précarité, ski
Idées

Même au ski, pourtant destination privilégiée par excellence, les conditions de vie et de travail des employés se dégradent en raison de l’explosion des loyers, du manque d’effectifs, et de la baisse des revenus.

Risques pour les clients

« On est loin des saisons d’il y a vingt ans, qui étaient vécues comme des fêtes. Aujourd’hui, je ne peux plus dire que je suis saisonnière par choix. Je le suis car c’est le seul boulot que j’ai ! », se lamente Maud Goret, conductrice de remontées mécaniques ayant manifesté avec 40 de ses collègues lundi 27 janvier. 

Une mobilisation qui a porté ses fruits, puisqu’elle a permis à Maud et ses collègues d’obtenir 5 recrutements supplémentaires pour les vacances, essentiels pour ces salariés qui souffrent déjà du stress et de la fatigue dus au manque d’effectifs. « On doit faire plus avec moins d’heures », insiste Maud Goret.

Or, moins de personnel c’est aussi moins de sécurité pour les vacanciers, rappelle Florian Thomas, pisteur de 35 ans à Font-Romeu : « On n’est plus assez pour patrouiller et vérifier la qualité de la neige qui se dégrade avec le réchauffement climatique. Un soir, on s’est rendu compte qu’une piste aurait dû être fermée bien plus tôt alors que des clients avaient continué à skier sur de la mauvaise neige. »

Conditions difficiles

Au manque d’effectif s’ajoutent les conditions difficiles inhérentes aux métiers des pistes. « Pisteur est un métier épuisant qui nécessite une bonne condition physique, explique Florian Thomas. Passé 40 ans, on n’a plus de genoux, plus de dos. »

Certains risquent même leur vie en manipulant les explosifs servant à déclencher les avalanches préventives. En janvier 2019, par exemple, deux artificiers de la station de Morillon (Hautes-Alpes) ont été tués par une explosion lors d’une intervention.

Faible pouvoir d’achat

Tout coûte cher, de la nourriture aux logements, en passant par l’essence et les cigarettes, même si « pour l’essence et les cigarettes, on peut aller en Espagne. On a plus de chance que ceux qui vivent dans les Alpes », se rassure tant bien que mal Florian Thomas.

D’autres, comme Thibaut Manche, pisteur à Val-Louron (Hautes-Pyrénées), ont décidé de vivre en camion : « Je n’ai pas envie de me faire exploiter deux fois par la bourgeoisie, une fois au travail et une fois par la rente. Là, au moins, je suis propriétaire de mon logement ».

Coup de gueulePolitique

Le jeune homme est membre du syndicat Solidaires étudiant.e.s et a expliqué son geste dans un texte dénonçant la situation sociale

L’étudiant de 22 ans a donc tenté de s’immoler devant les bureaux du Crous situé au 367 rue Garibaldi à Lyon 7e. Sa lettre est une dénonciation en règle de la situation dans laquelle se retrouvent les étudiants pauvres et précaires. Le syndicat Solidaires a lancé un appel à manifester mardi prochain.

L’étudiant a été secouru par les pompiers mais il est brûlé à 90 %. Il est actuellement au Centre des brûlés de l’hôpital Edouard-Herriot. Sa situation n’est pas stabilisé et son pronostic vital est engagé. Le service de communication de l’Université et du gouvernement n’a pas attendu longtemps pour se mettre en mouvement ; le ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal s’est rendu sur place pour rencontrer le personnel du Crous et de l’Université.

Un acte désespéré mais un acte politique

Entre deux larmes de crocodiles du ministre et de la présidente de l’Université Lyon 2, Nathalie Dompnier, celle-ci s’est exprimée ; « Nous n’avions pas connaissance de difficultés personnelles concernant cet étudiant, très impliqué au sein des instances de l’établissement ». Elle ajoute qu’il ne touchait plus de bourse car il triplait sa deuxième année de Licence. Chacun cherche à se couvrir en faisant mine d’ignorer sciemment la portée collective de cet acte individuel.

Dans son message Facebook l’étudiant pointe directement la responsabilité du ministre et du gouvernement. L’étudiant pointe l’injustice du système capitaliste, disant qu’il rêve d’un monde où « on ne perde pas notre vie à la gagner ». Voilà l’effet des mesures libérales, des coupes dans les aides sociales des gouvernement successifs, de gauche comme de droite. Le capitalisme tue, ici comme ailleurs. La lettre du jeune homme se termine par « Vive le socialisme, vive l’autogestion, vive la sécu ».

précarité, gouvernement, associations
EconomieIdéesPolitique

Alors que le gouvernement présentait mardi 10 septembre le bilan de sa stratégie de lutte contre la pauvreté, les associations d’aide aux plus précaires ont, dès lundi 9, présenté leurs propres conclusions. « Il y a une véritable contradiction entre les objectifs affichés par l’exécutif dans le cadre de cette stratégie de lutte et la situation des personnes confrontées à un accroissement des inégalités », a résumé Christophe Devys, président du collectif Alerte, qui fédère les organisations de solidarité.

