InternationalPolitique

Un groupe armé d’extrême droite a été démantelé alors qu’il s’apprêtait à prendre pour cible des musulmans et des hommes politiques

Au total 12 hommes ont été arrêtés par la police allemande. On les soupçonne d’avoir cherché à former une organisation terroriste. Cette dernière devait avoir pour objectif de mener des attaques contre des politiciens, des demandeurs d’asile et de musulmans. Le Bureau du Procureur Fédéral (GBA) faisait également partie des cibles. Le noyau dur du groupe était composé de quatre hommes arrêtés vendredi dernier. Ils étaient également en contact avec les autres membres par des forums, par téléphone et groupes de discussions.

L’Allemagne victime de l’extrême droite

Les huit autres hommes ont été arrêté car ils sont soupçonné d’avoir soutenu le groupe par des envois d’armes et d’argent. Selon le GBA : « Le but de l’organisation était de créer un chaos visant à ébranler et finalement à détruire le système démocratique et la cohésion sociale dans la République fédérale ». Ils cherchaient spécifiquement à créer une atmosphère de peur suffisant pour ressembler à une guerre civile. Les cibles n’étaient pas encore clairement nommée mais les premières attaques devaient viser des personnalités politiques et des musulmans.

Des nouvelles mesures ont été prises suite à la recrudescence d’attentats d’extrême droite dans les pays. Le meurtre d’un homme politique pro-immigration, l’attaque contre la synagogue et le kebab de Halle ont secoué le pays. De nouvelles lois visant à mieux contrôler les armes à feu et les discours racistes en ligne ont été mis en place. Selon les services de sécurité allemand le pays compte 24 100 « extrémistes d’extrême droite ». La moitié d’entre eux sont potentiellement violent. Le climat semble se tendre en Allemagne, notamment depuis l’alliance d’un parti de gouvernement et du groupe d’extrême droite AfD pour remporter une élection locale. Selon le gouvernement 9 000 attaques ont été menées par l’extrême droite dans le premier semestre de 2019 ; 1000 de plus qu’à la même période l’année d’avant.

Coup de gueuleInternational

Le père d’une des victimes de l’attaque du Pont de Londres condamne la récupération politique « ignoble » de Boris Johnson

Le fils de David Merritt, Jack, est une des deux personnes tuées par le terroriste Usman Khan. Ceci ne l’a pas empêché de s’attaquer vertement au premier ministre et à Priti Patel. Ces derniers tentent de se servir de cette attaque pour renforcer les outils de répression policière. David Merritt a été on ne peut plus clair ; « N’utilisez par la mort de mon fils pour promouvoir votre ignoble propagande. Jack luttait contre tout ce que vous représentez ».

Un partisan de la réhabilitation

Jack Merrit, 25 ans, travaillait pour le programme de réhabilitation « Apprendre ensemble ». Ce programme vise à aider les anciens détenus à réintégrer la communauté. Suite à cette attaque les conservateurs britanniques ont appelé à renforcer les lois antiterroristes et à fermer les frontières. Ils vont également s’en prendre aux personnes déjà condamnées pour terrorisme. Pour David Merritt, l’utilisation de l’image de son fils et de sa mort à cette fin va à l’encontre de l’engagement politique et social de son fils ; « Il était un défenseur passionné de la réhabilitation et de la justice transformatrice ».

David Merritt a partagé plusieurs tweets allant dans ce sens, notamment ceux du journaliste de gauche Ash Sarkar. Ce dernier en appelait à la population pour pointer les incohérences de la récupération politique de droite. Quelques heures après l’attaque ayant causé la mort de son fils et de Saskia Jones, Merritt avait déjà posté que son fils ; « ne voudrait pas que sa mort soit utilisée comme prétexte à imposer des peines draconiennes ou à emprisonner inutilement des gens ». Malheureusement il semble que Boris Johnson soit plus intéressé par ses gains politiques que par les volontés des victimes et leurs familles.

IdéesInternational

Le terrorisme d’extrême droite aurait augmenté de 320 % en 4 ans selon le rapport de l’Institut pour l’économie et la paix

Ce rapport annuel souligne que malgré la baisse du nombre de morts du fait du terrorisme, de plus en plus de pays sont touchés par la violence. L’Index Global du Terrorisme de 2019 montre bien que malgré la baisse du nombre d’attaque et de dégâts le problème a seulement changé de forme. Ainsi, les activités terroristes restent un problème majeur, en particulier le terrorisme d’extrême droite qui est en augmentation.

Un terrorisme longtemps ignoré

Le nombre de mort du terrorisme a baissé de 15,2 % entre 2017 et 2018, soit un total de 15 952 morts. Il s’agit de la quatrième année consécutive de baisse du nombre de morts ; 52 % de moins depuis 2014. Malgré tout 71 pays recensent au moins un mort du terrorisme en 2018. De plus l’amélioration de la situation en Europe s’accompagne de l’augmentation du terrorisme d’extrême droite.

