Macron, pauvreté
Société

Durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (1 102  euros par mois) n’a pas augmenté, mais les plus pauvres sont devenus plus pauvres. « On constate non pas une étendue de la pauvreté, mais son aggravation », explique Véronique Devise.

« Occasion manquée »

Bien que la revalorisation de la prime d’activité ait eu une certaine efficacité (surtout sur les niveaux de vie intermédiaire), les autres mesures n’ont pas permis de sortir les plus pauvres de la misère. Plus grave, les mesures fiscales décidées par le gouvernement ont même «  creusé les inégalités », selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

La stratégie de lutte contre la pauvreté dévoilée par Emmanuel Macron en 2018 « a montré ses limites. Plutôt que de faire des réformes structurelles dans les domaines de l’emploi, du logement, on a adopté des coups de pouce ponctuels. C’est dans la durée que l’on fait sortir les gens du cercle infernal de la pauvreté », regrette Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde. « Le quinquennat écoulé est une occasion manquée », résume cette dernière.

Quelques points positifs, mais pas assez

« Il y a bien eu quelques coups de pouce pour les étudiants, mais rien pour ceux en bas de l’échelle, qui n’ont ni emploi ni formation », déplore Marie-Aleth Grard. Comme il est vrai que des emplois ont été créés, mais pas les bons. « Nous devons être vigilants, pour ne pas faire comme certains pays qui ont baissé le taux de  chômage artificiellement par la multiplication des petits jobs ou cette accumulation de travail pour avoir une vie décente », prévient Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux).

Et comble de la provocation, Emmanuel Macron voudrait conditionner le RSA à toujours plus d’heures de travail d’intérêt général. « Les personnes au RSA sont déjà extrêmement surveillées, et avec 500  euros par mois, elles sont en permanence dans la survie. Et il faudrait qu’elles travaillent pour rien ? », fulmine Marie-Aleth Grard. 

revenu de base, pauvreté
IdéesSociété

Pour faire face à la nouvelle vague de pauvreté due à la crise sanitaire, vingt-quatre présidents socialistes de conseils départementaux proposent de mettre en place un revenu de base, mesure sensiblement différente du revenu universel. 

Allocation en fonction du revenu 

Contrairement au revenu universel qui, par définition, serait le même pour tous, le revenu de base se veut dégressif, c’est-à-dire qu’il diminuerait en fonction du revenu d’activité de la personne.

Dans une tribune publiée dans le Monde, les vingt-quatre présidents de départements se disent  « prêts à l’expérimenter, dès aujourd’hui, notamment pour les jeunes de moins de 25  ans ». Cette mesure permettra de « renforcer notre modèle de protection sociale en l’adaptant aux évolutions de notre société pour protéger contre les chocs sociaux d’ampleur »,  et de « redonner du corps à notre promesse républicaine », affirment-ils.

Plus précisément, le revenu de base consisterait en une somme d’argent, fixée au niveau du seuil de pauvreté, et reposerait sur trois principes, énumérés par le président du département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze  : « inconditionnalité et automatisation du versement, ouverture aux jeunes de moins de 25  ans, dégressivité en fonction des revenus d’activité ». 

Fusion du RSA et de la prime d’activité

Pour répondre à la question de son financement, Jean-Luc Gleyze propose de combiner des aides sociales déjà existantes. « Le modèle que nous avons imaginé fusionne le RSA et la prime d’activité. Ensuite, il y a des coups supplémentaires liés à la protection sociale, tout simplement parce qu’aujourd’hui 30  % des personnes qui pourraient accéder au RSA n’accèdent pas à ce droit par méconnaissance, par difficulté administrative. Et si on y inclut les jeunes, qui en sont aujourd’hui exclus, il y a un surcoût, mais c’est autant de coûts sur la santé qu’on évite par ailleurs », détaille-t-il. 

Pauvreté
Société

Les journalistes Julie Graziani et Pascal Praud sont très clairs à ce sujet : si les pauvres sont pauvres, c’est de leur faute.

«  Si on est au Smic, il ne faut peut-être pas divorcer »

Lundi 4 novembre, la journaliste Julie Graziani, qui représentait le magazine conservateur L’Incorrect, a humilié une femme s’occupant seule de deux enfants pour avoir osé dire à Macron qu’elle ne s’en sortait pas avec son Smic . 

