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Société

La prime à la vaccination (200 euros) que la coopérative agricole Cooperl propose depuis le 5 août à ses employés inquiète les syndicats, qui dénoncent une potentielle atteinte au secret médical. 

Vaccination semi-forcée

« Avec leurs faibles rémunérations, les salariés vont accepter cette prime parce qu’ils en ont besoin », regrette Marie-Jeanne Meunier, déléguée CFDT de la coopérative agroalimentaire Cooperl, qui assimile donc ce procédé à une vaccination semi-forcée.

« Cela soulève beaucoup de questions relatives au droit du travail, s’inquiète la syndicaliste. Le secret médical, c’est ça la règle ». « Si un travailleur se rend aux ressources humaines pour demander sa prime et qu’il répond simplement qu’il n’a pas à présenter de preuve de son vaccin, que se passe-t-il à ce moment-là ? », s’interroge-t-elle. « C’est très compliqué, on est assez inquiet ».

Mais peut-être pourrions-nous répondre à madame Meunier que ce n’est pas si compliqué, que ce n’est qu’une question de compromis … Si le salarié veut la prime, il présente une preuve de vaccination. Sinon, il renonce à la prime. Problème résolu. 

«  Questions juridiques et éthiques  »

Mais même si la démarche est basée sur le volontariat, cette prime «  pose des questions juridiques et éthiques », estime l’avocat Kevin Mention. Selon lui, d’un point de vue juridique la distinction faite entre des travailleurs vaccinés et non vaccinés pourrait « être assimilée à une discrimination sur la santé ». 

Et concernant la dimension éthique, Kévin Mention pose la question suivante  : «   Imaginons qu’on offre une prime à quelqu’un qui avoue avoir un cancer ou à une femme qui confirme être dans un état de grossesse, est-ce qu’on trouverait ça légitime ? ». Là encore, peut-être pourrions-nous simplement répondre à monsieur Mention qu’une grossesse ou un cancer ne sont pas des questions de santé publique … 

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IdéesSociété

Alors que le personnel soignant et les aides à domicile ont déjà, et à juste titre, obtenu des primes dûment méritées, les employés des entreprises de nettoyage n’ont, eux, rien perçu, et attendent toujours un geste de leur direction. 

Plusieurs secteurs concernés

Des centres de maintenance de l’armée aux hôpitaux, en passant par les Ehpad et les commissariats, les techniciens de surfaces, ou plutôt techniciennes, puisqu’il s’agit en grande majorité de femmes, ont continué à oeuvrer dans l’ombre durant le confinement, pour permettre aux agents d’exercer dans les meilleures conditions possibles. Ces femmes de ménage ont donc récemment commencé à se faire entendre, exigeant que leur travail soit reconnu et récompensé à sa juste valeur. 

La colère gronde notamment à l’Atelier industriel aéronautique (AIA) de Clermont-Ferrand, où les employées étaient à pied d’oeuvre jour et nuit pour permettre aux avions et hélicoptères d’acheminer les malades d’un hôpital à un autre. « À l’AIA, les fonctionnaires de l’armée et les militaires avaient le droit à des masques, des gants, mais les agents de nettoyage ont dû continuer à nettoyer les surfaces sans aucune protection les trois premières semaines du confinement  ! », fulmine Bastien Laborde-Balen, secrétaire général adjoint CGT à l’AIA. 

Une rancoeur partagée par les femmes de ménage du Groupement hospitalier Nord Essonne (GHNE). « Certaines ont eu 30  euros, d’autres 50, d’autres rien. Ce qu’on veut, c’est 500  euros minimum, autant que pour les soignants », exige Olivier Champetier, secrétaire de l’union départementale de la CGT en Essonne. 

Mauvaise foi des employeurs

La société privée Onet, qui embauche les femmes de ménage du site de Clermont-Ferrand, avait promis une prime de 150 euros à ses salariées, mais elle est revenue sur sa parole en se dessaisissant du marché public du nettoyage de l’AIA, faisant ainsi passer ses employés sous la coupe d’une entreprise concurrente.

« Parce que ces travailleuses ne sont aujourd’hui plus ses salariées, Onet refuse de leur verser la prime promise. Elles ont pourtant travaillé sans relâche de mars à mai ! Tout le monde se sent lâché par l’entreprise, c’est un coup bas », déplore Bastien Laborde-Balen.

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Economie

Le transporteur américain a décidé de faire un geste pour récompenser ses employés de leurs bons et loyaux services durant cette crise, mais certainement pas celui auquel ces derniers s’attendaient. En effet, en lieu et place d’une prime dûment méritée, les salariés de Fedex ont reçu … des t-shirts, portant l’inscription «  Hero  : what we are and what we do  » («  Héro  : ce que nous sommes et ce que nous faisons  »).

