Depuis quelques semaines, les coursiers motorisés des plateformes comme Uber Eats et Deliveroo sont pris pour cibles par certains élus locaux, et subissent une pression constante de la part des forces de l’ordre. Seule la gauche défend ces livreurs, rappelant qu’« il ne faut pas se tromper de cible ».
Situation « terriblement cynique »
« On se retrouve dans une situation où les livreurs n’ont pas d’alternative : il n’y a pas d’aide, comme pour les VTC, pour ceux qui veulent se mettre en règle. Pourtant, les autorités connaissent cette situation depuis longtemps. Et les grandes villes ne mettent rien en œuvre en matière de mobilité douce pour aider les livreurs, bien au contraire, alors qu’il pourrait y avoir une offre Vélib’ ou Véligo à destination des professionnels, par exemple. Résultat, les livreurs travaillent dans l’illégalité et se font aligner, c’est terriblement cynique, au fond », déplore Jérôme Pimot, porte-parole du Collectif des livreurs autonomes de plateformes.
« Les riverains se trompent de colère et ils rendent encore plus pénibles des conditions de travail déjà déplorables. Quant aux municipalités, elles n’ont aucun mal à sévir, puisque les livreurs vivent dans les villes populaires périphériques, pas là où ils travaillent, donc ils n’y votent pas, souligne Jérôme Pimot. Il y a un an, les livreurs étaient cités parmi les “héros du quotidien” de la pandémie, ceux qui faisaient survivre les restaurants ; aujourd’hui, ils sont présentés comme des coupables de nuisances qu’il faut réprimer. »
Boucs émissaires
« À Paris, la droite et certains élus verts réfléchissent aussi à des sanctions. Bien évidemment, on ne nie pas les nuisances pour les riverains, mais il ne faut pas se tromper de cible, prévient Barbara Gomes, élue communiste et docteure en droit social. Sanctionner les livreurs reviendrait à punir ceux qui subissent en premier lieu cette précarité, et non les plateformes, celles qui, à cause de la baisse constante des tarifs, poussent de plus en plus de travailleurs à se mettre au scooter ».
« En tant qu’employeurs, ce serait aux plateformes de trouver une solution pour que les livreurs continuent de travailler, comme de leur fournir des scooters électriques », suggère Damien Jeanniard, secrétaire général du Syndicat des coursiers autonomes de Loire-Atlantique (Scala).