Uranium, Russie, Europe
International

Une grande partie de l’uranium utilisé en Europe est d’origine russe. Il est certes transformé en Allemagne, mais son origine ne fait aucun doute, et pourtant son commerce ne fait l’objet d’aucune sanction de la part des autorités européennes.

Subterfuge

Selon une enquête diffusée sur France Info début octobre, 55,4% de l’uranium utilisé en France proviendrait du Kazakhstan et en Ouzbékistan. « Or, ces deux pays ont encore des liens étroits avec la Russie et font enrichir la plupart de leur uranium par le conglomérat nucléaire russe Rosatom. La majorité de cet uranium est livrée à l’Europe via le port de Saint-Pétersbourg, sous la forme d’hexafluorure d’uranium, mais aussi de pastilles »,  précise Heinz Smital, physicien nucléaire également expert pour Greenpeace Allemagne.

L’uranium transite donc par la Russie, avant d’arriver en Allemagne où il est transformé par la filiale d’EDF Framatome. « À la sortie de l’usine Framatome de Lingen, le crayon contient peut-être de l’uranium russe. Mais c’est un produit transformé et fabriqué en Allemagne. C’est donc un crayon nucléaire « allemand » qui est livré en France ou en Suisse », explique l’expert.

Marché opaque

Selon Heinz Smital, le marché de l’uranium est des plus opaque, et nécessiterait par conséquent une surveillance accrue. Des événements louches se produisent, comme par exemple des navires apparaissant là où ils ne devraient pas.

« Sur les écrans radars, ce jeudi matin, le cargo russe Mikhail Dudin et sa cargaison d’uranium étaient toujours à l’ancrage à la pointe nord du Danemark. Nous ne savons pas si le navire a un problème technique ou s’il joue au chat et à la souris. En tout cas, le port de Rotterdam avait affiché son arrivée pour jeudi, à 6h », raconte Alexander Vent, l’un des porte-parole de l’association antinucléaire locale Bündnis AgiEL. « Il serait urgent que l’on discute ouvertement de nos échanges d’uranium avec la Russie », insiste le militant.

TotalEnergies, Russie
EconomieInternationalSociété

Mercredi 27 avril, TotalEnergies a annoncé vouloir se retirer du projet entourant la gigantesque usine de gaz naturel liquéfié Arctic LNG 2, situé sur la péninsule de Gydan, dans le district autonome de Iamalo-Nénétsie.  

« Risques sur les futurs approvisionnements »

Fin mars déjà, TotalEnergies, qui possède actuellement 21,6 % du projet Arctic LNG 2, avait indiqué sa volonté de ne plus s’engager davantage « compte tenu des incertitudes que font peser les sanctions technologiques et financières sur la capacité à réaliser le projet en cours de construction ». 

« Les pays consommateurs et les marchés craignent de possibles risques sur les futurs approvisionnements en pétrole et en gaz, explique Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques). D’autant que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, gardent pour l’instant une feuille de route immuable, comme si la guerre n’existait pas ».

Retrait « cynique »

Les sanctions européennes « font peser des risques supplémentaires sur la capacité d’exécution du projet », a fait savoir TotalEnergies dans un communiqué. Mais pour certains, cette raison purement pécuniaire ne fait pas honneur à l’entreprise. 

« Se contenter d’anticiper dans ses comptes les potentielles conséquences financières d’un retrait d’Arctic LNG 2 est cynique, dénonce Lorette Philippot, représentante des Amis de la Terre. La multinationale doit dès aujourd’hui cesser de soutenir l’effort de guerre de Poutine et renoncer à son mégaprojet gazier en Arctique russe».

Toutefois, un retrait immédiat serait contreproductif, comme le rappelait déjà Total quand le candidat écologiste, Yannick Jadot, l’accusait de « complicité de crimes de guerre ». « Abandonner ces participations sans contrepartie financière contribuerait à enrichir des investisseurs russes », avait alors souligné l’entreprise.