Les agence de renseignement et de sécurité d’Europe de l’ouest se sont largement concentrées sur le terrorisme islamiste ces deux dernières décennies. Ceci a eu pour effet d’ignorer l’accroissement des menaces de l’extrême droite. Le nombre de morts de l’extrême droite a augmenté de 52 % dans la région en 2018. Cette tendance semble se confirmer en 2019 avec 77 meurtres d’extrême droite. Si on observe les États-Unis, tous les morts du terrorisme en 2018 viennent d’organisations ou d’individus d’extrême droite.

Un terrorisme favorisé par le contexte politique

Malgré des protestations le président Donald Trump a pourtant coupé les financements d’organisations visant à stopper la radicalisation des jeunes blancs. Ceci n’a rien de surprenant quand ont voit les appels du pied du président aux suprémacistes blancs ou quand on observe son entourage. Le terrorisme d’extrême droite représentait peu de cas auparavant ce qui explique cette augmentation dramatique de 320 % entre 2014 et 2018.

La plupart des morts ont eu lieu au Canada et aux États-Unis ; l’accès aux armes à feux est sans doute un facteur important. Si la plupart des terroristes n’appartiennent pas à un groupe précis ce serait une erreur de les considérer comme isolés. Ces individus se sont radicalisés dans des réseaux bien précis même si ils ont agi seul. Il semble que cette tendance ne soit pas près de disparaître. Par ailleurs il faut souligner que ce n’est pas un hasard si ce retour du terrorisme d’extrême droite se joue au moment de la présidence Trump. L’extrême droite est déjà au pouvoir dans le pays le plus puissant de la planète ; ceci ne peut qu’encourager les terroristes plus radicaux à travers le monde.

EconomieInternationalPolitique

Fléau régional, le terrorisme semble s’implanter en profondeur au Sahel, entrainant dans son sillage son lot de morts violentes et de déstabilisations politiques. La misère sociale engendrée par les violences terroristes favorise la radicalisation de la partie la plus démunie de la population. Rares sont les pays qui ont réussi, ces dernières années, à enrayer ce cercle vicieux. La Mauritanie en fait partie. Aucun acte terroriste n’y est à déplorer depuis plus de quatre ans, malgré la situation géographique sensible du pays, frontalier du Mali et de l’Algérie. Une exception qui mérite qu’on s’y intéresse.

 Le Sahel en proie au chaos

Depuis le printemps arabe, malgré d’importants progrès en matière de démocratie en Tunisie, la tendance en Afrique du Nord a été à l’expansion incontrôlable des réseaux terroristes. D’après un rapport publié par le think tank américain Potomac Institute et l’Inter-University Center on Terrorism Studies (IUCTS) en février dernier, la poussée en 2014 des groupes Daech et d’Al Qaeda a fait augmenter le nombre d’attentats terroristes en Afrique du Nord et au Sahel de 25% par rapport à 2013. Les affrontements entre des autorités fragilisées par des divisions ethnico-tribales et des groupes djihadistes sont en train de s’enraciner dans cette région du monde.

Plus généralement, le Sahel est largement devenu une zone de non-droit et une voie de transit qui permet aux réseaux terroristes de se ravitailler en hommes, munitions et matériel. Attaques multiples en Tunisie et en Lybie, meurtre d’un Français en Algérie, bombe en soute en Egypte, attentat contre l’hôtel Radisson Blu au Mali, regain de moyens pour Boko Haram, qui frappe maintenant le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Nigeria, autant de signes que la contagion djihadiste n’a de cesse de s’étendre. Depuis les attaques du 11 septembre 2001, la région a connu une augmentation de 800% des attaques terroristes. Pour la seule année 2014, il y a eu 289 nouveaux attentats encouragés par l’instabilité des Etats africains.

Non seulement le décompte des victimes est tragique, mais ces attaques terroristes ont infligé de grandes souffrances pour les économies locales. Le déclin sans précédent de l’économie libyenne en atteste. La baisse sensible du tourisme en Tunisie – un des principaux secteurs de l’économie locale – après les attentats également. Et la crise alimente la crise. La pauvreté, la misère sociale et le taux élevé de chômage et de sous-emploi, particulièrement chez les jeunes, facilitent le recrutement terroriste et l’insécurité.

La stratégie Mohamed Ould Abdel Aziz

Face à la montée du terrorisme au Sahel, la Mauritanie semble faire figure d’exception. Pourtant, le pays dans son histoire récente n’a pas été épargné : en 2003, le groupe terroriste algérien GSPC avait attaqué une unité militaire mauritanienne à Lemghayti, 15 soldats avaient trouvé la mort à Lemgheity en 2005 et trois attaques ont eu lieu en 2007. La première avaient coûté la vie à quatre touristes français abattus froidement dans la rue le 24 décembre 2007, et l’armée nationale affrontait, deux jours plus tard, un groupe armé se réclamant d’Al-Qaïda au Maghreb, à Al-Ghallawouiya. Un mois après, l’ambassade d’Israël était à son tour attaquée par des assaillants armés. La situation se retourna néanmoins avec l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz qui a su déployer une stratégie transversale et volontariste, grâce à laquelle le terrorisme a proprement été mis à la porte du pays. La Mauritanie est aujourd’hui le seul État maghrébin qui ne compte pas une seule branche déclarée d’Al Qaïda.