«  Héros en danger  »

«  Au départ, nous n’avion pas de masques, très peu de lingettes et quasiment pas de gel hydroalcolique, rappelait Yahya Sabri, de la CFDT, avant cette révélation. Il a fallu se bagarrer pendant des semaines pour finir par avoir à disposition le matériel adéquat, le 9 avril. On a vraiment l’impression que les profits passent avant les conditions de travail et la reconnaissance des salariés  ».

Ce «  geste  » de la direction n’a donc bien évidemment pas apaisé le syndicaliste, qui est immédiatement monté au créneau. «  En gros, les managers devaient donner les t-shirts aux salariés, les prendre en photo avec et renvoyer les clichés à la direction, raconte monsieur Sabri.  C’est une opération de com’ interne, comme l’entreprise en organise régulièrement. Je peux vous dire que les salariés n’ont pas apprécié…Comme je l’ai dit à un responsable, un «  héros  » mal protégé est un héros en danger»

Blocage des sites

Pour que les employés obtiennent gain de cause, la CFDT a lancé des actions dans plusieurs sites du groupe. « Ce mouvement est d’une ampleur inattendue, se félicite Yahya Sabri. De nombreux sites étaient concernés  : Avignon, Valence, Annecy, Strasbourg, sans oublier la région parisienne. Nous continuerons à lancer des débrayages tant que la direction n’entendra pas  ».

«    Nous ne sommes pas en mesure d’offrir une prime à nos employés, car FedEx continue d’opérer dans un environnement très incertain, avec des coûts de services accrus et des volumes qui ont fortement baissé  », a répondu la direction dans un communiqué. 

Politique

Quatre ouvriers qui travaillent ou ont travaillé sur le site de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, au Japon, ont porté plainte ce mercredi 3 septembre 2014 contre la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco). Ces derniers n’auraient pas reçu les primes de risque correspondant à leurs missions dans le cadre de démantèlement de la centrale.

Ces ouvriers qui ont souhaité garder l’anonymat, estiment en effet que la société Tepco n’a pas versé les primes de risque promises il y a quelques mois et réclament 91 millions de yen, soit 661 000 euros, chacun de dédommagement. Leur mission consistait à débarrasser le site des débris radioactifs et ces derniers étaient donc exposés aux radiations des réservoirs d’eau contaminée.

Selon l’avocat des plaignants, « des ouvriers ne perçoivent pas les primes de risque promises et des ouvriers qualifiés s’en vont. Le chantier devient un endroit pour ouvriers amateurs seulement, et tous ceux qui vivent près de la centrale devraient s’en inquiéter ».

Une plainte qui tombe mal pour l’opérateur japonais en grande difficulté depuis la catastrophe et qui pourrait faire des émules en cas de succès devant la justice.

Les coûts financiers de la catastrophe nucléaire et de la décontamination du site avaient forcé l’État japonais à nationaliser Tepco.

Crédits photo : IAEA

Coup de gueulePolitique

Révoltés par le montant toujours plus bas de leur prime d’intéressement, des salariés du siège social du groupe Casino basé à Saint-Étienne ont en guise de protestation, reversé la totalité de leur prime à une organisation caritative. Ils entendent par ce biais dénoncer la politique de l’entreprise qui malgré un chiffre d’affaire et des dividendes en hausse, ne cesse de réduire la participation des salariés.

Ainsi, plus d’une centaine de salariés du groupe Casino ont reversé leur prime jugée dérisoire (quelques dizaines d’euros en moyenne) à l’association caritative « 42 Sourires d’enfants » intervenant au CHU de Saint-Etienne. Une bonne action certes, mais dont l’objectif est avant tout de protester contre la direction du groupe. En effet, comme le précise Frédérique Augis, représentante CFDT, « les salariés de Casino ne demandent pas l’aumône, mais une reconnaissance de leur travail et de leur implication », alors que le montant des primes versées actuellement s’apparente plus à de la provocation.

« Voici une dizaine d’années, l’intéressement et la participation cumulés constituaient l’équivalent d’un 14e mois. Aujourd’hui, cela représente 200 euros, alors que le chiffre d’affaires, les bénéfices et les dividendes du groupe ne cessent d’augmenter », a ajouté la syndicaliste. L’ensemble des employés dénonce de ce fait l’accord sur le calcul de leur intéressement établi pour les trois prochaines années, et signé en 2013 par FO et la CFE-CGC, qui, selon eux, prévoit qu’il soit « calculé sur les résultats des sociétés historiques, les moins rentables du groupe ».

Crédit photo : Groupe Casino