IdéesPolitique

Édouard Philippe a annoncé qu’il allait avoir recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer le projet de réforme des retraites

L’annonce a été faite ce samedi 29 février. Le Premier Ministre a expliqué à la tribune de l’Assemblée nationale qu’il allait avoir recours au fameux article 49.3. Le Conseil des ministre avait préalablement discuté et approuvé cette décision. Pour expliquer cette mesure ouvertement autoritaire Édouard Philippe explique qu’il a le sentiment que les règles du débat démocratique ne sont pas respectées. Le gouvernement avait annoncé à demi mot cette décision il y a quelques jours Cependant la décision a quand même choqué une large partie de la population.

Une mesure autoritaire

Dès l’annonce de cette décision des centaines de personnes se sont rassemblées le soir même devant l’Assemblée nationale. Même la CFDT qui s’était pourtant ralliée au gouvernement a exprimé son inquiétude. Laurent Berger essaye de revenir sur la trahison de son organisation en s’inquiétant du « contenu du texte ». Les mauvaises langue diront qu’il est un peu tard. Parmi les « partenaires sociaux », la CFTC et l’Unsa ont également fait part de leurs réserves. En ce qui concerne les syndicats, la CGT annonce de son côté que la mobilisation va être relancée dès la semaine prochaine.

Même chez certains parlementaires comme le député Matthieu Orphelin, ex-LREM, on déplore l’utilisation du 49.3. Selon Orphelin ; « L’utilisation aujourd’hui par le gouvernement de ce 49.3 est une vraie erreur politique et une vraie erreur démocratique ». Il ajoute ; « « Avec ce 49.3, cet acte d’autoritarisme, j’ai peur que cela ne contribue pas à apaiser le débat ». En effet face à cette négation totale de la part du gouvernement de ses propres prétentions démocratiques il ne reste d’autre solution à la contestation qu’un durcissement du mouvement.

Un enjeu de pouvoir

Ce qui est en train de se jouer là est encore plus important qu’il n’y paraît. En effet la réforme des retraites est sans aucun doute une mesure réactionnaire, largement impopulaire et pro-patronale. Néanmoins l’utilisation du 49.3 pose la question du rôle des « partenaires sociaux » dans leur ensemble. Ce qui se joue là c’est la possibilité ou non de s’opposer à une mesure gouvernementale. Le gouvernement a conscience que ce qui se joue actuellement c’est la question du pouvoir de la rue et des syndicats. Après les reculs du pouvoir après le mouvement des Gilets jaunes un abandon du projet serait pour eux catastrophique.

D’autre part si le mouvement social n’est pas en mesure de s’opposer à une réforme aussi délétère pour la vie des travailleurs, à quoi servent les formes actuelles de la contestation ? Si les syndicats ne se décident pas à durcir radicalement le ton et à s’inspirer de ce qui a fait le succès des Gilets jaunes il faut espérer que le futur de la contestation se fera sans eux, si ce n’est contre eux.

conflit d'intérêt, Jacques Maire, Réforme des retraites
Coup de gueulePolitique

Le député LaREM Jacques Maire assume pleinement posséder des actions de l’assureur privé Axa, alors qu’il est corapporteur de la réforme des retraites. Un conflit d’intérêts décrié par l’opposition, qui dénonce une réforme « par les assureurs, pour les assureurs ».

« Je suis possesseur d’actions au titre de mon activité passée. J’ai quitté Axa fin 2012. Depuis, je n’ai aucun contact particulier avec l’assurance, s’est expliqué Jacques Maire à l’AFP lundi soir.  Je n’ai pas vendu les actions. Pour moi, c’est un produit d’épargne classique, comme de l’assurance-vie ».

7 355 euros de dividendes nets en 2017

« Vous allez tirer un bénéfice privé de cette réforme ! » lance, en plein hémicycle, la députée FI Mathilde Panot. Une accusation totalement fondée, Jacques Maire détenant 13 836 parts de la société Axa, pour un montant évalué à 358 935 euros et des dividendes annuels avoisinant les 7 000 euros ( 7 355 euros en 2017).