Porté au pouvoir le 6 août 2008 par un soulèvement, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, 58 ans, démissionne de l’armée quelques mois plus tard pour se faire élire, le 18 juillet 2009, à la tête de la Mauritanie. Dès son arrivée, il se montre intraitable avec les terroristes. Interrogé par le Point, il explique sa méthode : « Nous avons eu deux approches simultanées. La première, sécuritaire, en réorganisant nos forces armées. Nous les avons adaptées à la menace terroriste qui n’a rien d’une guerre classique. Nous avons créé des unités rapides d’intervention, augmenté les moyens du renseignement et contrôlé les entrées et les sorties du pays. Les terroristes venaient du Mali, nous attaquaient et y retournaient. Nous avons créé une zone tampon entre les deux pays, au nord de la Mauritanie. »

Mais il insiste sur la nécessité d’une double approche, avec un aspect plus intellectuel : « Des terroristes ont été condamnés et emprisonnés. Nous avons choisi de « déradicaliser » ceux qui n’avaient pas de sang sur les mains. Nous les avons fait discuter avec des gens de religion, des oulémas. Trente-six d’entre eux ont été relâchés et seuls deux sont repartis dans les rangs d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique installé au nord du Mali). » « C’est un message fort en direction des groupes armés terroristes, dans un contexte régional et mondial trouble, un signal fort qui prouve la maîtrise par la Mauritanie de son territoire, même dans ses zones les plus difficiles », développe le spécialiste mauritanien, Mohamed Fall Ould Oumeire. Mais la réponse s’est aussi jouée sur le plan régional par la mise en place d’une coopération étroite avec les pays voisins.

La plupart des dirigeants du Maghreb, de l’Afrique, de l’Europe et des États- Unis s’accordent en effet sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l’insécurité et du crime organisé, insistant sur une coopération étroite des pays du Maghreb et du Sahel. Le Mali et la Mauritanie ont ainsi conclu il y a un an un accord pour renforcer leur coopération contre les groupes armés terroristes qui historiquement se servaient de la région comme base arrière. Ils ont également prévu de « renforcer la coopération entre leurs forces armées et de sécurité à travers des rencontres périodiques, l’échange régulier d’informations et la concertation étroite » entre leurs armées. Un exemple à suivre pour tous les autres pays de la région.

Politique

Le mercredi 25 mars, le président de la commission des lois Jean-Jacques Urvoas s’est déclaré défavorable au rétablissement de « l’indignité nationale ».

Cette éventualité a été évoquée pour enrichir l’arsenal de mesures antiterroristes. L’UMP a proposé de rétablir une sanction qui permet d’exclure symboliquement de la communauté les Français convaincus de terrorisme. Manuel Valls a demandé aux présidents des lois de l’assemblé nationale et du sénat de plancher sur cette éventualité. Les conclusions de  Jean-Jacques Urvoas sont sans appel, les effets peuvent aller à rebours du but recherché.  Par exemple, une confirmation glorieuse de la non-appartenance à la communauté nationale, ou alimenter aussi la martyrologie djihadiste. Le rapport préfère vanter un projet de loi sur le renseignement, qui sera examiné le 13 avril prochain à l’Assemblée.

Également mandaté pour plancher sur le sujet, le sénateur UMP Philippe Bas a estimé que l’indignité n’était pas au cœur de la prévention et de la répression du terrorisme. Il confirme la division de l’UMP à propos de ce sujet.

Le crime d’indignité nationale a été introduit dans le code pénal en 1944, il s’agissait alors de punir les Français ayant collaboré avec le régime nazi. Cela entraîne une privation des droits civiques, notamment le droit de voter, d’exercer toute une série de profession, etc… Elle a été abrogée en 1951.

Crédit photo : Philippe Grangeaud Solfé Communications

Politique

Nombreux sont les hommages rendus aux victimes de l’attentat au siège de Charlie l’Hebdo qui s’est déroulé la semaine dernière. En effet, depuis le drame, les manifestations et mobilisations dans les nombreuses villes de France se sont succédé ; la Marche républicaine qui s’est déroulée à Paris a été la plus spectaculaire de ce siècle.

Les rues menant à la Place de la République à Paris était noir de monde le dimanche 11 janvier, date choisie pour une marche silencieuse pour rendre hommage aux victimes de l’attentat ainsi qu’aux morts causés par la poursuite des terroristes. Au total, plus de 3,5 millions de personnes ont manifesté dans toute la France, avec près de la moitié rien que dans la capitale.

Aucun débordement, aucun incident n’a été signalé pendant cette marche symbolique, tout le monde était « Charlie ». Par ailleurs ; 44 Chefs d’État, premiers ministres et représentants officiels étaient en tête de cortège dont le Président de la République François Hollande et son prédécesseur Nicolas Sarkozy, de quoi faire de ce moment, une vraie marche historique, quoi que cette présence politique très soulignée ne fut pas saluée par tout le monde.

Heureusement que cela n’a en rien gâché ce formidable témoignage de solidarité et de lutte contre le terrorisme.