Ukraine, Russie
International

Vendredi 8 avril, les forces russes ont bombardé la gare de Kramatorsk tandis que des centaines de civiles y attendaient un train pour fuir le Dombass. La frappe a fait des centaines de blessés, et 39 personnes ont trouvé la mort (dont 4 enfants).

« Un mal qui n’a pas de limite »

Dans un premier temps, l’Ukrzaliznytsia, la compagnie ferroviaire ukrainienne, a fait état de « deux roquettes tombées sur la gare de Kramatorsk ». Le bilan de la frappe a été révélé quelques heures plus tard, faisant état de dizaines de victimes. « Les fascistes russes ont bombardé la gare de Kramatorsk, 39 morts dont quatre enfants », a fait savoir le porte-parole des services secrets ukrainiens (SBU), Artiom Dekhtiarenko.

« Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C’est un mal qui n’a pas de limite. Et s’il n’est pas puni, il ne s’arrêtera jamais », a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Démenti russe

L’Union européenne a, elle, dénoncé une « attaque aveugle, qui a tué des dizaines de personnes et fait de nombreux blessés ». « Il s’agit d’une nouvelle tentative de fermer les voies d’évacuation pour ceux qui fuient cette guerre injustifiée et de causer des souffrances humaines », a twitté le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell.

Tant d’accusations immédiatement rejetées par Moscou, qui accuse Kiev en retour. « Toutes les déclarations des représentants du régime nationaliste de Kiev sur le fait que la Russie a mené une attaque de missile contre la gare ferroviaire de Kramatorsk sont une provocation et ne correspondent pas à la vérité », a répondu le ministère russe de la Défense, arguant que seule l’Ukraine utilisait le type de missile (Totchka-U) ayant touché la gare.

War crime
International

Plusieurs ONG accusent les forces russes d’avoir commis des crimes de guerre (viols, exécutions sommaires, et utilisation de mines antipersonnel) contre des militaires, mais surtout des civils ukrainiens. 

« Cruauté indicible et délibérée »

Lundi 4 avril, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport faisant état de « cas de violations des lois de la guerre par des forces militaires russes à l’encontre de civils dans les zones sous occupation de Tchernihiv, Kharkiv et Kiev ».

Ces exactions « témoignent d’une cruauté et d’une violence indicibles et délibérées à l’encontre des civils ukrainiens  », insiste HRW, selon qui « les viols, meurtres et autres actes de violence contre des personnes détenues par les forces russes devraient faire l’objet d’enquêtes en tant que crimes de guerre. »

« Des entretiens avec dix personnes, dont des témoins, des victimes et des habitants des territoires occupés par la Russie, en personne ou par téléphone », attestent déjà de la culpabilité russe, poursuit l’ONG.

« Cibler les yeux, le cou et l’entrejambe »

L’ONG Handicap International a pour sa part révélé la présence de mines antipersonnel POM-3 sur le sol ukrainien. « Les mines antipersonnel sont légalement interdites par le traité d’Ottawa depuis 1997. La grande majorité des États du monde en sont membres. Le droit international doit être respecté et toute utilisation de mines antipersonnel par un acteur du conflit doit être condamnée », estime Anne Héry, directrice du plaidoyer chez Handicap International. 

« Toutes les mines antipersonnel sont par nature indiscriminées, mais la POM-3 l’est tout particulièrement en raison de sa capacité à détecter une présence avant que l’on ne marche dessus ou la déstabilise. La projection de ses fragments sur une portée de 16 mètres est spécifiquement conçue pour cibler les yeux, le cou et l’entrejambe », précise Perrine Benoist, directrice de la violence armée chez Handicap International. 

entreprises françaises
EconomieInternational

Alors que les pressions contre les entreprises françaises implantées en Russie (Renault, Auchan , Leroy Merlin, Sanofi, …) se multiplient pour qu’elles quittent le pays, il apparaît que leur situation n’est pas si simple, et que bien plus que leur réputation est en jeu. 

« Engagements contractuels »

« Les entreprises françaises doivent quitter le marché russe. Renault, Auchan et Leroy Merlin doivent cesser d’être les sponsors de la machine de guerre en Russie », réclame le président ukrainien Volodymyr Zelensky depuis mercredi dernier, clamant haut et fort que « les valeurs valent plus que les bénéfices ». 

