Hidalgo gare du Nord
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Surprise ! Après l’avoir soutenu en se pinçant le nez, la Mairie de Paris retourne sa veste et s’oppose désormais au projet de rénovation de la Gare du Nord, qui prévoit de transformer la gare en gigantesque centre commercial. Le revirement de la mairie de Paris sur ce dossier renforce malgré tout celles et ceux qui se sont engagés depuis plusieurs mois dans la lutte contre ce projet inique. À l’Élysée et à la préfecture, la crainte de voir une ZAD fleurir sur les pavés de la capitale commence à donner des nuits blanches à certains.

 La mairie de Paris s’encanaillerait-elle ? Dans les couloirs feutrés de la municipalité, on s’oppose désormais officiellement au projet délirant de rénovation de la Gare du Nord. Après avoir été cul et chemise avec l’Élysée, avec la préfecture et avec la famille Mulliez sur ce dossier, la municipalité appelle désormais « à reconsidérer le projet en profondeur pour le rendre viable et acceptable ». « Je suis catastrophé par la décision du gouvernement d’accorder le permis de construire. C’est une grave faute politique », déclare même l’ancien maire adjoint en charge de l’urbanisme, Jean-Louis Missika, selon qui « ce projet de la famille Mulliez et du groupe Auchan finira aux poubelles de l’histoire ».

Alors que les premiers coups de pelles du chantier ont débuté le 20 juillet dernier, la Mairie de Paris a sorti la sulfateuse dans la presse pour critiquer un projet qu’elle soutenait encore il y a quelques mois. Interviewé, le premier adjoint Emmanuel Grégoire, s’est lâché en déclamant que « le gouvernement vient de s’inventer un nouveau Notre-Dame-des-Landes en plein Paris » et lui souhaitant « beaucoup de courage sur le plan politique et juridique ».

Un retournement qui n’est peut-être pas tout à fait désintéressé : il se murmure qu’Anne Hidalgo couve des ambitions présidentielles et autour d’elle, ses partisans préparent un « storytelling » (comme ils disent) efficace, censé transformer la meilleure copine des grands patrons en candidate idéale de la gauche.

On connaissait Anne Hidalgo en reine du « greenwhasing » quand elle plante des potagers urbains tout en déroulant le tapis rouge aux industriels polluants. On connaissait Anne Hidalgo en reine du « pinkwashing », quand elle réduit la lutte LGBT aux passages piétons couleur en arc-en-ciel. On découvre désormais Anne Hidalgo en « leftwashing », quand elle se réveille un matin en zadiste révoltée contre la marchandisation de notre société.

Mais ne boudons pas notre plaisir : avec le soutien politique et juridique de la mairie de Paris, les collectifs engagés contre ce projet ont désormais un allié de poids pour bloquer ce chantier de rénovation. Un projet indéfendable, puisqu’il prévoit tout simplement de remplacer l’actuelle gare par un véritable « mall » à l’américaine. Des galeries marchandes qui doivent permettre de rentabiliser le passage des milliers de voyageurs quotidiens, à qui on imposera désormais une étape « conso » entre le « métro-boulot-dodo ». À moyen terme, c’est bien la gentrification du quartier et la chasse aux catégories populaires du nord de la capitale qui sont visées, en aseptisant le 10e arrondissement et en attirant les classes aisées avec leurs boutiques favorites.

Une opération très lucrative pour la famille Mulliez et son groupe Ceetrus : le montage juridique prévoit en effet que SNCF Gares & Connexions ne détienne que 34 % des parts de la société, 66 % revenant à Ceetrus qui s’arrogera, de plus, l’exclusivité de l’exploitation commerciale de l’ensemble pendant quelque 46 années. La gare du Nord fait ici figure d’archétype du capitalisme carnassier : après avoir laissé la gare se dégrader, en passant la SNCF à la lessiveuse de l’austérité budgétaire, l’État confie au privé le soin de « rétablir la situation », lui permettant au passage de réaliser d’importants bénéfices. Une mécanique bien rôdée que l’on connaît par cœur puisqu’elle est à l’œuvre sous tous les gouvernements français depuis 20 ans, des caisses de retraite aux autoroutes, en passant par les aéroports et l’énergie.

Pour la déclaration de guerre que ce projet de rénovation représente contre les catégories populaires du Nord-est parisien et comme symbole de la marchandisation de la société et du rapt des derniers fleurons nationaux par des acteurs privés, il faut bloquer à tout prix ce chantier de la gare du Nord. Une Zone à Défendre à quelques kilomètres à vol d’oiseau de beaux quartiers et de l’Élysée serait un désastre pour la communication d’Emmanuel Macron à quelques mois de l’élection présidentielle. En voilà une bonne idée !

Société

Les gendarmes ont expulsé la «libre commune de l’Amassada » dans le cadre de la lutte contre un méga-transformateur électrique

L’opération a débutée mardi dernier à 5h30 à Saint-Victor-et-Melvieu dans l’Aveyron. Les militants résidaient sur place depuis 4 ans. Ils s’opposent au projet d’implantation d’un méga-transformateur électrique porté par RTE (Réseau de Transport d’Electricité).

Des rumeurs rapportaient que l’expulsion était imminente depuis plusieurs jours. La veille de l’opération d’importants mouvements d’unités de gardes mobiles ont été signalé sur le Larzac, à Millau et St Rome de Tarn, commune voisine de Saint-Victor.

Les habitants du village et des membres de la confédération paysanne sont arrivés en renfort pour soutenir la ZAD. La solidarité locale est importante ; des familles ont proposé de loger les zadistes et le maire a ouvert la salle des fêtes pour accueillir les soutiens.

Énergie renouvelable et capitalisme

Lors de l’opération les forces de l’ordre se sont servit de deux blindés pour aider à repousser la centaine de militant présents derrière les barricades. Des personnes se sont retranchées sur les toits pour ralentir l’opération mais sans succès. On rapporte pour l’instant deux interpellations. Les machines ont détruit les lieux dès l’expulsion effectuée.

Pour rappel ce projet de méga-transformateur est commandité par RTE, une filiale d’EDF. Le but est de relier les installations d’énergie renouvelables de la région. En effet près d’un millier d’éoliennes sont en projet dans la région. Ce méga-transformateur indique bien la volonté d’exporter cette énergie. Il s’agit de créer un surplus d’énergie à même d’être vendu et non de réduire la part du nucléaire dans la production d’énergie française.