Total, Russie, Jadot
InternationalSociété

Après que le candidat d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Yannick Jadot, ait accusé Total de crime de guerre en raison de ses liens avec la Russie, le PDG du géant français des hydrocarbures, Patrick Pouyanné, lui a répondu mercredi 23  mars sur RTL.

« C’est une insulte »

Les attaques du candidat écologiste ont commencé début mars, lorsque ce dernier reprochait à Total d’être « le complice de Poutine et des bombardements de la population civile ». Des accusations réitérées plusieurs fois depuis, et pour la dernière le mercredi 16  mars, sur France 2. « Total participe à alimenter les recettes de Poutine et à financer la guerre. Total a été massivement soutenu par Emmanuel Macron à l’époque. Total est complice de crimes de guerre », avait assené Yannick Jadot, exigeant « le retrait (de Total) de Russie».

« Quand monsieur Jadot accuse les 100 000 salariés de Total de complicité de crime de guerre, c’est gravissime, c’est une insulte », s’est donc emporté Patrick Pouyanné mercredi sur RTL. « J’ai ici la photo de deux personnes, ce sont deux soldats ukrainiens, ce sont des salariés de TotalEnergies. Ce sont les deux héros de notre entreprise aujourd’hui », a-t-il ensuite souligné.

« Monsieur Jadot passe son temps à dire du mal de notre entreprise. Ce que j’observe c’est que ça le fait baisser dans les sondages. Il ferait mieux de s’occuper de sa campagne et d’arrêter de nous insulter», a finalement taclé le PDG.

Impossible de se passer du gaz russe

Et alors que Total a d’ores et déjà prévenu qu’il stopperait toute importation de gaz russe d’ici la fin de l’année, Patrick Pouyanné a rappelé qu’il ne pouvait en être de même pour le gaz. « Je sais remplacer ce pétrole et ce diesel » russes, mais « le gaz, je ne sais pas le faire. Si je décide d’arrêter d’importer du gaz russe, je ne sais pas le remplacer, je n’en ai pas de disponible. J’ai des contrats de 25 ans et je ne sais pas sortir de ces contrats », s’est défendu le PDG.

« Mes concurrents continuent de prendre le gaz russe parce qu’on a des contrats long terme et qu’on ne sait pas les arrêter, sauf si les gouvernements décident de sanctions qui font qu’on peut utiliser la force majeure. Si j’arrête le gaz russe, je paye des milliards immédiatement aux Russes », explique-t-il.

AZF, Total, condamnation
Idées

Mardi 17 décembre, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Total et confirmé de façon définitive sa condamnation pour « fautes de négligence et de non-respect des règles de sécurité » ayant entraîné l’explosion en 2001 de l’usine AZF à Toulouse.

« C’est un soulagement, une victoire »

La Cour de cassation a rejeté mardi le pourvoi de l’ex-directeur de l’usine, Serge Biechlin, et de son propriétaire, la société Grande Paroisse, sous-filiale du groupe Total, confirmant le jugement d’appel qui les reconnaissait coupables de « fautes de négligence et de non-respect des règles de sécurité ». Monsieur Biechlin a été condamné à quinze mois de prison avec sursis, et la société Grande Paroisse à payer 225 000 euros d’amende.

Pour Jackie Vitry, dont le fils a été tué dans l’explosion, « c’est un soulagement, une victoire », de connaître enfin les causes et les responsables de la mort de son enfant.

« Enterrer ses morts dans le mensonge, ça vous poursuit. Pour accéder à un certain apaisement, il faut la vérité », ajoute Me Stella Bisseuil. « Au-delà de la faiblesse des condamnations, il y a condamnation, ce que Total ne supporte pas », surenchérit un militant de l’association Plus jamais ça.

Fausses pistes et diversions

L’explosion du 21 septembre 2001 (10 jours donc après les attentats du 11 septembre), entendue dans un rayon de 50 kilomètres et ayant provoqué la mort de 31 personnes, est la plus grande catastrophe industrielle survenue en France depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les causes probables de la catastrophe sont assez vite établies, et les faits avérés : un ouvrier a déchargé des dérivés chlorés dans le hangar 221, sur des tas d’ammonitrates. Un mélange détonnant. Pourtant il faudra 7 ans à l’instruction ( qui constituera un dossier de 109 tonnes) pour démêler le vrai du faux, et se frayer un chemin parmi les fausses pistes et diversions élaborées par Total pour se dédouaner de toute responsabilité dans l’affaire.

Total, dividendes
IdéesPolitique

Mardi 24 septembre, suite à une réunion des investisseurs se tenant à New York, le géant français du pétrole et du gaz a annoncé qu’il comptait augmenter de 5 à 6 % par an les dividendes pour ses actionnaires.

Les 3% annuels ne suffisent pas 

Total, qui augmentait jusqu’à maintenant les dividendes de 3% par an, a décidé de les accroître encore davantage, en se donnant comme objectif une augmentation de 5  % ou 6  %.  «  La mise en œuvre de sa stratégie de croissance durable et rentable dans le pétrole et le gaz donnent une visibilité accrue sur le futur du groupe  », s’est contenté d’écrire le groupe dans un communiqué.