Conflit d’intérêts caractérisé donc, car plus l’action d’Axa montera, et grâce à la réforme elle montera, plus Jacques Maire s’enrichira. « Jacques Maire ne peut pas rester rapporteur, sauf à assumer que cette loi est définitivement faite par les assureurs, pour les assureurs, s’insurge Mathilde Panot. « Quand on est en situation de conflit d’intérêts, on doit se déporter. C’est la moindre des choses. Mais il y a visiblement déni et mensonge chez Jacques Maire », confirme le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

« La réforme vise clairement à diriger l’épargne des Français vers les assurances privées, regrette le député PCF Pierre Dharréville. La majorité a visiblement une notion assez fantaisiste des conflits d’intérêts. Ils ne voient même pas le problème. Pour eux, c’est normal »,

Déontologue de l’Assemblée nationale

« Cela a été déclaré à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Je ne cache rien, c’est public », s’est justifié Jacques Maire, ajoutant qu’il n’y avait pas conflit d’intérêts car la réforme des retraites « n’est pas un texte sur les produits d’épargne français, c’est un texte sur le régime par répartition ».

Mais poussé dans ses retranchements, l’accusé a tout de même accepté de saisir la déontologue de l’Assemblée nationale « pour ne pas laisser d’ambiguïtés » et « voir s’il y a conflit d’intérêts ou pas ».

référendum, réforme des retraites
PolitiqueSociété

Lundi 17 février, le projet de loi de réforme des retraites a fait son entrée à l’Hémicycle, violemment accueilli par l’opposition de gauche, qui a exhorté l’ensemble des députés à soutenir le recours au référendum.

R-E-F-E-R-E-N-D-U-M

Juste avant l’ouverture de la séance, dix députés communistes et du groupe GDR (gauche démocrate et républicaine) se sont alignés côte à côte arborant des tee-shirts floqués d’une immense lettre allant du « R » au « M », en passant par le « E », « F », « E », « R », « E », « N », « D », et « U ». 

« Nous avons pris l’initiative d’une bataille déterminée pour que le peuple soit consulté sur ce projet de loi qui remet en cause fondamentalement notre contrat social », clame (sans micro) André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale. « Nous avons derrière nous le peuple uni dans sa majorité : 67 % des Français veulent un référendum sur la réforme des retraites. Nous lançons un appel à l’ensemble des députés de respecter la volonté du peuple. »

Provocations du gouvernement

Le nouveau ministre de la Santé, Olivier Véran, nommé dimanche soir à ce poste en remplacement d’Agnès Buzyn, qui remplace, elle, Benjamin Griveaux à la candidature pour la mairie de Paris, a provoqué la gauche en se réclamant d’Ambroise Croizat, cet ancien ministre communiste ayant généralisé le droit à la retraite. 

Et Laurent Pietraszewski a fait pire que son compère, en invectivant directement l’opposition. « Prenons garde que l’obstruction mécanique ne transforme certains députés en robots d’une organisation terroriste d’obstruction », a déclaré le secrétaire d’État chargé des retraites, faisant ici référence à la stratégie d’obstruction parlementaire, au demeurant pleinement assumée par l’opposition.

Rendre la parole au peuple

« Vous avez le pouvoir, et même le devoir, de mettre fin à ce cauchemar, à ce supplice, à cette lourde faute », a assené le député PCF Pierre Dharréville. « On ne saurait voir bafouées autant d’institutions et de règles démocratiques. On ne saurait enfin décider contre le peuple au nom duquel nous sommes rassemblés ».

