Coup de gueulePolitique

L’ONG allemande Food Watch qui s’est spécialisée dans la lutte contre les fraudes alimentaires, a récemment mis en cause cinq produits de marques françaises. Si les industriels concernés ne changeront pas pour autant leurs recettes, cette ONG se bat avant tout pour plus de transparence.

C’est à la suite d’une campagne inédite en France que l’organisation Food Watch a dénoncé des irrégularités sur cinq produits de consommation courante et lancé du même coup une pétition conte le distributeur E. Leclerc.

Ces produits présentaient selon l’ONG des affirmations et des étiquettes mensongères destinées à induire les consommateurs en erreur. Parmi les produits cités, on retrouve des filets de dinde «à l’étouffée» E. Leclerc, une vinaigrette «aux tomates séchées» Puget, des yaourts bio «aux fruits» de la marque Vrai, des raviolis «au jambon cru et parmesan» Lustucru et une soupe en sachet «au boeuf et aux carottes» de Maggi.

Si Food Watch a bien tenté de contacter les groupes industriels à l’origine de ces produits pour obtenir de plus amples informations, la réponse est généralement la même, à savoir, comme le précise Ingrid Kragl, directrice de l’information de Food Watch France, qu’«aucune loi ne contraint les fabricants à la transparence».

Contesté pour des tranches de filet de dinde 100% qui  ne contiennent en réalité que 84% de viande, le reste étant composé d’eau, d’additifs et de sels, le fabriquant Leclerc a affirmé que son produit correspondait tout à fait au code de bonnes pratiques mis en œuvre par l’industrie et validé par la DGCCRF, le service de répression des fraudes. Pour cela, Food Watch a lancé sa première pétition sur le territoire français à l’encontre du président du groupe, Michel-Edouard Leclerc.

Crédits photo : Magnus Manske

Thomas Livingston

Coup de gueule

tente_pour_sdf_a_Paris_photo_aleske.jpg Le 18 juin 2012, Cécile Duflot commençait son mandat en tant que ministre de l’Egalité des territoires et du Logement. En décembre 2012, elle promettait monts et merveilles, notamment la réquisition de logements vacants pour les plus démunis en période hivernale. En ce décembre 2013, rien n’a changé. Et la loi Alur, autre grand chantier de la ministre, chapeaute l’échec global avec une certaine majesté : les locataires finissent perdants et les syndics, plus ou moins contraints à plus de transparence, ne vont pas tous se plier aux nouvelles règles.

Le cabinet Immo G consulting a publié une étude en novembre dont les conclusions font frémir les plus démunis en Ile-de-France. 300 000 logements manquent pour équilibrer le marché, mais la région compte 7 millions de mètres carrés de bureaux vides, mobilisables immédiatement. Un paradoxe rageant quand on s’intéresse aux chiffres du mal-logement en France.

Plus de 3 Français sur 4 estiment qu’il est désormais difficile de se loger ; en Ile-de-France ce sont plus de 9 Franciliens sur 10 qui partagent cette opinion. Une estimation étayée par des chiffres alarmants : dans 37 % des cas les demandes d’hébergement des sans-abri ne sont pas satisfaites à Paris dévoile le dernier baromètre du 115, le numéro d’urgence du SAMU social de Paris. Et le nombre de demandes ne cesse d’augmenter en particulier de la part de personnes seules.

Dossier du mal-logement : toujours sous la pile

Le Gouvernement s’est engagé à prendre des mesures pour remédier à une situation que l’on peut bien qualifier d’intolérable. L’année dernière, le 8 décembre 2012, Cécile Duflot promettait qu’elle allait procéder à la réquisition de logements vacants pour loger les plus démunis en période de grand froid. La ministre avait même promis des réquisitions « dans les jours qui viennent. »

Un an plus tard, aucun bâtiment réquisitionné. Des procédures sont en cours en Ile-de-France dixit le ministère. Les 390 personnes « sans chez soi » dénombrées par le collectif « Les morts dans la rue » en 2012, sûrement plus nombreux en 2013, apprécieront. Pour justifier cet échec patent, le cabinet de Cécile Duflot n’a pas peur d’utiliser des arguments de poids : « L’objectif n’a jamais été la réquisition pour la réquisition. Le but, c’est que les propriétaires remettent sur le marché, le plus rapidement possible, un maximum de logements. » Plutôt léger comme explication.

Les locataires : les grands perdants des remaniements de la loi

La ministre aurait pu se rattraper avec la loi Alur qui prévoyait quelques garanties pour les locataires. Mais là encore, le texte initial a subi quelques accrocs. Lutte Ouvrière ne cache pas sa déception devant la dernière mouture du projet qui « va surtout permettre aux propriétaires de continuer à percevoir les loyers, en laissant à l’État le soin de faire payer les locataires défaillants ».

La nouvelle version du texte donne notamment la possibilité pour les propriétaires de choisir entre la GUL, induisant la prise en charge sociale du locataire en cas d’impayé, et un dispositif de caution. Pour le CNL, il est clair que les propriétaires « continueront d’utiliser le mécanisme de la caution et la GUL ne répondra pas à son objectif initial, favoriser l’accès au logement pour tous ».

Des syndics plus réglementés ?

Si l’on devait résumer, ce texte avantage finalement tout le monde sauf les locataires. Certains syndics eux aussi, a qui l’UFC-Que Choisir a reproché des pratiques de tarification abusives sur le dos des copropriétaires, se voient épargnés dans une certaine mesure. Le compte séparé sera la règle, excepté pour les copropriétés de moins de 15 lots principaux (hors caves et parkings). Or, c’est à la seule condition d’un compte séparé que les copropriétaires peuvent avoir une véritable visibilité sur leur trésorerie. Les plus éthiques ont décidé d’inclure l’ouverture d’un compte séparé dans leurs offres d’options à la carte.

Bravo madame Duflot, jamais ministre n’aura aussi mal porté son titre. Vous avez réussi à prouver en un an seulement que vous étiez bel et bien la ministre de l’Inégalité des territoires et du Logement.