En grandes difficultés avant même la crise du Covid-19, le secteur du prêt-à-porter connaît aujourd’hui les heures les plus noires de son histoire.
Conséquences des mouvements sociaux pour les dirigeants
Avec une chute de 15 % de valeur de marché en 12 ans (selon l’institut français de la mode), due notamment à l’essor de la vente de vêtements en ligne, le secteur du prêt-à-porter ne s’est jamais aussi mal porté que ces deux dernières années.
En cause selon les dirigeants (La Halle, Camaïeu, André, …), les différentes crises sociales et sanitaires qui ont secoué le pays depuis 2018 : le mouvement des Gilets jaunes, les grèves des transports, les manifestations contre la réforme des retraites, et plus récemment la crise sanitaire du coronavirus.
Mauvaises stratégies selon les salariés
Pour les salariés en revanche, les déboires du secteur sont dus avant tout aux stratégies purement financières des actionnaires, qui ont misé sur le rachat de sociétés en LBO (leveraged buy-out, rachat par effet de levier). Cette stratégie consiste à s’endetter dans un premier temps, puis à se rembourser sur le dos de ces nouvelles acquisitions, avant de les revendre, appauvries. Il en est allé ainsi, par exemple, avec La Halle, qui a été partiellement rachetée le 8 juillet par les groupes Beaumanoir, Chaussea et Chauss 34.
En effet, sur les 5 500 employés concernés par ce rachat, 3 334 seulement conserveront leur poste. « Tout cela a été réalisé à “arrache.com”, fulmine Gaëlle, directrice d’un magasin La Halle à Morlaix (Côtes-d’Armor). Nous devions savoir si nous étions reclassés ou virés le 15 juillet, mais on n’a rien vu venir… On m’a annoncé que je n’étais pas transférée dans un autre magasin et donc licenciée le 27 juillet. Nous avons été traités comme des vieux chaussons après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, sans compter ses heures. C’est écœurant. »