Politique

Ce qui devait être une mesure phare de la réforme de la santé de Marisol Touraine a été retoquée par le Conseil Constitutionnel. La ministre tente de minimiser.

Le tiers payant généralisé était le point majeur de la réforme de la santé, une mesure permettant à la totalité des Français de ne pas avancer un centime d’euros pour une consultation chez un médecin généraliste par exemple. Une idée permettant à la fois d’apporter une égalité de soin à tous et de l’autre de désengorger les services d’urgences des hôpitaux en incitant à se rendre chez son médecin pour des pépins de santé bénins. Mais les médecins craignaient de n’être payés qu’avec beaucoup de retard par l’Assurance Maladie d’un côté et les mutuelles complémentaires de l’autre. Un mouvement de grogne s’en est suivi et il semblerait qu’il ait porté ses fruits.

Le Conseil Constitutionnel dit « non »

Avançant comme argument principal que le « législateur n’a pas suffisamment encadré ce dispositif », le Conseil Constitutionnel a retoqué la généralisation du tiers payant. Le Conseil des sages a tranché : tiers payant généralisé sur la partie assurance maladie « oui », mais sur la partie complémentaire « non ».  La mesure de Touraine devient de facto bancale. Toutefois la ministre minimise cette fin de non-recevoir en arguant que certaines personnes pour autant pourront tout de même bénéficier du tiers payant généralisé : les femmes enceintes, les bénéficiaires de la CMU et les patients atteints de longues maladie. Un pas en avant et deux pas en arrière.

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Tandis que la généralisation du tiers-payant apparaît comme une vraie avancée sociale de gauche, tous les syndicats de médecins font bloc contre la réforme de Marisol Touraine. En cause, la lourdeur de l’administration qui mettrait à mal leur activité.

Permettre à tous les citoyens d’avoir une égalité de soins, donner la possibilité à quiconque de se rendre chez le médecin sans avoir à avancer les frais de la consultation…La généralisation du tiers-payant permettrait cette belle avancée sociale. Finie la médecine à deux vitesses, terminées les patients qui refusent de se faire soigner car les soins sont devenus trop chers. Le tiers-payant serait une avancée significative dans un processus social égalitaire et solidaire. Seulement, c’est sa mise en œuvre qui est décriée. Et c’est ce qui crispent les médecins libéraux. Quitte à mettre en place un mouvement social très suivi depuis vendredi 13 novembre.

La nécessité d’établir un dialogue

La grogne des médecins provient du fait qu’ils craignent que la lenteur et la lourdeur de l’appareil administratif entraînent d’une part un « flicage » et d’autre part beaucoup de retard dans le paiement de leurs actes. Un dialogue entre le Ministère de la Santé et les représentants syndicaux devient urgent car la généralisation du tiers-payant, qui n’est pas la seule mesure de la réforme mais une des plus marquantes, serait réellement bénéfique à la société. Patrick Pelloux, le médecin urgentiste et également syndicaliste engagé, s’est d’ailleurs récemment prononcé totalement en faveur de la réforme du tiers-payant. Reste à mettre en place des discussions qui permettront à chacun d’y trouver son compte.

Coup de gueule

Le projet de loi Touraine fait encore et toujours parler de lui. En effet, les réformes prévues par le projet en question ne font pas l’unanimité chez les médecins, causant par exemple la grève qui a pris place à Roanne ce lundi, parti pour durer trois jours environ.

La majorité des cabinets médicaux de Roanne a fermé ces portes à partir de ce lundi. En effet, l’appel à la grève lancée contre le projet de loi a atteint quasiment la majorité de ceux basés à Roanne. Résultat, seuls deux des cabinets sur place sont restés ouverts, les cinquante autres ayant fermé leurs portes pour participer à la mobilisation.

Pour les médecins de Roanne, ce ne sont pas tellement les questions de tarifs qui inquiètent, mais bien « l’évolution catastrophique de la démographie médicale » en France, mais spécialement dans leur localité. En effet, la loi de réorganisation imposée cause la peur au sein des médecins généralistes qui sont déjà saturés à Roanne. La loi du tiers payant reste également au cœur des préoccupations dans le secteur, ils recherchent avant tout les meilleures conditions de travail possible pour qu’ils puissent s’acquitter de leurs tâches correctement. La loi arrive quand les difficultés se font ressentir chez eux avec un effectif bien réduit, encore accablé par le départ en retraite de deux médecins à la fin de l’année.

Coup de gueulePolitique

Quelques centaines de médecins appartenant au secteur privé ont décidé de manifester aujourd’hui à Lyon en guise de contestation contre le projet de loi Marisol. Selon eux, ce projet conduirait à une perte d’indépendance des médecins dans le privé ainsi qu’à une étatisation du système de santé.

Plus de 400 médecins travaillant dans le secteur privé ont manifesté à Lyon dans la journée de lundi pour montrer leur aversion à propos du projet de loi de la Ministre Marisol Touraine. Selon eux, ces mesures vont conduire à la fin de la médecine libérale. Si le tiers payant passe, toujours selon eux, ils seront ainsi à la merci des assurances tout en voyant cela comme une fuite de l’état face aux besoins des bénéficiaires de la sécurité sociale, laissant ainsi le terrain aux mutuelles.

Étant principalement des chirurgiens, ils ont donc manifesté en tenue hospitalière, que ce soit blouse blanche ou bleu, mais des infirmiers faisaient également partie de la manifestation. Ainsi, pour marquer leurs mouvements, ils ont décidé de déposer un cercueil vide à un carrefour non loin de l’ARS avec comme inscription dessus « médecine libérale ». Ils l’ont ensuite rempli avec des feuilles de soin en finissant par le brulé, tous agenouillés autour.

Coup de gueulePolitique

En guise de protestation contre le projet de loi Marisol, médecins généralistes et spécialistes ont entamé depuis le 23 décembre une grève qui devrait durer jusqu’à la fin de l’année. Et les choses vont en s’amplifiant jusque-là car de plus en plus de grévistes viennent se rallier à la cause.

Une des mesures qui cause le litige entre la ministre de la santé et les médecins reste la généralisation du tiers payant. Selon la Ministre Marisol Touraine, chaque personne devrait pouvoir consulter son médecin sans aucune appréhension même en la présence des difficultés financières. Les médecins s’inquiètent ainsi des garanties de paiement. En  outre, les grévistes demandent une hausse du prix des consultations, mais la ministre assure que le projet de loi ne porte en aucun cas sur les rémunérations.

La majorité des médecins étant en grève, l’inquiétude des malades reste ainsi dans les priorités en cette fin d’année, période parfois critique. Ainsi, en cas de besoin les médecins pourront être réquisitionnés pour prodiguer les soins nécessaires aux patients. Jusque là, tout est encore calme dans les hôpitaux, aucune augmentation des cas d’urgence n’a été enregistrée.  Le projet de loi devra ainsi passer au vote au mois d’avril 2015 ; pendant qu’un autre appel à manifestation pour le 5 et le 6 janvier prochain a été lancé avec la fermeture des cabinets pour les médecins libéraux !