Des demandes légitimes mais pas si faciles à mettre en œuvre, comme l’explique le spécialiste des investissements internationaux, Michel Noiry. « La guerre vient percuter des stratégies industrielles et commerciales. Quitter complètement le marché du jour au lendemain est très complexe, car ces entreprises ont des engagements contractuels en Russie. Si elles ferment leurs filiales très rapidement, leurs investissements et leur chiffre d’affaires s’évaporent. Cela implique de consentir à des pertes très importantes, à hauteur des investissements qui ont été réalisés », affirme l’expert, fondateur du cabinet de conseil Origa.

Pas de franchises 

Michel Noiry explique également que les difficultés des entreprises françaises viennent du fait qu’elles ne sont pas franchisées, et surtout qu’elles ont d’ores et déjà effectué des investissements massifs en Russie.  

« La situation de la plupart des entreprises françaises en Russie n’a pas grand-chose à voir avec celle de McDonald’s, qui fonctionne avec des franchises. Pour quitter le pays, McDonald’s n’a qu’à obliger ses franchisés à fermer, en leur laissant le soin de gérer seules la casse sociale », illustre le spécialiste. 

« Les entreprises qui font de la distribution avec un réseau léger ont beaucoup plus de facilité à quitter rapidement un marché. Elles y perdent des plumes, mais beaucoup moins que certaines sociétés françaises qui sont implantées depuis des dizaines d’années et ont fait des investissements très conséquents », ajoute-t-il.

Total, Russie, Jadot
InternationalSociété

Après que le candidat d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Yannick Jadot, ait accusé Total de crime de guerre en raison de ses liens avec la Russie, le PDG du géant français des hydrocarbures, Patrick Pouyanné, lui a répondu mercredi 23  mars sur RTL.

« C’est une insulte »

Les attaques du candidat écologiste ont commencé début mars, lorsque ce dernier reprochait à Total d’être « le complice de Poutine et des bombardements de la population civile ». Des accusations réitérées plusieurs fois depuis, et pour la dernière le mercredi 16  mars, sur France 2. « Total participe à alimenter les recettes de Poutine et à financer la guerre. Total a été massivement soutenu par Emmanuel Macron à l’époque. Total est complice de crimes de guerre », avait assené Yannick Jadot, exigeant « le retrait (de Total) de Russie».

« Quand monsieur Jadot accuse les 100 000 salariés de Total de complicité de crime de guerre, c’est gravissime, c’est une insulte », s’est donc emporté Patrick Pouyanné mercredi sur RTL. « J’ai ici la photo de deux personnes, ce sont deux soldats ukrainiens, ce sont des salariés de TotalEnergies. Ce sont les deux héros de notre entreprise aujourd’hui », a-t-il ensuite souligné.

« Monsieur Jadot passe son temps à dire du mal de notre entreprise. Ce que j’observe c’est que ça le fait baisser dans les sondages. Il ferait mieux de s’occuper de sa campagne et d’arrêter de nous insulter», a finalement taclé le PDG.

Impossible de se passer du gaz russe

Et alors que Total a d’ores et déjà prévenu qu’il stopperait toute importation de gaz russe d’ici la fin de l’année, Patrick Pouyanné a rappelé qu’il ne pouvait en être de même pour le gaz. « Je sais remplacer ce pétrole et ce diesel » russes, mais « le gaz, je ne sais pas le faire. Si je décide d’arrêter d’importer du gaz russe, je ne sais pas le remplacer, je n’en ai pas de disponible. J’ai des contrats de 25 ans et je ne sais pas sortir de ces contrats », s’est défendu le PDG.

« Mes concurrents continuent de prendre le gaz russe parce qu’on a des contrats long terme et qu’on ne sait pas les arrêter, sauf si les gouvernements décident de sanctions qui font qu’on peut utiliser la force majeure. Si j’arrête le gaz russe, je paye des milliards immédiatement aux Russes », explique-t-il.

