RN, SMIC
Société

Lors de l’examen à l’Assemblée nationale des premières « mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat », le Rassemblement National a décidé de soutenir le triplement du plafond de la prime Macron, plutôt que l’augmentation du Smic à 1 500 euros proposée par la Nupes.

Raisonnement abracadabrantesque 

Au Rassemblement National on veut que les salaires augmentent vraiment. Une augmentation à 1500 euros ? Ridicule, inutile d’en parler. « On ne peut pas limiter la question du salaire au Smic, avance le député. On ne peut pas avoir un appauvrissement systématique des salaires, parce que si vous passez votre temps à augmenter seulement le Smic, vous avez les classes moyennes qui voient leur pouvoir d’achat stagner depuis maintenant dix à quinze ans. Donc nous, on veut que les salaires augmentent jusqu’à trois fois le Smic, c’est-à-dire à la fois les catégories populaires et les classes moyennes », explique le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy.

« Si vous votez une augmentation unilatérale du Smic, vous avez un risque de boucle inflationniste. Or on sait comment on entre dans une inflation, on ne sait pas comment on en sort », insiste le député. 

Bon vouloir des entreprises

Mais le RN a surtout voté contre la proposition de la Nupes car il veut laisser le choix des augmentations de salaire aux «  petits patrons  », que Marine Le Pen tient absolument à choyer. « Beaucoup de TPE-PME aujourd’hui ne peuvent pas payer cette hausse de salaire toute simple. Le problème d’une hausse générale du Smic, c’est que ça concerne toutes les entreprises, y compris celles qui ont des difficultés avec l’inflation », explique Jean-Philippe Tanguy.

« Surtout en période d’inflation, il faut que ça corresponde à une possibilité pour les entreprises  », ajoute le député. Plutôt qu’une hausse générale, nous préférons «  donner la possibilité aux entreprises d’augmenter tous les salaires dont le montant ne dépasse pas trois fois le Smic sans cotisation sociale ». Autrement dit, laisser le choix aux patrons. 

Le Pen, procès, FN, RN
Société

Ce mercredi 1er septembre s’est ouvert le procès de Jean-Marie Le Pen pour antisémitisme. Les faits remontent à 2014, lorsque l’ancien président du Front national avait déclaré, après que Patrick Bruel ait critiqué son parti  : « Ça ne m’étonne pas. Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois ! »

FN, RN, même combat

« Avec ces déclarations, Jean-Marie Le Pen rappelle ce qu’est le Front national, assurait à l’époque le sociologue Alexandre Dézé.  D’ailleurs, il rassure les militants quant à la radicalité du parti. Marine Le Pen prend position contre son père pour dire qu’au FN, on n’est plus sur cette ligne, mais elle tente de jouer sur les deux tableaux. »

Cette continuité s’est encore vérifiée lors des dernières élections départementales et régionales, quand plusieurs candidats RN se sont vu retirer leur investiture en raison de leur antisémitisme. Le candidat RN de la Creuse, Thierry Morin, est toutefois parvenu à passer entre les mailles du filet et à être élu, après s’être emporté contre «  ces saloperies de migrants de merde ».

La peur, ADN du RN

Et dernièrement (dimanche 29 août), le numéro 2 du RN, Jordan Bardella, a remis sur le tapis la théorie du « grand remplacement », idée selon laquelle «  il y a un basculement démographique qui pourrait faire craindre que la France change de visage dans quelques années et c’est déjà en train d’arriver ». « C’est l’ADN du Rassemblement national. Marine Le Pen souscrit aussi à cette idée, explique le sociologue Sylvain Crépon. Cela lui permet aussi de répondre à la compétition avec Zemmour et ne pas se laisser doubler sur sa droite.   »

Mais selon la philosophe Juliette Grange, le RN n’est pas le seul à blâmer. Aujourd’hui « beaucoup s’extrême-droitisent, repoussant les limites de ce qui est “acceptable” de dire ou de penser. Même le macronisme tente de marcher dans cet espace. Marine Le Pen devient donc légitime. Il est donc plus difficile de dénoncer ses propos, comme il y a vingt ans avec le racisme décomplexé de Jean-Marie Le Pen  ». 

RN, régionales
Politique

Attendu en tête dans de nombreuses régions, le Rassemblement national ne domine en fait quasiment nulle part. En cause, selon le RN, le gouvernement, qui n’a pas suffisamment médiatisé l’élection, et … ses propres électeurs, qui ne sont pas allés voter. 