«  Ces décisions traduisent la confiance du conseil d’administration dans la capacité du groupe à assurer une croissance rentable et durable dans les années à venir  », répète le communiqué, Total n’hésitant pas à ressortir cette formule de «  croissance rentable et durable  » à tort et à travers.

Bénéfices colossaux

Les investisseurs de Total font pression pour augmenter les dividendes, et accroître encore les investissements. Il espèrent ainsi financer les projets les plus rentables, au détriment des projets durables, et, bien sûr, de la situation des employés.

Total va donc céder pour 5 milliards de dollars (4,5  milliards d’euros) d’actifs d’ici fin 2020, et investir ce nouveau capital dans des projets à bas coût. Mais plutôt que de chercher toujours la rentabilité, le groupe devrait se tourner vers le durable, d’autant que l’entreprise française croule sous les bénéfices. Total a en effet réalisé 8,6 milliards d’euros de bénéfice net en 2017, 11,4 milliards en 2018, et cette année, malgré les fluctuations sur le prix du baril, il a enregistré un bénéfice de 5 milliards d’euros pour le premier semestre. 

Et comble de la provocation, le géant français a fait son annonce à quelques mètres seulement du siège de l’ONU, où se tenait le sommet pour le climat lors duquel le secrétaire général, Antonio Guterres, et la jeune militante écologiste suédoise, Greta Thunberg, ont exhorté les gouvernements à «  cesser de subventionner l’industrie mourante des énergies fossiles  ».

Politique

L’énergéticien français poursuit son développement dans les ENR via l’acquisition de plusieurs structures en Chine et aux USA.

C’est par la biais de son fonds d’investissement Total Energy Ventures que le groupe énergétique français traditionnellement connu pour le pétrole et le gaz vient d’entrer au capital d’United Wind. Cette société américaine développe des projets de mini-éoliennes (de 10 à 100 kw) destinées à de petites entreprises essentiellement rurales ou des particuliers américains. La compagnie créée en 2013 à New-York propose une formule attractive pour ses clients : un leasing permet de s’équiper sans aucune mise de fonds initiale, pour un montage qui inclut également la maintenance du matériel.

Et si Total se penche en particulier sur ce qui semble être une « petite » entreprise du secteur, c’est en raison du fait qu’United Wind se déploie à présent en dehors de son ancrage local : Colorado, Kansas et Minnesota notamment. Une entreprise en plein essor donc sur un secteur marchand qui l’est tout autant. Par la même occasion, Total concrétise un peu plus encore son ambition de devenir l’un des tous premiers leaders mondiaux dans la génération d’électricité d’origine renouvelable. Son précédent mouvement de rapprochement avec de grandes structures de l’éolien en Chine va d’ailleurs dans ce sens.

Politique

Deuxième plus grand chantier industriel de France, le terminal méthanier de Dunkerque dynamise l’activité économique de la région Nord Pas-de-Calais depuis plus de quatre ans. Un projet à dimension européenne, évalué à plus d’un milliard d’euros, bienvenu dans une région fortement touchée par la crise et le chômage. Pourtant, des critiques sur les conditions de travail des salariés détachés font régulièrement surface. Après le FN et la CGT, elles ont été portées ce 22 mars par les équipes de l’émission de France 2 Cash Investigation, présentée par Elise Lucet. Avec une bonne dose de courage mais aussi, malheureusement, de sensationnalisme et d’approximations.

Un chantier d’envergure européenne

Dirigé par la société Dunkerque LNG, filiale du groupe EDF, de l’opérateur gazier belge Fluxys et du groupe Total, le chantier du terminal méthanier en cours depuis 2012 sur le grand port de Dunkerque se retrouve de nouveau sous le feu des critiques. Un temps attaqué par le Front national et la CGT pour avoir eu recours à des entreprises sous-traitantes étrangères, Dunkerque LNG est aujourd’hui mise en cause par certains médias sur la problématique du travail détaché. 

Rappelons tout d’abord ici, pour mieux appréhender les enjeux, l’objectif global de ce nouveau terminal méthanier dont la mise en service devrait intervenir en 2016. Pensé dans un contexte de forte dépendance de l’Europe aux importations de gaz naturel hors de l’Union européenne, ce terminal comporte une dimension stratégique européenne déterminante via l’ouverture d’une source d’approvisionnement flexible en énergie primaire, et l’amélioration significative de la concurrence sur le marché de la fourniture de gaz. Cette dimension stratégique fait de ce projet énergétique un projet européen soumis aux lois fixées par la directive de l’UE interdisant les quotas nationaux ou locaux en matière d’appels d’offres. 

