Politique

WWF FRANCE : ORPAILLAGE ILLÉGAL EN GUYANE

De retour de mission sur le Haut-Maroni, et à quelques heures de l’arrivée du chef de l’Etat, le WWF France dresse un constat très mitigé de la situation de l’orpaillage illégal.

Du 16 au 19 janvier 2012, des représentants du bureau du WWF France en Guyane se sont rendus dans différents villages amérindiens du Haut Maroni (Kayodé, Twenké, Taluen, Antecume Pata), territoire du Parc Amazonien de Guyane. Ces visites ont permis de constater directement l’évolution de l’orpaillage illégal sur cette partie du territoire Guyanais.

Des contacts moins fréquents entre population locale et garimpeiros…

Hormis la situation au village d’Antecume Pata, la plupart des villages constatent des contacts moins fréquents avec les garimpeiros pratiquant l’exploitation aurifère illégale, ce qui pourrait suggérer une moindre pression de l’orpaillage illégal.

Il est d’ailleurs remarqué que globalement, les grands convois de ravitaillement fluviaux, transportant vivres, matériels, voire pelles mécaniques, se sont largement raréfiés ces derniers mois.

… qui s’expliquent par des nouveaux réseaux de ravitaillement.

Sur le terrain, il apparaît que cette baisse des contacts est moins liée à un recul de l’activité d’orpaillage illégal qu’au développement de nouveaux circuits de ravitaillement établis sur le Haut Maroni par les filières clandestines. Profitant de l’installation récente de commerces sur la rive surinamaise du Maroni, œuvrant comme véritables bases-arrières de l’orpaillage illégal, des centaines de porteurs convoient chaque nuit, par voie terrestre, le matériel nécessaire à l’exploitation aurifère illégale. Comme l’ont décrit de nombreux habitants, un maillage cohérent du territoire permet maintenant aux pratiques illégales de perdurer, rendant ces mouvements moins détectables que par les voies fluviales traditionnellement utilisées jusqu’alors. Les points de contrôle du dispositif Harpie sont donc régulièrement contournés par voie pédestre ou par piste de quad.

Le WWF a pu détecter, le mardi 17 janvier 2012, une turbidité forte sur la crique Lipo Lipo, zone d’usage des habitants de Antecume Pata. De même, la crique Waki et deux autres affluents du Tampock en amont du village de Kayodé, montraient ce mercredi 18 janvier 2012 les mêmes indices forts d’orpaillage illégal.

Pour illustrer l’évolution de cette situation, le WWF France met en ligne aujourd’hui sur son site www.nonalorillegal.fr , une vidéo réalisée en octobre 2011. Cette vidéo, à laquelle a participé Lucie Décosse, championne du monde de judo et native de la Guyane, présente la diversité des pratiques d’orpaillage illégal (orpaillage alluvionnaire, orpaillage primaire) que subit la Guyane.

Vers une approche transfrontalière du fléau ?

Dans le cadre de la visite présidentielle en Guyane, le WWF attend des engagements forts de l’Etat français en termes de coopération régionale avec le Suriname, ainsi que le maintien et le renforcement territorial du dispositif Harpie pour répondre au développement des réseaux terrestres d’approvisionnement.

source article : http://www.wwf.fr/