Faute du gouvernement 

C’est une «  claque partout  », reconnaissait un représentant RN dimanche soir. En attestent les scores du parti dans les régions où il était pourtant très attendu. En Bourgogne-Franche-Comté par exemple, le candidat RN Julien Odoul est battu par la sortante Marie-Guite Dufay (PS). Idem dans le Grand Est, où Laurent Jacobelli est devancé les Républicains, et dans les Hauts-de-France, où Xavier Bertrand l’emporte haut la main. 

Mais selon le vice-président du RN, Jordan Bardella, le mauvais score de son parti est avant tout dû à la mauvaise médiatisation des régionales par le gouvernement. «  Ce scrutin était invisible  », dénonce-t-il. Et son compère de Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul, abonde  : «  Aucune communication, aucun clip gouvernemental, aucune campagne pour inciter à aller voter sur une double élection qui paraissait compliquée et illisible pour bon nombre de nos compatriotes  ».

Responsabilité des électeurs

Mais le vice-président RN a beau chercher des coupables, les chiffres révélés par l’Ifop montrent bien que les électeurs de Marine Le Pen étaient parmi les plus abstinents, à 71 % (contre 75% pour LFI, mais seulement 64% pour LaREM et 48% pour LR).

«  Nos électeurs ne se sont pas déplacés  », a été contrainte de reconnaitre Marine Le Pen, déplorant un  «  désastre civique qui a très largement déformé la réalité électorale du pays et donne une vision trompeuse des forces politiques en présence  ». La présidente du RN est même allée jusqu’à sermonner ses électeurs. «  Dimanche prochain, déplacez-vous et votez !  », a-t-elle commandé à ses troupes. 

RN, Jeanne, procès
Idées

Vendredi 29 novembre au soir s’est achevé le procès pour escroquerie du Rassemblement national et de certains de ses cadres et prestataires, telle la société Riwal. La date du délibéré a été fixée au 24 avril 2020.

Réquisitoire sévère

Le procès « Jeanne », qui a vu comparaître le micro-parti du même nom créé par Marine Le Pen en 2010, mais aussi le Rassemblement national (RN), et, entre autres, la société Riwal, cherche à déterminer si le système de kits de campagnes imaginé par Jean-François Jalkh, trésorier de Jeanne, et proposés par le RN à ses candidats aux élections législatives de 2012, était une escroquerie.

Les kits, comprenant tracts, affiches et site internet pour une valeur de 16 650 euros pièce, étaient fournis par la société Riwal (fondée par Frédéric Chatillon, un ex du GUD) au micro-parti Jeanne, qui les revendait à son tour aux candidats. Or, pour débourser une telle somme, le RN incitait les candidats à emprunter la somme à Jeanne, somme qui serait ensuite remboursée avec intérêts (6,5 %), après remboursement des frais de campagne par l’État.

Le ministère public s’est donc montré intransigeant, comme toujours quand cela touche aux deniers publics, et a fait des réquisitions sévères, mais justes, réclamant, notamment, deux ans de prison ferme pour Châtillon, la dissolution de Jeanne, 500 000 euros d’amende pour le RN, et le remboursement des 11,6 millions d’euros injustement perçus au titre du remboursement des dépenses de campagne des candidats aux élections législatives de 2012.

Elucubrations de la défense

Comme c’était à prévoir, les avocats de la défense ont joué la carte de la victimisation, accusant le parquet de ne « même pas chercher de preuves,  comme si nos clients étaient ontologiquement coupables ». Maître Nikolaï Fakiroff, a même été, lui, jusqu’à accuser les procureurs d’avoir « de mauvaises intentions ». « Vous êtes des juges aux instructions, c’est organique », a-t-il déclaré.

Me François Wagner, avocat de Jean-François Jalkh, a, lui, mis en lumière « trois éléments » pour justifier de la légalité des kits. Il a d’abord expliqué que Jeanne était bel et bien un parti politique, a rappelé ensuite qu’il était légal et admis qu’un parti « prête à ses candidats », tout comme il était normal que le parti leur facture des intérêts.

« Les opposants politiques du FN salivent, attendent d’en faire un tract », a tempêté Me David Dassa-Le Deist, déplorant : « la politique est rentrée dans le prétoire, par la voix de (mon) confrère qui défend les intérêts de l’État ».