Des économies sur le dos des plus faibles

Même si le chômage a globalement diminué, les plus précaires n’en profitent pas, et pire, certaines mesures les fragilisent. « L’Unédic a décidé de faire 3  milliards d’économie essentiellement sur le dos des précaires. L’impact va être colossal. On s’attend  à voir plusieurs centaines de milliers de personnes basculer du chômage vers les minima sociaux », a prévenu Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité. 

Certes, le gouvernement a lancé quelques mesures positives, telles la création de 5000 postes en insertion par an, ou la concertation pour la mise en place d’un « service public de l’emploi », mais ces décisions apparaissent comme des caches misère, qui dissimulent, bien mal, les cadeaux qu’a fait l’Etat aux plus riches (5  milliards d’euros avec la suppression de l’ISF et 7  milliards avec celle de la taxe d’habitation).

Les précaires sont d’autant plus touchés par ces mesures que le RSA n’a pas été revalorisé ( RSA qui sera d’ailleurs supprimé courant 2020, au profit du Revenu Universel d’Activité, qui fusionnera plusieurs prestations sociales) et que 250 000 emplois aidés ont disparu.

Risque de mal-logement

La construction de logements sociaux est insuffisante (35 000 au lieu des 65 000 nécessaires), le  budget pour les centres d’hébergement et de réinsertion est en baisse, et presque rien n’est fait pour contenir les bidonvilles. « On se trouve dans une situation de laquelle quelques milliers de personnes vont sortir par le haut, mais des dizaines de milliers d’autres vont basculer dans le mal-logement », déplore Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.

Politique

Alors que le CDI n’offre plus de réel garantie en termes de sécurité de l’emploi, les plus grandes organisations patronales réclament un contrat précaire à souhait. Une lettre adressée à François Hollande plaide la cause de ces pauvres patrons.

Ils sont décidemment gonflés les grands patrons, et forts aussi. Car non contents de payer au lance-pierre leurs salariés, non contents de jouer allègrement avec la rupture conventionnelle de CDI, non content de favoriser les CDD à répétition, non contents d’user et d’abuser des stagiaires, ils exigent à présent un contrat de travail « flexible ». Comprenez plutôt : précaire.

Tous en cœur contre le contrat traditionnel

Les principales organisations patronales comme le Medef bien sûr, l’Afep (Association française des entreprises privées), Croissance Plus, EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) ou encore Ethic ont ainsi écrit à François Hollande un courrier rendu public dans le Journal du Dimanche dans lequel ils réclament ardemment de pouvoir bénéficier d’un contrat de travail qui ne les lient plus avec le salarié. Je t’embauche et hop ! je te vire ! Aussi simple que ça. Quelques exemples des revendications patronales valent le détour  : « un contrat de travail agile » qui prévoit un « plafonnement des indemnités prud’homales » ainsi que des « motifs de rupture liés à la situation de l’entreprise ou à la réalisation d’un projet« .

 

Les coups de boutoir du patronat ne sont pas terminés car ils démarrent désormais un round de rendez-vous auprès de Manuel Valls en ce début janvier.

Politique

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Selon nos confrères du Guardian, McDonalds, Domino’s Pizza et Burker King occupent les premières places d’un podium peu reluisant : celui des plus gros signataires de contrats précaires.

Ces chaînes de fast-food se disputent la place pas-tellement-convoité de pourvoyeur de précarité en signant à tour de bras des contrats « zéro heure« , dispositif salarial britannique n’imposant aucun volume horaire ni aucune rémunération minimum. Toutefois, comme l’indique le NewStatesman, « si vous êtes sous contrat mais sans travail, l’Office National des Statistiques (ONS) vous compte comme employé« .

Brandis par le gouvernement britannique comme un merveilleux outil de flexibilité pour les entreprises, ce contrat « zéro heure » serait surtout, in-fine, un merveilleux outil pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage. Occupé notamment par les étudiants ou les personnes à la recherche d’un complément de revenus, ce contrat concernerait un million de personnes au Royaume-Uni, soit quasiment 4% de la population active (selon une récente étude de l’Institut britannique des ressources humaines).

Ne comprenant pas de congés, ni de repos et encore moins d’horaires fixes, dans un secteur où la main d’œuvre peu qualifiée est rarement syndiquée, ces accords font gronder la population britannique. Au micro de la BBC, le Secrétaire d’Etat au Travail Vince Cable a même avoué « une certaine forme d’exploitation« . Voilà comment brouiller encore plus le rapport de confiance, déjà largement égratigné, entre les employeurs et les employés.