Facebook, Instagram, Russie
InternationalSociété

Lundi 21 mars, sur avis des services de renseignement et de sécurité, la justice russe a banni les deux principaux réseaux de Meta, Facebook et Instagram, pour « activité extrémiste ». Google pourrait être le prochain sur la liste. 

Meta condamné

« Les activités de Meta (maison mère de Facebook et Instagram) sont dirigées contre la Russie et ses forces armées. Nous demandons son interdiction et l’obligation d’appliquer cette mesure immédiatement », a réclamé un porte-parole du FSB (service de renseignement intérieur) lors de l’audience. Une demande également reprise par le parquet, qui dénonçait lui des « signes manifestes d’activité extrémiste », dont notamment des « appels illégaux au meurtre de ressortissants russes ».

« Dans le cadre de la guerre en Ukraine, le groupe Meta permet aux utilisateurs des réseaux sociaux Facebook et Instagram d’appeler à la violence contre les Russes et les soldats russes », révélait en effet le site Reuters la semaine passée.

« Nous accédons à la requête du Parquet d’interdire les activités de la compagnie Meta », a donc décidé lundi la juge en charge de cette affaire. Le troisième réseau majeur de Meta, WhatsApp, n’est pour l’heure pas concerné par ce bannissement, mais selon le site Numérama, « rien ne dit que cette autorisation perdurera, car il s’agit bien du groupe entier qui a été déclaré ‘extrémiste’. De même, rien n’a été annoncé pour Occulus, une autre entreprise appartenant à Meta ».

Google en ligne de mire

Vendredi 18 mars, le régulateur russe Roskomnadzor s’en est également pris à Google, accusant son service vidéo YoTtube d’activités « terroristes ». 

« Les activités de l’administration de YouTube sont de nature terroriste et menacent la vie et la santé des citoyens russes» , a déclaré Roskomnadzor, affirmant que les utilisateurs de YouTube « diffusent des publicités avec des appels à mettre hors service les communications ferroviaires de la Russie et de la Biélorussie »

Russie, OTAN
International

Lundi 18 octobre, la Russie a annoncé suspendre sa mission de représentation auprès de l’OTAN et celle de l’OTAN à Moscou. Cette décision fait suite au retrait par l’Alliance des accréditations de huit diplomates russes soupçonnés d’être des « agents de renseignement russes non déclarés ».

« Activités malveillantes de la Russie »

Mercredi 6 octobre, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a annoncé le retrait des accréditations de huit officiels russes accusés d’espionnage. Cette mesure est la dernière en date d’une série de restrictions initiées en 2014 suite à l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie, puis alourdies en 2018 suite à l’empoisonnement de Sergueï Skripal au Royaume-Uni.

« Les relations entre l’Otan et la Russie sont à leur point le plus bas depuis la fin de la guerre froide. Et c’est à cause du comportement russe. Nous avons vu une augmentation des activités malveillantes de la Russie en particulier en Europe et donc nous devons agir. Nous sommes prêts à nous impliquer dans un dialogue significatif avec la Russie », déclarait Jens Stoltenberg début octobre. 

L’Otan « n’est pas intéressée par un travail d’égal à égal »

Il aura donc fallu douze jours au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour réagir à la décision de l’Alliance, et annoncer la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de la mission russe auprès de l’Otan, ainsi que la fin des activités de l’Alliance à Moscou. 

« À la suite de certaines mesures prises par l’Otan, les conditions de base pour un travail en commun ne sont plus là », a fait savoir le ministre. L’Otan « n’est pas intéressée par un dialogue et un travail d’égal à égal », elle « a déjà fortement réduit les contacts avec notre mission, et du côté militaire, il n’y a eu aucun contact » depuis 2014. Dans ces conditions, « nous ne voyons pas la nécessité de prétendre qu’un quelconque changement soit possible dans un avenir prévisible », a conclu monsieur Lavrov.

