Afghanistan, renvoi, exilés
International

Malgré la détérioration de la situation en Afghanistan, et l’inexorable avancée des talibans, quelques pays européens refusent de suspendre le renvoi des exilés afghans en situation irrégulière.

«  Besoin urgent d’effectuer des retours  »

« Nous voudrions souligner le besoin urgent d’effectuer des retours, à la fois volontaires et involontaires, vers l’Afghanistan, on fait savoir les ministres des six pays expulseurs (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Grèce, Autriche et Belgique) dans un communiqué. Vu la probabilité que l’Afghanistan continue d’être une source importante de migration irrégulière vers l’UE, nous tenons à souligner l’importance de renvoyer les personnes sans véritable besoin de protection. De plus, l’arrêt des retours envoie un mauvais signal, susceptible de motiver encore plus de citoyens afghans à quitter leur foyer pour l’UE. »

Déléguer l’asile à la Turquie

Bien que l’Allemagne et les Pays-Bas se soient rétractés depuis la publication de ce communiqué, annonçant qu’ils suspendaient les expulsions vers l’Afghanistan, il n’en est rien de la Belgique. Le secrétaire d’État belge à l’Asile et la Migration, Sammy Mahdi, a d’ailleurs insisté sur le fait que «  ces personnes devraient être accueillies dans la région en premier lieu. Il est important que les migrants fuyant la guerre puissent bénéficier d’une protection à proximité. Si nous pouvons faire en sorte que la Turquie soit un pays tiers sûr pour les Afghans, alors c’est un bon moyen de gérer les flux migratoires. Ce que nous avons déjà fait avec l’accord sur la Turquie, c’est offrir une meilleure protection aux Syriens qui demandent l’asile en Turquie. Ils obtiennent alors un statut de réfugié robuste. Au niveau européen, nous devons maintenant voir dans quelle mesure nous pouvons étendre cet accord aux réfugiés afghans. »

Décourager les futurs migrants

Selon le commissaire général belge aux réfugiés et apatrides, Dirk Van den Bulck, « il y a encore des situations où une personne peut retourner. Rien ne permet de dire que chaque personne originaire de Kaboul est dans une situation de risque réel. »

Mais pour le directeur d’Amnesty International Belgique (section francophone) Philippe Hensmans, le gouvernement veut avant tout «  montrer que, même dans la situation la plus grave, la plus difficile qui existe, on renvoie quand même les gens vers leur pays, en espérant que ça serve d’exemple pour d’autres pays. En prenant un exemple aussi radical, on espère décourager toutes les arrivées. »