procès, colleuses
Société

Lundi 21 février s’est ouvert à Nantes le procès de quatre militantes féministes interpellées le 14 juillet 2020 pour avoir collé des affiches contre les féminicides et les violences faites aux femmes. Les colleuses risquent désormais deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Pas de flagrant délit

« Notre seul tort, c’est d’avoir collé quelques lettres de papier, et ce, sans aucun flagrant délit, raconte l’une des prévenues surnommée Cass. On venait de coller trois mots “liberté, égalité, impunité”. Quelques instants après, on croise un équipage de la brigade canine. Ils ne nous ont pas vu coller mais nous voient avec les seaux de colle à la main ».

Ensuite les violences ont commencé. Les policiers « ont dit qu’ils s’étaient sentis en danger de mort, se moque Cass.  Moi, avec mon 1,50 m pour 35  kg ? C’est moi qui ai eu quatorze jours d’ITT. Eux, aucun ! » Et une fois en cellule, « tout est fait pour vous déshumaniser, raconte la militante. Je n’ai pu avoir un médecin qu’au bout de dix heures, douze heures pour un avocat ».

« On nous dit que c’est sale »

« C’est le procès de la colère des femmes qui s’expriment, dénonce Cass. On est victimes de violences car on dénonce des violences. J’ai été victime de viol, de violences conjugales. Ce soir-là, je ne me suis pas soumise ».

Pour Anelya, cette agression est véritablement « sorti de nulle part » : « Des violences patriarcales, j’en ai vécu plein. Et ce soir-là, c’était justement ces violences qu’on dénonçait ». Mais à quel prix ? « Cela a changé ma vie, déplore Anelya. Désormais, j’ai super-peur d’aller en manif. Je ne suis jamais rassurée quand je croise des policiers. »

Cass, colleuse invétérée, est plus rodée à la violence. « Au mieux, on nous dit que “c’est sale”. Mais ce qui est sale, c’est ce qui nous arrive tous les jours. Le collage, c’est quelque chose qui est fait pour sauter à la gueule des gens, ce n’est pas fait pour être beau, ce n’est pas de l’art, c’est un moyen d’agit-prop. L’affichage militant, ça dérange. Et ça dérange qu’une femme, féministe, se réapproprie la rue, la nuit », estime la militante.

Le Pen, procès, FN, RN
Société

Ce mercredi 1er septembre s’est ouvert le procès de Jean-Marie Le Pen pour antisémitisme. Les faits remontent à 2014, lorsque l’ancien président du Front national avait déclaré, après que Patrick Bruel ait critiqué son parti  : « Ça ne m’étonne pas. Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois ! »

FN, RN, même combat

« Avec ces déclarations, Jean-Marie Le Pen rappelle ce qu’est le Front national, assurait à l’époque le sociologue Alexandre Dézé.  D’ailleurs, il rassure les militants quant à la radicalité du parti. Marine Le Pen prend position contre son père pour dire qu’au FN, on n’est plus sur cette ligne, mais elle tente de jouer sur les deux tableaux. »

Cette continuité s’est encore vérifiée lors des dernières élections départementales et régionales, quand plusieurs candidats RN se sont vu retirer leur investiture en raison de leur antisémitisme. Le candidat RN de la Creuse, Thierry Morin, est toutefois parvenu à passer entre les mailles du filet et à être élu, après s’être emporté contre «  ces saloperies de migrants de merde ».

La peur, ADN du RN

Et dernièrement (dimanche 29 août), le numéro 2 du RN, Jordan Bardella, a remis sur le tapis la théorie du « grand remplacement », idée selon laquelle «  il y a un basculement démographique qui pourrait faire craindre que la France change de visage dans quelques années et c’est déjà en train d’arriver ». « C’est l’ADN du Rassemblement national. Marine Le Pen souscrit aussi à cette idée, explique le sociologue Sylvain Crépon. Cela lui permet aussi de répondre à la compétition avec Zemmour et ne pas se laisser doubler sur sa droite.   »

Mais selon la philosophe Juliette Grange, le RN n’est pas le seul à blâmer. Aujourd’hui « beaucoup s’extrême-droitisent, repoussant les limites de ce qui est “acceptable” de dire ou de penser. Même le macronisme tente de marcher dans cet espace. Marine Le Pen devient donc légitime. Il est donc plus difficile de dénoncer ses propos, comme il y a vingt ans avec le racisme décomplexé de Jean-Marie Le Pen  ». 

RN, Jeanne, procès
Idées

Vendredi 29 novembre au soir s’est achevé le procès pour escroquerie du Rassemblement national et de certains de ses cadres et prestataires, telle la société Riwal. La date du délibéré a été fixée au 24 avril 2020.