OTAN, Russie, Arctique
International

De mercredi 19 à jeudi 20 mai s’est tenue à Reykjavik une réunion du Conseil de l’Arctique, une assemblée d’états septentrionaux frontaliers de l’arctique (Russie, États-Unis, Canada, Danemark, Suède, Norvège, Finlande et Islande) tous soucieux du regain de tensions dans cette zone. 

Importante activité militaire russe

«   Nous voyons des critiques sur le fait que la Russie développe son activité militaire dans l’Arctique. Mais il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire, nous répondons de la sécurité de notre littoral et tout ce que nous faisons là-bas est parfaitement légal et légitime », a déclaré sans ambages le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, lundi 17 mai. 

Plus précisément, cette activité militaire russe se caractérise par le déploiement de batteries antiaériennes S-400 dans le nord de la Sibérie, et par l’apparition de sous-marins nucléaires émergents de la glace non loin du pôle. « L’objectif était  de montrer : “N’essayez pas de maîtriser les mers du Nord. Nous sommes ici depuis longtemps” », avait à cette occasion déclaré l’amiral Viktor Kravchenko. C’est « un signal adressé à nos amis étrangers, les Américains ».

L’OTAN n’est pas en reste  

Mi-avril, la Norvège et les Etats-Unis ont signé un accord autorisant les USA à construire trois bases aériennes et une base navale en Norvège, faisant du pays la « tête de pont des États-Unis dans l’Arctique », selon l’amiral russe Aleksander Moiseyev.

Le Danemark compte également mettre la main à la poche, en investissant 200 millions d’euros dans un système de surveillance novateur composé de drones couvrant ses territoires du nord, le Groenland et les îles Féroé

En 2022, la Norvège accueillera d’ailleurs les manœuvres « Cold Response 2022 » (« réponse froide 2022 »), dans la zone des îles Lofoten, à 600  km seulement de la base de sous-marins russes de Mourmansk. 40 000 militaires et des dizaines de navires y participeront, faisant de ces manœuvres le plus grand déploiement occidental dans la zone depuis la fin de la guerre froide.

Spoutnik V, Russie, Union européenne
InternationalSociété

Le vaccin produit par l’institut Gamaleya de Moscou est entré dans la procédure d’homologation du régulateur européen début mars, et devrait être autorisé sur le marché européen en juin. 

91,6 % d’efficacité

Malgré des débuts plutôt opaques (les chercheurs russes ayant tenu secret la plupart de leurs résultats) le voile a été levé début février sur l’ensemble des travaux entourant Spoutnik V. La revue scientifique britannique The Lancet en a ainsi fait l’un des vaccins les plus efficaces, avec un taux de réussite de 91,6 %. Le vaccin russe est donc, sur le papier du moins, tout à fait capable de rivaliser avec ses rivaux américains de Pfizer et Moderna. 

A ce titre, la Hongrie a décidé d’agir de son propre chef en commençant à administrer, grâce à une procédure d’approbation en urgence, les 400 000 doses de Spoutnik V qu’elle avait en sa possession (ainsi que les 550 000 doses de Sinopharm, le vaccin chinois). « L’autorisation en urgence, c’est comme jouer à la roulette russe »,  a prévenu Christa Wirthumer-Hoche, de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA).

Difficultés de production

Mais plus que son approbation sur les marchés, c’est la production du vaccin qui pose problème à Moscou. En effet, pour l’instant 10,5 millions de doses seulement ont été produites, et la Russie cherche désespérément des partenaire pour produire le Spoutnik V.

Suite à la publication dans The Lancet, Angela Merkel a immédiatement proposé l’aide de l’Allemagne, tout comme l’Italie, où le laboratoire suisse Adienne devrait commencé à le produire en juillet sur son site de Lombardie. Le groupe italien ReiThera envisagerait également de collaborer avec Gamaleya pour fabriquer le Spoutnik V. 

En France, par contre, la production du vaccin russe semble peu probable. « Je ne vois pas Sanofi se lancer là-dedans car on va déjà travailler pour  Pfizer  et Johnson & Johnson, et en plus, il y a une dimension géopolitique dans laquelle le groupe va rechigner à mettre les doigts », explique Fabien Mallet, de la CGT Sanofi.