« Peut-on imaginer qu’une telle réforme, aussi importante, se fasse sans le peuple, ou malgré le peuple, voire, plus grave encore, contre le peuple ? », interroge Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. « Le moment est venu de mettre fin à l’incompréhension et la colère de nos concitoyens. Et de la meilleure façon qui soit en démocratie : en redonnant la parole au peuple. »

 

Société

La raffinerie de Grandpuits a décidé de suivre la raffinerie de Lavéra et a procédé à l’arrêt total pour protester contre la réforme des retraites

L’arrêt de la raffinerie de Lavéra près de Martigues avait été le signe d’un cap passé dans la contestation. Depuis lundi, la raffinerie de Grandpuits, en Seine-et-Marne a décidé de suivre l’exemple. Les assemblées générales annoncée par le secrétaire de la CGT Chimie Emmanuel Lépine on bien suivi le mouvement.

Le gouvernement se voile la face

Rappelons que la France possède au total huit raffineries. Ces dernières semaines leur activité a été perturbé par des mouvement de grève mais aucune n’avait été mise à l’arrêt. Selon la CGT ces deux arrêts signifient une baisse de 20 % de la production de pétrole dans les jours qui viennent. Sur Franceinfo, Thierry Defresne, le délégué central CGT de Total rapportait que la situation parisienne était compliquée. Selon lui la situation est « extrêmement tendue » ; le dépôt de Gennevilliers est quasiment à sec. Il resterait à peine trois jours de gazole et d’essence.

Defresne explique qu’actuellement les camions vont chercher l’essence de plus en plus loin. Les camions doivent aller jusqu’à Valenciennes et dans l’est de la France. Avec l’arrêt de la raffinerie de Grandpuits la situation va encore empirer pour le gouvernement. L’Elysée se veut néanmoins rassurant. La ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne a ainsi publié un communiqué ; « Actuellement, seuls deux dépôts sur 200 connaissent des difficultés temporaires dans leurs expéditions, et tous les autres dépôts assurent normalement leur fourniture de produits vers les stations-service. La situation ne donne donc lieu à aucune inquiétude ». Espérons que d’autres raffineries suivrons le mouvement.

unité syndicale, réforme des retraites
IdéesPolitique

Le front syndical, qui regroupe désormais huit organisations, n’avait pas été aussi large depuis les grandes mobilisations de 2010 contre (déjà) la réforme des retraites. Cependant les syndicats ne poursuivent pas tous les mêmes objectifs.

Revirement de la CFDT

L’unité syndicale est devenue effective avec le revirement du patron de la CFDT, Laurent Berger, qui avait très clairement affiché son opposition à toute réforme « paramétrique » (modification de la durée de cotisation). En fixant un « âge d’équilibre » à 64 ans, qui imposerait aux salariés de travailler plus longtemps, le gouvernement a donc perdu les syndicaux « réformistes », CFDT en tête, qui ont décidé de rejoindre la lutte.

Différentes directions

Même si les syndicats ont décidé de marcher ensemble, ils n’avancent pas dans la même direction. En effet, alors que la CGT, FO, Solidaires et FSU rejettent catégoriquement un système de retraite par points, les réformistes, eux, sont plus nuancés.

« Cette réforme est mauvaise parce que, globalement, tout le monde va y perdre », affirme Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. « Il faut dire stop, arrêter avec ce régime par points », confirme Yves Veyrier (FO).

« La convergence des luttes, ce n’est pas notre truc, rappelle le secrétaire général adjoint de l’Unsa, Dominique Corona, qui tient à garder ses distances avec la CGT et FO. Nous ne sommes pas sur le tout ou rien. Nous voulons négocier avec le gouvernement dans l’intérêt des salariés. »

«Nous ne sommes pas contre la réforme », rappelle la CFDT, qui affirme être « toujours disposée à discuter. La solution, c’est que le gouvernement sorte la question de l’âge d’équilibre du projet de loi ».

Blocage à Noël

« La CFDT appelle à une manifestation le mardi 17 décembre. Pas à continuer le 18, le 19, etc. Je ne souhaite pas le blocage des transports pour Noël. Ne faisons pas payer l’addition aux usagers. Il serait insupportable qu’ils ne puissent vivre cette période de fêtes avec leurs proches », a fait savoir Laurent Berger.