« Je comprends très bien qu’elle ne s’en sorte pas […] Mais un moment donné, je ne connais pas son parcours de vie à cette dame.Qu’est-ce qu’elle a fait pour se retrouver au Smic ? Est-ce qu’elle a bien travaillé à l’école ? Est-ce qu’elle a suivi des études ? Et  puis si on est au Smic, il ne faut peut-être pas divorcer », s’est acharné l’éditorialiste sur LCI, avant de s’en prendre, sur Twitter, aux « plaignants  vindicatifs attendant de l’État qu’il les sauve et ne réalisant même plus que ce sont quand même eux les premiers responsables de leur sort ». 

Jeudi 7 novembre, Pascal Praud est venu au secours de sa consoeur, en faisant part de sa vision des choses à CNews (version papier). Le polémiste s’y est lamenté que la « victimisation signe le temps », et que le « personne n’y est pour rien  » soit devenu la règle. 

Il serait donc bon de rappeler à Graziani et à Praud quelques chiffres, qui parlent d’eux-mêmes : comme, par exemple, que les femmes sont rémunérées entre 15  et 25  % de moins que les  hommes, ou que 85  % des enfants de cadres obtiennent le bac, contre 53  % pour ceux des employés.

«  Dédain plus que macronien  »

Julie Graziani a été renvoyée jeudi 7 novembre de L’Incorrect, ce magazine mensuel oscillant entre droite et extrême droite. « Depuis ce triste passage, et malgré nos conseils et objurgations, Julie Graziani n’a pas pris conscience le moins du monde du caractère scandaleux de ses mots, et au contraire s’enferre dans un dédain plus que macronien pour ceux qui ne sont rien  », s’est justifié Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction. 

Macron, pauvreté, France
Politique

Un sondage réalisé par Ifop pour le compte du site Atlantico met en avant le fait que plus de la moitié des Français craignent de tomber dans la pauvreté.

55% des Français craignent de passer sous le seuil de pauvreté. Voilà ce qui émane du dernier sondage mené sur la question par l’institut Ifop. En regardant de plus près, cette crainte n’est pas homogène, et dépend de la catégorie sociale des personnes interrogées ainsi que de leur âge. 37% des retraités redoutent cette situation tandis que la proportion monte à 63% chez les 35-49 ans et 58% pour les personnes de moins de 35 ans.

Christophe Boutin, politologue, explique que « ce sont les retraités avec leur score particulièrement bas, qui amènent ce résultat de 55% pour l’ensemble des Français, alors que les Français qui travaillent seraient plus proches d’une moyenne de 60% ». Une proportion qui passerait alors à 82% pour les chômeurs.

Autre enseignement du sondage : le niveau d’étude compte parmi les facteurs différenciant. Les titulaires d’un bac+5 ou plus ne sont que 35% à s’en inquiéter contre plus de 50% pour les personnes titulaires d’un bac+3. Aussi, les Français vivant dans les grandes villes sont moins pessimistes que ceux habitants en région. Pour Jérôme Fourquet, du Département opinion et stratégies d’entreprises de l’Ifop, cette différence proviendrait du fossé que la politique d’Emmanuel Macron instaure entre les gagnants et les perdants de la mondialisation.

Coup de gueule

Si l’Organisation des Nations unies se félicite de la réduction de la pauvreté dans le monde, l’homme d’affaires Christophe Mazurier constate parallèlement un creusement des inégalités. Tandis que les écarts de salaires entre les pays du Sud et les pays développés se résorbent péniblement, certaines régions du monde restent en marge du développement.

Une situation qui n’est pas propre aux pays en voie de développement et même en France; une étude de l’INSEE montre que certains territoires sont de plus en plus frappés par les inégalités.

Depuis sa création, l’Organisation des Nations unies s’est donnée pour principale mission de lutter contre la misère à la surface du globe.

Encore récemment, un article du journal Les Echos expliquait qu’il revenait à l’ONU de « faire en sorte que la mondialisation profite à tous et non pas à quelques-uns, que la paix et la sécurité soient le lot de la majorité et non pas de la minorité ; que des perspectives s’ouvrent non seulement pour les privilégiés, mais pour tous les êtres humains, où qu’ils soient ».

