La cour supérieure de justice de San Francisco vient de prendre une décision imposant aux deux géants du secteur, Uber et Lyft, de traiter leurs chauffeurs comme des salariés et non plus comme des autoentrepreneurs.
« Les chauffeurs ne veulent pas être des employés »
Ce verdict du juge Schulman, si sévère soit-il, est loin de faire plier les deux multinationales, qui comptent bien faire appel, estimant que cette décision va à l’encontre de l’intérêt des chauffeurs.
« Les chauffeurs ne veulent pas être des employés, point final », a fermement répondu Lyft dans un communiqué, tandis qu’Uber s’est servi d’un sondage réalisé durant la crise sanitaire du Covid-19 pour démontrer qu’« une énorme majorité » de ses chauffeurs ne voulaient pas être salariés.
Le combat des géants du VTC continue d’ailleurs hors des tribunaux. Ils ont en effet débloqué 95 millions d’euros pour financer une campagne visant à obtenir un référendum d’abrogation du cadre juridique nouvellement établie en Californie.
« Arguments bidon »
Selon le procureur de la Californie, Xavier Becerra, Uber et Lyft ont été « percés à jour » par cette décision, et leur défense se résume à une suite d’« arguments bidon ». « Quel travailleur ne veut pas de congés maladie ? Quel travailleur ne veut pas d’assurance-chômage en pleine crise de Covid-19 ? Quel travailleur ne veut pas être payé pour ses heures supplémentaires s’il travaille 60 heures par semaine ou 12 heures par jour ? », ironise-t-il, collant parfaitement à l’esprit de la décision.
« Si nous acceptions ce raisonnement, la majorité des industries qui reposent sur la technologie pour gagner rapidement des parts de marché pourraient, impunément, priver des légions de travailleurs des protections de base qui leur sont dues », estimait en effet le juge Schulman en rendant son verdict.