« Les syndiqués de la CGT font aussi Noël avec leurs enfants », a aussitôt rétorqué Philippe Martinez, rappelant qu’il n’y a « pas ceux qui veulent pourrir les fêtes des uns contre les autres ». « Si le gouvernement retire son projet et que l’on discute sérieusement sur comment améliorer le système, tout se passera bien. Sinon, les grévistes décideront de ce qu’ils ont à faire jeudi ou vendredi », a tranché le syndicaliste.


grève, enseignants, réforme des retraites
Coup de gueule

Les enseignants se sont levés en masse ( 7 profs sur 10 selon les syndicats, 51 % du primaire et 42 % du secondaire selon le Premier ministre) jeudi 5 décembre pour protéger leurs retraites. Le gouvernement a immédiatement réagi vendredi pour calmer le jeu, mais sans convaincre.

« Pas de baisse des pensions »

« Nous avons dit dès le début que nous nous engagions à ce que les pensions des enseignants ne baissent pas », a affirmé le Premier ministre vendredi. Or, les syndicats enseignants ont évalué les baisses de pensions « entre 300 et 800 euros pour le secondaire, et entre 600 et 900 euros pour le primaire ».

Une baisse qui résultera du nouveau calcul des pensions, qui sera fait sur les vingt-cinq meilleures années au lieu des six derniers mois comme c’était le cas jusqu’à présent. Les profs seront également pénalisés par l’introduction des primes dans le calcul, qui sont peu importantes dans l’éducation nationale.

D’ailleurs, lorsque le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, assure que « les pensions des enseignants ne seront pas inférieures aux pensions des (autres fonctionnaires de) catégorie A comparables », il se garde de dire que les pensions de ces derniers baisseront elles aussi avec la réforme.

Ambiguïté recherchée

Les enseignants reprochent également au gouvernement de volontairement entretenir l’ambiguïté entre revalorisation des salaire et compensation de la baisse des pensions. En effet, l’exécutif assure que la baisse des pensions sera compensée par « la revalorisation progressive de leur traitement », or, le point d’indice, unité de base grâce à laquelle sont établis les salaires, n’a pas été revalorisé depuis neuf ans.

Jean-Michel Blanquer a promis que 400 millions d’euros seraient alloués pour rattraper ce retard, mais selon les syndicats, cette somme ne correspondrait, en moyenne, qu’à 40 euros par mois de salaire en plus, bien loin, donc, des centaines d’euros grevées par la baisse des pensions.

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Politique

Un récent sondage met en avant le fait que 75% des Français souhaitent que les régimes des retraites du public et du privé soient alignés.

C’est un sondage qui intervient à la toute fin du Grand débat dont les premières conclusions se font encore attendre. Le sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour FranceInfo fait état d’un fait marquant : trois quarts des Français sont favorables à l’alignement des retraites du public et du privé. La même enquête d’opinion met par ailleurs en lumière la volonté des Français de mettre un terme aux régimes spéciaux.

Sans surprise, ce projet de réforme – qui doit être bientôt porté à l’Assemblée – est très largement plébiscité par 84% des salariés du privé mais aussi majoritairement par ceux du public (58%). Ce sondage commandé par le gouvernement dans le but de tâter le terrain réserve d’autres surprises : 61% des Français sont pour la rémunération au mérite et 56% sont pour la réduction du nombre de fonctionnaires.

D’un point de vue des forces politiques, le sondage démontre que la réforme envisagée fait consensus : 68% des sympathisants de la France Insoumise et de ceux du Rassemblement national sont pour, 94% chez La République en Marche et les Républicains.

Mais quid de l’image des fonctionnaires? Elle est bonne à en croire les résultats de l’enquête puisque 66% jugent les agents publics compétents et même sympathiques à 56%. Et au menu des idées reçues et autres clichés on trouve le fait que les fonctionnaires ne sont pas « assez travailleurs » pour 61% des sondés, « trop nombreux » pour 57% tandis que 69% estiment qu’ils sont privilégiés.