Sans se satisfaire totalement de la situation présente, l’organisation internationale se targue tout de même d’avoir fait reculer l’extrême pauvreté à travers le monde.

Cependant, en dépit de ces bonnes statistiques, l’homme d’affaires Christophe Mazurier constate à la lecture du rapport annuel de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement que les inégalités s’accentuent.

Aussi étrange que cela puisse paraître, la lutte contre la pauvreté ne suffit pas à éradiquer les inégalités.

Christophe Mazurier fait notamment observer que « le poids des émergents dans la croissance mondiale est loin d’être aussi homogène qu’on ne le pensait jusqu’alors », « au contraire, affirme-t-il, des disparités inquiétantes en matière de développement entre différentes régions » sont en train de se constituer.

En effet, si les écarts de salaires entre les pays se réduisent, une analyse plus détaillée permet de constater d’importantes inégalités entre les territoires d’un même pays… En France par exemple, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques évoque les difficultés des jeunes en milieu ruraux.

En prenant l’exemple de la ville de Sablé, l’INSEE affirme que « 35 % des jeunes de moins de 30 ans » vivent avec à peine 1000 euros, grâce aux aides de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF). Face à cette situation un peu paradoxale et en guise d’ouverture, on pourrait paraphraser Jean Gabin dans le film de Henri Verneuil et rappeler que les chiffres parlent mais ne crient jamais, c’est pourquoi ils n’empêchent personnes de dormir…

Coup de gueulePolitique

D’après une enquête de l’Insee sur les revenus et le patrimoine des ménages, les inégalités sociales continueraient à se creuser en France. Les pauvres sont toujours plus pauvres et les riches toujours plus riches… une tendance qui se confirme.

Ainsi, la pauvreté en France aurait continuer d’augmenter avec la crise et touche désormais non plus seulement les chômeurs mais également des salariés. Si l’étude de l’Insee publiée ce mercredi ne concerne que l’année 2011 (dernières statistiques disponibles), elle montre clairement que les inégalités sociales persistent.

Alors que les 40% des personnes les plus modestes ont vu leur niveau de vie diminuer entre -0,2% et -0,8%, les 40% des plus riches ont vu le leur augmenter entre +0,1% et +0,8%. En parallèle, la proportion des personnes pauvres a elle aussi « continué de s’accroître », avec un taux de pauvreté s’établissant pour cette année à 14,3% (+0,3 point en un an) de la population totale.

Parmi les personnes classées pauvres, on retrouve donc logiquement pour une large part les chômeurs, mais également certains salariés, dont le taux de pauvreté a augmenté de 0,6 point, passant de 6,3% à 6,9%. Comme le souligne Jérôme Accardo, chef du département des prix à la consommation de l’Insee à ce sujet, « une telle hausse du taux de personnes pauvres parmi les salariés n’avait pas été enregistrée depuis 2007 », souligne l’Insee, qui l’explique par « une quasi-stabilité des bas salaires en euros constants et même une baisse de 0,3% du Smic horaire brut en moyenne annuelle ».

Crédits photo : Eric Pouhier

Politique

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C’est au site du Vatican à Reuteurs que le Pape François a reçu le président Barak Obama jeudi matin. Quelques sujets comme les droits des homosexuels et l’avortement ont été mis de côté. Le sujet de conversation s’est surtout centré dans la lutte contre la pauvreté dans le monde.

L’entretien privé entre le président et pape a duré une cinquantaine de minutes environ. Après ce tête-à-tête, le président américain déclare dans une interview que l’autorité morale considérable dont le pape possède pourrait avoir une grande influence positive pour le rééquilibrage social et économique dans le monde. Toujours d’après lui, l’écart qui est visible actuellement entre les revenus des plus riches et des Américains moyens n’est pas uniquement un problème économique. Le souci est aussi d’ordre moral. Évidemment, ce problème ne se limite seulement pas aux frontières américaines, c’est aussi l’une des sources de la pauvreté dans le monde.

Pour sa visite au Vatican, Barak Obama a été accompagné d’une délégation et parmi elles le secrétaire d’État John Kerry.