Politique

Le patronat qui ne peut comme il l’aimerait supprimer le régime des intermittents entend en revanche tailler dans les coûts. Une fois de plus.

Les 100 000 intermittents du spectacles en France vont-ils subir une énième coupe de leur régime ? C’est en tout cas ce qu’aimerait tant le Medef, la CGPME et l’UPA qui ne veulent plus cotiser pour les allocataires du régime, désormais rattachés à l’Unedic. Car pour le patronat, ce système s’apparente toujours et encore à une culture subventionnée dont il veut se défaire. L’exception culturelle française ne semble pas être une notion qui touche de près ou de loin les patrons, la seule chose qu’ils souhaitent toucher étant de bonnes grosses primes.

Les intermittents ont déjà été pressurisés dans tous les sens au cours des dernières réformes, car il leur faut à présent réaliser 507 heures de travail validées en 10 mois contre 12 auparavant. Le nombre d’intermittents ayant alors diminué. Mais ce n’est pas assez pour le patronat qui veut une coupe bien rase dans le budget, de l’ordre de 200 millions d’euros au total sans pour l’instant donner quelque piste que ce soit. Mais il faut s’attendre à ce que le nombre de mois pour atteindre le nombre d’heures nécessaires diminue encore et que les intermittents doivent une fois de plus se serrer la ceinture.

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Alors que le CDI n’offre plus de réel garantie en termes de sécurité de l’emploi, les plus grandes organisations patronales réclament un contrat précaire à souhait. Une lettre adressée à François Hollande plaide la cause de ces pauvres patrons.

Ils sont décidemment gonflés les grands patrons, et forts aussi. Car non contents de payer au lance-pierre leurs salariés, non contents de jouer allègrement avec la rupture conventionnelle de CDI, non content de favoriser les CDD à répétition, non contents d’user et d’abuser des stagiaires, ils exigent à présent un contrat de travail « flexible ». Comprenez plutôt : précaire.

Tous en cœur contre le contrat traditionnel

Les principales organisations patronales comme le Medef bien sûr, l’Afep (Association française des entreprises privées), Croissance Plus, EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) ou encore Ethic ont ainsi écrit à François Hollande un courrier rendu public dans le Journal du Dimanche dans lequel ils réclament ardemment de pouvoir bénéficier d’un contrat de travail qui ne les lient plus avec le salarié. Je t’embauche et hop ! je te vire ! Aussi simple que ça. Quelques exemples des revendications patronales valent le détour  : « un contrat de travail agile » qui prévoit un « plafonnement des indemnités prud’homales » ainsi que des « motifs de rupture liés à la situation de l’entreprise ou à la réalisation d’un projet« .

 

Les coups de boutoir du patronat ne sont pas terminés car ils démarrent désormais un round de rendez-vous auprès de Manuel Valls en ce début janvier.

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Le 1er octobre 2014 est entré en vigueur le nouveau dispositif des droits rechargeables. Les effets ne sont pas uniquement positifs, et pour au moins 30.000 chômeurs, il serait même pénalisant. Le 18 mars prochain, les partenaires syndicaux se retrouvent pour trouver une solution aux problèmes d’indemnisations posés par le nouveau système.

Lorsqu’un salarié perd son emploi, il doit épuiser ses anciens droits à indemnisation, avant d’obtenir les nouveaux. Vous l’avez compris, s’ils sont inférieurs, il est donc temporairement pénalisé. Cela ne contribue pas à accepter des boulots qui ne correspondent pas à sa demande, même temporairement. L’UNEDIC annonce que 30.000 personnes seraient dans ce cas. Le CGT quant à elle, pense que cela concernerait au moins 100.000 personnes.

De toute façon, il faut trouver une solution à affirmer Eric Aubin (secrétaire confédéral de la CGT) qui a dénoncé un chiffrage restrictif de la part de l’UNEDIC. La CGT demande une « réadmission améliorée » pour permettre aux demandeurs d’emploi de toucher leurs droits les plus élevés pendant toute la période d’indemnisation. La CFDT toujours plus frileuse, est partisane du droit d’option pour que les gens puissent choisir d’abandonner ou pas leurs petits droits en toute connaissance de cause. Et que dire du MEDEF qui ne veut quant à lui rien faire de plus.

Il est évident, qu’apporter un droit nouveau signifie aussi apporter des financements nouveaux.

Crédit photo : Unédic

Coup de gueuleEconomiePolitique

La CGT, par l’intermédiaire de son président Thierry Lepaon interrogé par le quotidien L’Opinion, s’est déclarée formellement opposée à une éventuelle renégociation des seuils sociaux alors que le Président de la République François Hollande avait annoncé sa volonté d’assouplir ces obligations légales.

Ainsi, le gouvernement et le nouveau ministre de l’Economie Emmanuel Macron sont prévenus. La CGT ne remettra pas en cause les seuils sociaux établissant le nombre de représentants syndicaux par entreprise.

Comme l’a expliqué Thierry Lepaon, « il y a contradiction: d’un côté, le gouvernement prône la démocratie sociale, la négociation collective, et de l’autre il veut remettre en cause le droit à la représentation des salariés »,

« Quand on va dire à un salarié d’une petite entreprise, vous étiez 11 et vous aviez droit à un délégué du personnel et maintenant, il faudra attendre que vous soyez 20 ou 30, ce n’est pas rien?! », poursuit-il.

« Et puis quel est le rapport entre le fait de supprimer des droits de représentation des salariés et la création d’emplois? S’il fallait en trouver un, il n’y a qu’à regarder l’Allemagne: à partir de 5 salariés, on a un délégué du personnel. A partir de 10, un comité d’entreprise, et l’emploi se porte bien?! », souligne le dirigeant syndical.

Le syndicat prévoit dans ce cadre une journée d’action au mois d’octobre, lors du vote du budget de la Sécurité sociale, afin de dénoncer la remise en cause de ces acquis sociaux. En effet, si le patronat considère généralement les seuils sociaux comme un frein au développement de l’entreprise, les syndicats et une partie de la gauche jugent en revanche qu’ils constituent un acquis social important.

Crédits photo : Joe Mabel