Réquisitoire sévère

Le procès « Jeanne », qui a vu comparaître le micro-parti du même nom créé par Marine Le Pen en 2010, mais aussi le Rassemblement national (RN), et, entre autres, la société Riwal, cherche à déterminer si le système de kits de campagnes imaginé par Jean-François Jalkh, trésorier de Jeanne, et proposés par le RN à ses candidats aux élections législatives de 2012, était une escroquerie.

Les kits, comprenant tracts, affiches et site internet pour une valeur de 16 650 euros pièce, étaient fournis par la société Riwal (fondée par Frédéric Chatillon, un ex du GUD) au micro-parti Jeanne, qui les revendait à son tour aux candidats. Or, pour débourser une telle somme, le RN incitait les candidats à emprunter la somme à Jeanne, somme qui serait ensuite remboursée avec intérêts (6,5 %), après remboursement des frais de campagne par l’État.

Le ministère public s’est donc montré intransigeant, comme toujours quand cela touche aux deniers publics, et a fait des réquisitions sévères, mais justes, réclamant, notamment, deux ans de prison ferme pour Châtillon, la dissolution de Jeanne, 500 000 euros d’amende pour le RN, et le remboursement des 11,6 millions d’euros injustement perçus au titre du remboursement des dépenses de campagne des candidats aux élections législatives de 2012.

Elucubrations de la défense

Comme c’était à prévoir, les avocats de la défense ont joué la carte de la victimisation, accusant le parquet de ne « même pas chercher de preuves,  comme si nos clients étaient ontologiquement coupables ». Maître Nikolaï Fakiroff, a même été, lui, jusqu’à accuser les procureurs d’avoir « de mauvaises intentions ». « Vous êtes des juges aux instructions, c’est organique », a-t-il déclaré.

Me François Wagner, avocat de Jean-François Jalkh, a, lui, mis en lumière « trois éléments » pour justifier de la légalité des kits. Il a d’abord expliqué que Jeanne était bel et bien un parti politique, a rappelé ensuite qu’il était légal et admis qu’un parti « prête à ses candidats », tout comme il était normal que le parti leur facture des intérêts.

« Les opposants politiques du FN salivent, attendent d’en faire un tract », a tempêté Me David Dassa-Le Deist, déplorant : « la politique est rentrée dans le prétoire, par la voix de (mon) confrère qui défend les intérêts de l’État ».

Coup de gueulePolitique

La Confédération Paysanne appelait au rassemblement ce mardi 28 octobre devant la palais de justice d’Amiens pour dénoncer le procès de l’industrialisation de l’agriculture. Un procès au cours duquel seront jugés neuf militants de la Confédération pour dégradation contre le chantier de la ferme des 1000 vaches à Ducrat dans la Somme en septembre 2013.

Dans la nuit du 11 au 12 septembre 2013, une vingtaine de personnes s’étaient introduites sur le chantier de la ferme des 1.000 vaches, près d’Abbeville, pour une action revendiquée par la Confédération Paysanne. Ils avaient immobilisé les engins de chantier et inscrit un tag long de 250 m proclamant : «Non aux 1.000 vaches». Le directeur de l’exploitation Michel Welter avait dénoncé alors un «saccage» et des dégâts dépassant «vraisemblablement les 100.000 euros».

La Confédération Paysanne dénonce quant à elle un procès qui n’est pas celui du « saccage » mais bien celui du refus de l’industrialisation de l’agriculture française, le procès de personnes ayant choisi d’agir plutôt que de se résigner.

Plusieurs milliers de manifestant sont donc attendus aujourd’hui devant le palais de justice pour soutenir les prévenus, parmi lesquels le porte-parole de la Confédération, Laurent Pinatel. De nombreuses personnalités politiques des mouvements écologiste et d’extrême gauche ont également apporté leur soutien comme Olivier Besancenot (NPA), Jean-Luc Mélenchon, les anciennes ministres de l’Environnement Corinne Lepage et Dominique Voynet.

Crédits photo : Confédération paysanne

Politique

L’affaire Areva a donc connu son premier procès, à Paris le 16 mai dernier. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la montagne a accouché d’une souris…

Alors que près de 2 milliards d’euros ont potentiellement été détournés, et que les doutes s’amoncèlent sur la gestion de ce dossier par l’ancienne patronne d’Areva, la justice a donc choisi de s’attaquer, mollement, à l’enquêteur par lequel le scandale est arrivé…

Que l’on en juge : une salle d’audience acquise au mis en cause, un parquet lui-même hésitant sur la validité juridique de son dossier, et une plaignante… qui ne se plaint plus ! Tous les ingrédients étaient réunis pour une audience comme la justice française sait en concocter, inutile et vouée à l’échec.

De fait, le procureur a demandé une simple peine d’amende, sans même se prononcer sur son montant, à l’encontre d’un Mario Brero qui aura su, au final, s’attirer toutes les sympathies.

Surtout, l’audience aura été l’occasion pour certains des avocats, de rappeler l’arrière-plan de ce dossier. Avec des implications potentiellement explosives.