en est devenu propriétaire en 1867. Par la suite les lieux ont été vendus à des Pakehas, les colons blancs. Le terrain est alors resté une terre agricole pendant 150 ans. En 2017 les défenseurs ont porté leur lutte jusqu’aux Nations-Unies dans l’espoir de faire reconnaître le non respect du Traité de Waitangi selon la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes. L’ONU a reconnu que la consultation et le consentement des populations maori n’avait pas été correctement recherché.

Le problème a ensuite été traité par le Tribunal de l’environnement. Ce dernier a refusé de revenir sur la décision d’accorder le permis de construction à Fletcher. Les défenseurs ont alors apporté une pétition au parlement à Wellington, demandant l’intervention du gouvernement. Des demandes répétées ont également été faites au conseil municipal d’Auckland. Le problème c’est qu’au sein même des tribus maoris la question ne fait pas l’unanimité.

Une lutte interne chez les maoris

Au début de cette année, soutenu par des membres respectés des tribus maoris, la police est venu expulser les défenseurs. Cependant la manœuvre n’a pas fonctionné et des membres de SOUL ont lancé des appels à réoccuper la terre. De nombreuses personnes sont venus leur apporter leur soutien. Quelques arrestations ont eu lieu après que des personnes aient empêché l’arrivée de camions. Aujourd’hui les choses sont toujours dans l’impasse. Les défenseurs sont toujours sur les lieux et leur demandes sont de plus en plus populaires dans la population.

Ihumātao a révélé une rupture générationnelle et même une lutte de classe interne aux iwis (tribus) maoris. Les maoris ayant été consulté au sujet de la cession de ces terres ne sont pas les personnes de la tribu locale. Pour l’instant l’occupation tiens bon et les défenseurs ont promis de faire tout leur possible pour protéger cette terre.