Il semble donc parfaitement normal que des entreprises étrangères européennes participent à la mise en concurrence organisée par l’exploitant, et remportent à l’occasion certains marchés. D’autant que, comme le précise le président de Dunkerque LNG Marc Girard dans Cash Investigation, pour certains de ces marchés aucune entreprise française ne s’était positionnée. Ce fût le cas, par exemple, sur l’appel d’offres « montage mécanique » attribué au consortium italien IREM-SICES, mis en cause par les journalistes de Cash Investigation

Au final, sur les 850 marchés de sous-traitance attribués sur le chantier depuis 2012, près de 59% le sont à des entreprises locales et régionales, 29% le sont à des entreprises nationales, et 12% à des entreprises étrangères. 

Le travail détaché : une dénonciation polémique pour des cas de fraude isolés 

Une fois sélectionnées, ces entreprises étrangères envoient légalement leur personnel en mission sur le chantier en question, et répondent dans ce cadre, non plus au droit de leur pays d’origine mais au droit du pays de destination. Tous les travailleurs du chantier de Dunkerque, quelle que soit leur nationalité, doivent donc être traités de la même manière et soumis aux mêmes règles : celles du droit français en matière de rémunération, d’égalité professionnelle, de durée du travail ou de conditions de travail. 

Dans ce cadre, l’exploitant a pour mission de veiller au respect de la loi, via l’apposition d’une mention dans les contrats initiaux et le rappel régulier de la législation du travail aux entreprises (temps de travail, repos hebdomadaires, congés, retour régulier dans le pays d’origine). Or, si les fraudes peuvent exister à l’initiative des sous-traitants eux-mêmes, aucune irrégularité n’a à ce jour mis en cause le maître d’ouvrage Dunkerque LNG. 

Le reportage de Cash Investigation ne porte en effet que sur cette seule entreprise italienne (soit une quinzaine de travailleurs sur plus des 8000 qui se sont succédés sur le chantier depuis 2012), déjà suspectée d’irrégularités par l’Inspection du travail et sur laquelle l’enquête suit son cours, en collaboration avec Dunkerque LNG. Curieusement d’ailleurs, Cash investigation a présenté des pièces liées à l’instruction, auxquelles le maître d’ouvrage n’a pas accès puisque ne faisant pas l’objet de l’enquête.

Rien de nouveau sous le soleil donc, si ce n’est une volonté farouche des médias de mettre à jour des liens de responsabilités bien souvent inexistants. 

D’autre part, si le cas des travailleurs en question est bel et bien suspect en raison de rémunérations insuffisantes et d’amplitudes horaires trop élevées, il convient d’éviter toutes conclusions hâtives et de laisser les autorités compétentes (Inspection du travail et Police aux frontières) faire leur travail. Un salaire plus faible que la limite légale peut interpeller, mais il est bien souvent le résultat, dans la réalité, de retenues salariales opérées, en toute légalité, par l’employeur pour le logement ou le transport. 

Un minimum de fact checking permet donc de remettre en question l’investigation (l’instruction ?) à charge de l’émission de France 2. S’il est louable de chercher à mettre en évidence les dysfonctionnements qui heurtent le droit, il semble dommage de le faire par le petit bout de la lorgnette, jetant l’opprobre, sur la base d’éléments discutables, sur l’ensemble d’un chantier dont les retombées sont par ailleurs considérables et bénéfiques pour le tissu économique local, comme national et européen. 

Politique

PORT METHANIER DUNKERQUE

A la suite du démantèlement des services publics de l’énergie, les groupes EDF et GDF Suez ont scindés leurs activités. Aujourd’hui avec la hausse du gaz dans le mix électrique français, cette distinction est partiellement remise en cause. En effet, avec l’objectif d’alimenter des centrales à gaz, l’électricien développe des projets pour assurer son approvisionnement en hydrocarbures. Encore une fois la réalité vient mettre à mal la vision archétypale des technocrates bruxellois.

Répondre aux besoins de la population

Aujourd’hui la « La hausse des tarifs de l’électricité attaque la facture des Français », c’est notamment pour endiguer ce phénomène qu’EDF a souhaité diversifier ses sources de production d’électricité. Avec le chantier du méthanier d’importation de Dunkerque, l’énergéticien espère limiter la hausse de ses coûts et empêcher de nouvelles augmentations de la facture des ménages. D’après les estimations du groupe, les nouvelles capacités acquises par le lancement de ces trois réservoirs supplémentaires de 190 000 m 3 pourraient suffire à alimenter près de 20 % de la population Franco-Belge.

Le projet de Dunkerque LNG

Plusieurs entreprises ont souhaitées participer au financement et à la réalisation du projet, on retrouve notamment dans le consortium Dunkerque LNG, EDF (65%), la compagnie Belge Fluxys (25%), et Total (10%). Pour réussir la pose du dôme, le groupement à fait appelle à des spécialistes du BRP, Vinci et Bouygues ont ainsi permis d’élever la structure de 700 tonnes et 90 mètres de diamètre à plus de 35 mètres de hauteur, dans utiliser la moindre grue. Jusqu’à présent 3 autres méthaniers étaient en fonctionnement. Situés en Loire-Atlantique et dans les Bouches-du-Rhône ils étaient tous la propriété de GDF Suez. Désormais malgré la spécialisation des deux entités, on s’aperçoit de manière assez évidente que leurs métiers, quoique différents, poussent aux synergies.