http://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/rupture-de-contrats/article/la-rupture-conventionnelle-collective
Politique

A peine officialisée par la signature des ordonnances de la loi travail, la procédure de rupture conventionnelle collective est sur le point d’être lancée par plusieurs grandes entreprises.

La rupture conventionnelle individuelle, on connaît déjà. La procédure permet à un salarié et un employeur de se mettre d’accord sur les modalités d’un départ volontaire sans qu’un motif économique ne soit avancé. La formule cartonne même depuis son instauration en 2008. Mais la rupture conventionnelle collective cette fois est nouvelle.

Instaurée par les ordonnances de la loi travail, cette nouvelle mesure permet à un employeur d’alléger sa masse salariale beaucoup plus facilement qu’auparavant. Il doit néanmoins passer un accord majoritaire avec les syndicats pour qu’elle soit validée. L’employeur n’aura plus à justifier sa décision pour des raisons économiques, sa volonté suffit pour lancer la procédure. Une façon ultra flexible et ultra libérale de dégager de la bonne vieille marge nette pour les grands groupes qui veulent chouchouter leurs actionnaires. Et une façon ultra rapide pour les salariés de se retrouver sur le carreau.

Reste (tout de même) quelques petites contraintes pour l’employeur qui aura (tout de même) comme (légère) obligation de négocier avec les syndicats le nombre maximal de départs envisagés, les conditions pour qu’un salarié entre dans le dispositif et les indemnités de départ versées.

Les grands groupes adorent déjà la mesure

Avec autant de souplesse et de facilité dans la procédure, la rupture conventionnelle collective fait déjà un tabac. Le hit de l’année. Les soldes avant l’heure. Noël qui continue.

L’enseigne de prêt-à-porter Pimkie a déjà lancé la procédure en fin d’année 2017, suivie de près par l’automobiliste PSA qui a annoncé qu’il entamerait lui aussi des négociations avec les syndicats. Le magazine « Les Inrocks », fidèle à son esprit rebelle, compte bien dégraisser son staff de cette manière. Et le dernier en date, la Société Générale, y voit par là certainement l’une des meilleures nouvelles de son histoire depuis que Kerviel a porté le chapeau à sa place. Les 3 000 licenciements économiques du groupe bancaire pourraient en fait être requalifiés en départs volontaires dans ce cadre.

Société générale, licenciements
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En réponse à une mutation du secteur mais aussi pour dégager plus de profits, la Société Générale a annoncé la suppression de 900 postes d’ici 2020. 

Les clients se rendent de moins en moins au guichet physique de leurs banques, préférant réaliser la majeure partie des opérations à distance, via Internet ou par téléphone. Cette baisse soudaine de fréquentation entraîne une mutation des grands établissements bancaires qui se retrouvent selon leurs dires en sureffectif.

Aussi, toutes les banques prévoient la fermeture d’au moins 25% de leurs bureaux. Les suppressions de postes suivent en conséquence. La Société Générale vient d’annoncer que le groupe allait supprimer 900 postes d’ici 2020 afin de réorganiser son activité mais surtout dans le but d’afficher de meilleurs résultats financiers qui seront fébrilement présentés par la direction aux tout-puissants actionnaires.

Mais la réalité est autre. Car en 2016 déjà, la Société Générale avait enclenché une première vague de licenciements, et non des moindres puisque 2 500 personnes se sont retrouvées sur le carreau. Avec ce nouveau round d’allègement de la masse salariale comme il est coutume de le dire dans certaines sphères, ce seront près de 3 500 personnes qui seront rapidement sans emploi.

Toujours les mêmes arguments économiques

Le DG de Société Générale, Frédéric Oudéa, voit le bon côté des choses tout en oubliant par la même occasion que l’on parle d’hommes et de femmes et non de chiffres : « Notre ambition est ainsi de générer une croissance supérieure, rentable, et durable ». Car l’homme s’est engagé sur un plan d’économie d’1 milliard d’euros sur trois ans, sur une augmentation du chiffre d’affaires de plus de 3% et sur une hausse de son bénéfice net à 6,50€ net par action.

Alors pour soigner ses comptes, la Société Générale active le levier classique et cynique de la réduction du coût humain. Mais que l’on se rassure, d’ici peu de temps, les actionnaires du groupe pourront toucher de juteux dividendes.